L’État entrepreneurial est une chimère

“L’État entrepreneurial” est un concept popularisé par l’économiste Mariana Mazzucato dans un livre éponyme. Celui-ci se veut une réaction à la rhétorique courante selon laquelle un État bureaucratique et inepte s’oppose à un monde entrepreneurial dynamique. Au contraire, Mazzucato prétend que la plupart des innovations actuelles, de l’iPhone aux biotechs en passant par Internet, sont dues à l’action de l’État. Sa conclusion est claire: l’État est l’innovateur le plus important pour résoudre les grands problèmes de ce monde, et c’est un concept d’avenir si les politiques ont le courage de le défendre. Pourtant, si l’idée est séduisante, Mazzucato joue sur les mots et tord l’histoire économique pour défendre une chimère.

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Innovation: Et si les lubies de riches étaient utiles après tout?

Que fait un riche quand il s’ennuie? Il se lance dans un projet d’innovation. Conquérir Mars, traverser l’Atlantique, prolonger la vie humaine, inventer une intelligence artificielle fondamentale, créer un robot, etc. Expression de l’ego de leurs promoteurs, ces projets sont souvent jugés inutiles et qualifiés de lubies, c’est-à-dire d’envie capricieuse et déraisonnable. Mais est-ce si sûr? Et si les lubies d’aujourd’hui étaient les innovations utiles de demain? Et s’il fallait se garder de porter un jugement moral à la fois sur ce qui se fait (inutile!) et sur ceux qui le font (les riches et leurs caprices)?

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“On n’a pas le choix” ou la démission du stratège

L’importance des ruptures auxquelles nous sommes parfois soumis, et le côté impératif de certaines d’entre elles, peut nous empêcher de penser sereinement et nous amener à conclure que nous n’avons pas le choix de telle ou telle action. C’est pourtant faux. On peut même arguer que plus la rupture est importante, plus la crise est pressante, plus le stratège doit éviter de tomber dans le piège de la voie unique. Les organisations qui survivent aux crises sont en effet celles qui, précisément, trouvent une réponse originale et créative aux défis auxquels elles sont confrontées. “On n’a pas le choix”, c’est la démission du stratège.

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Entrepreneurs, votre idée ne vaut rien… ou presque!

Le monde de l’entrepreneuriat est obsédé par l’idée géniale. Cette obsession se traduit par une conception du processus dans lequel la création d’une entreprise nécessite une grande idée, qui va être ensuite mise en œuvre dans une phase dite d’exécution. S’en suivent des concours d’idées dans les entreprises, des séminaires d’idéation (sic!), et autres activités sans intérêt mais ludiques. En fait, l’idée de départ ne compte pas… ou quasiment pas. Mais alors comment fait-on pour lancer un business original?

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Pourquoi votre entité innovation de rupture n’a aucune chance

Le besoin des entreprises de répondre aux nombreuses ruptures de leur environnement les amène souvent à créer une entité spécifiquement consacrée à cette question. Le nom peut varier, mais ces entités innovation rencontrent très souvent le même problème: leurs belles idées ne donnent pas grand-chose sur le marché, quand elles atteignent cette étape. Comme souvent, cela tient à la façon dont elles sont conçues et au modèle qui sous-tend leur activité.

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Innovation: les modèles mentaux erronés de la distinction entre exploration et exploitation

La façon dont nous formulons un problème, c’est-à-dire notre modèle mental, détermine notre capacité à le résoudre. Le mauvais modèle mental nous enferme, tandis que le bon ouvre des possibles. Un bon exemple est celui qui distingue, dans le domaine de l’innovation, l’exploration de l’exploitation. Cette distinction est aujourd’hui universelle et semble évidente mais, comme souvent, elle est contestable, sans compter qu’elle a été sortie de son contexte et appliquée à des domaines où elle n’est pas pertinente. Il est temps de cesser de penser l’innovation sur cette base.

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Et si la ressource la plus importante était la créativité humaine?

Vivons-nous dans un monde fini? Le simple fait de poser la question suscite parfois des réactions indignées tant la réponse semble évidente. Pourtant, la question des ressources naturelles et de leurs limites est complexe. Une façon utile d’y réfléchir, sans pour autant prétendre la régler, est de considérer le monde entrepreneurial. Cela nous permet de développer une approche plus nuancée, et moins pessimiste, de la question.

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Entrepreneuriat et action humaine: pourquoi le prix reçu par la chercheuse Saras Sarasvathy est important

Saras Sarasvathy, à l’origine de la théorie entrepreneuriale de l’effectuation, vient de recevoir le prestigieux prix suédois “Global Award for Entrepreneurship Research”. Organisé depuis 1996 par la Swedish Foundation for Small Business Research (FSF) et la Swedish Agency for Economic and Regional Growth, le prix récompense les chercheurs ayant apporté une contribution majeure à la recherche en entrepreneuriat. Elle rejoint ainsi de grands chercheurs comme Sidney Winter, Shaker Zahra, Kathleen Eisenhardt, Scott Shane, Israel Kirzner, William Gartner, William Beaumol ou encore Zoltan Acs et David Audretsch. L’économiste français Philippe Aghion a reçu le prix en 2016.

Le prix couronne plus de vingt années d’efforts pour promouvoir une approche radicalement différente de l’entrepreneuriat. Mais sa signification va bien au-delà car l’effectuation, c’est avant tout une vision de l’action humaine et de la liberté.

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