L’État entrepreneurial est une chimère

“L’État entrepreneurial” est un concept popularisé par l’économiste Mariana Mazzucato dans un livre éponyme. Celui-ci se veut une réaction à la rhétorique courante selon laquelle un État bureaucratique et inepte s’oppose à un monde entrepreneurial dynamique. Au contraire, Mazzucato prétend que la plupart des innovations actuelles, de l’iPhone aux biotechs en passant par Internet, sont dues à l’action de l’État. Sa conclusion est claire: l’État est l’innovateur le plus important pour résoudre les grands problèmes de ce monde, et c’est un concept d’avenir si les politiques ont le courage de le défendre. Pourtant, si l’idée est séduisante, Mazzucato joue sur les mots et tord l’histoire économique pour défendre une chimère.

Moonshot. L’expression est restée pour désigner un grand projet très ambitieux lancé par un visionnaire. Le nom vient de la mission Apollo, lancée à la suite d’un discours du président américain John Kennedy en 1962 visant à envoyer un homme sur la Lune en le ramenant vivant avant 1970. Le projet d’envoyer un homme sur la Lune représente la quintessence du projet à mission dans lequel un leader courageux et visionnaire définit un objectif ambitieux et charge la société de le réaliser. Le projet fut une grande réussite avec le vol Apollo 11. Le 21 juillet 1969, le monde entier assiste en direct à l’extraordinaire spectacle de l’alunissage de la capsule et des premiers pas de Neil Armstrong sur la Lune. Ce projet est devenu la référence absolue, l’étalon-or de tous ceux qui voient en l’État le guide de l’innovation: un objectif et un pilotage par la puissance publique avec l’aide d’industriels exécutants.

La réussite de ce type de projet peut-elle pour autant justifier un “État entrepreneurial”? Loin s’en faut, et pour plusieurs raisons. Premièrement, ce type de projet n’est pas du tout entrepreneurial. Apollo était un projet politique. Il fut décidé pour des raisons de prestige: il s’agissait, par un “coup technologique”, de reprendre le leadership politique sur l’URSS qui avait humilié l’Amérique avec le lancement du satellite Sputnik puis avec le fiasco de la Baie de Cochons, et qui semblait prendre l’ascendant dans la course des grandes puissances. D’ailleurs Kennedy le dit très honnêtement: “Nous choisissons de le faire parce que c’est difficile.” Cela ne signifie pas qu’il était inutile ou qu’il n’aurait pas fallu le faire, loin de là. Juste que faire quelque chose pour le prestige et pour la seule raison que c’est difficile, voilà qui n’est vraiment pas entrepreneurial.

Deuxièmement, il ne faut pas confondre R&D et entrepreneuriat. On voit la différence avec Internet, un autre exemple cité abondamment par Mazzucato. À l’origine, Internet (qui s’appelle alors Arpanet) est un réseau financé par l’Armée américaine. Dans les années 70, le relai est pris par une agence de recherche civile. Indéniablement, toute la partie initiale est donc lancée par la puissance publique. Peut-on conclure de là que c’est l’État qui a permis Internet? Pas vraiment. Lorsque l’État américain cesse de jouer un rôle dans Internet dans les années 80, le réseau est minuscule. Il y a moins de 100.000 nœuds au réseau, principalement des universités et quelques très grandes entreprises. Les militaires ne savaient pas quoi en faire, et l’agence civile n’avait pas beaucoup plus d’idées. Autrement dit, si l’État a incontestablement joué un rôle dans la naissance d’Internet, ce dernier n’est guère qu’un objet technique mineur sans véritable usage lorsqu’il passe la main. Internet ne commencera à avoir un impact que lorsque la société civile, et notamment les entrepreneurs de la Silicon Valley, puis du reste du monde, s’en empareront à partir des années 90.

Ceci n’est pas un entrepreneur (Photo: Wikipedia)

Troisièmement, la partie amont n’est pas plus facile que la partie aval. Selon Mazzucato, “l’État a accepté d’investir dans les phases les plus incertaines en amont pour ensuite laisser le privé sauter dans le train en marche pour la part la plus facile du trajet en aval” Il y a là un biais technologique anti-marché très surprenant qui considère qu’il suffit d’inventer pour qu’un produit se vende, et que cette invention est la partie noble de l’ensemble. Si c’était vrai, les fonctions marketing et commerciales n’existeraient pas! L’immense majorité de l’investissement total dans Internet de ses débuts à ses premières années de réseau de masse, disons l’an 2000, est privé et se fait après que l’État américain a passé la main.

Quatrièmement, l’innovation produit souvent des résultats inattendus. C’est le principal risque des projets “moonshot”. Le temps qu’ils soient achevés, le monde a changé. A l’origine, Internet était conçu pour être un réseau militaire résistant à une attaque nucléaire. Aujourd’hui il sert à peu près à tout – jeux, messagerie, vidéo-conférence, etc. sauf à ça. Cela montre la limite de l’idée de moonshot, et celle selon laquelle l’action de l’État entrepreneurial devrait être défini par une mission claire. Le seul cas où la mission peut être claire et le rester, c’est si projet est inutile et gratuit, comme avec Apollo, car la mission ne va pas dépendre des changements de marché ou de société.

État entrepreneurial vs état d’esprit

La limite des propos d’auteurs comme Mazzucato, c’est que l’innovation est le produit d’un état d’esprit. Les Grecs connaissaient le principe de la vapeur et étaient, théoriquement, en capacité de s’en servir, mais ils ne l’ont pas fait. Il a fallu attendre près de 2.000 ans pour cela. La révolution de la machine à vapeur ne doit rien à la recherche fondamentale ni encore moins à l’État entrepreneurial et tout à l’état d’esprit (modèle mental) entrepreneurial qui se développe à partir du XVIIe siècle, symbolisé entre autres par James Watt. Autrement dit, si l’invention est nécessaire, elle n’est pas suffisante. Il ne suffit pas qu’Internet soit “inventé” par l’État entre les années 60 et 80 pour qu’il ait l’impact que nous lui connaissons aujourd’hui. Or c’est l’impact qui compte, pas l’invention, et les cimetières sont remplis d’inventeurs géniaux qui n’ont jamais réussi à avoir le moindre impact. Dans le même ordre d’idée, l’ex-URSS était un modèle de R&D pilotée par l’État, étant en pointe sur des technologies comme l’aéronautique, le nucléaire, ou l’espace. Mais l’impact de cette R&D de qualité a été très limité, hors du domaine militaire, car le pays n’avait pas de classe entrepreneuriale.

L’insignifiance de l’action entrepreneuriale publique?

Alors qu’on célèbre à n’en plus finir la vision du “moonshot” de Kennedy, on oublie qu’au même moment naissait, très discrètement, l’industrie de l’ordinateur personnel. Contrairement à Apollo, elle est entièrement un fait entrepreneurial. Cette révolution n’a pas été lancée en fanfare par un État visionnaire, mais initiée par une flopée d’entrepreneurs hippies, et elle a eu autrement plus d’impact qu’Apollo. Bien-sûr, la Silicon Valley a tiré parti à son origine de la présence d’industries de défense liées à la seconde guerre mondiale, ce qui souligne à nouveau le rôle utile de l’État. Mais c’est un rôle très indirect (en gros ces industries permettent la création de HP qui ensuite permet la Silicon Valley). Par ailleurs, il existe de nombreuses régions où il y a une forte présence d’industries de défense qui pourtant n’ont jamais créé de Silicon Valley. On voit donc bien que, en soi, l’investissement public ne suffit pas. S’il n’y a pas d’état d’esprit entrepreneurial, l’investissement est stérile.

Si l’action de l’État ne suffit pas, est-elle cependant nécessaire? Qu’elle soit utile ne fait aucun doute. Mais nécessaire? L’argument souvent avancé est que son action est indispensable pour le développement de technologies très coûteuses que seul lui peut financer. Cela a pu être vrai dans le passé, avec le nucléaire ou le spatial. Mais ces dernières années, le monde financier privé a développé une capacité d’investissement colossale qui annule l’argument. Par exemple, SpaceX a levé 10 milliards de dollars en 29 tours successifs.

Si l’idée de l’État entrepreneurial est que les entreprises privées tirent parti de la recherche publique, cela n’a rien d’original. Et contrairement à ce qu’affirme Mazzucato, c’est un bon deal qui profite à la société tout entière. L’incroyable vitalité du tissu entrepreneurial américain, qui s’appuie sur une recherche privée et publique forte, est la source de la richesse considérable du pays. L’investissement en amont génère des emplois et des contributions fiscales en aval. Il est faux de dire que les dépenses sont faites par l’État et que les bénéfices sont accaparés par le privé. Quant à prétendre que l’iPhone n’existe que grâce à l’État, c’est confondre l’invention et la recherche de technologies fondamentales avec l’entrepreneuriat.

Dire que l’État ne doit pas être entrepreneurial ne signifie pas qu’il ne doit avoir aucun rôle, bien au contraire. Au regard des exemples évoqués (Internet, Apollo, informatique), c’est une erreur de concevoir son rôle comme pilote déterminé par des objectifs précis. Envoyer un homme sur la Lune, c’est précis, c’est difficile, mais c’est à peu près inutile. Ce que suggère l’histoire de l’innovation, c’est plutôt que l’État a un rôle à jouer dans le développement de technologies fondamentales. Ces technologies nécessitent des investissements sur le long terme, et leurs applications sont très incertaines. Il y a là une part de risque et de gratuité, au sens où ça ne servira peut-être à rien, qui peut justifier un investissement public. C’est précisément lorsque le but n’est pas clair et que l’entreprise n’a aucune utilité apparente que l’État peut jouer un rôle utile. Mais la notion d’État entrepreneurial n’est qu’un verbiage qui sert de faux-nez à une tentative – une de plus – de placer l’État au centre de la vie économique. On sait que ça ne marche pas, et tordre l’histoire pour faire croire le contraire n’y changera rien.

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15 réflexions au sujet de « L’État entrepreneurial est une chimère »

  1. Une nouvelle fois bravo et merci pour votre.
    Vous camper l’opposition qu’il y a entre votre pensée et celle de l’auteur que vous citez. Vous argumentez avec un soucie de clarté et d’équilibre qui vous honore.
    Vous concluez sur l’opposition entre 2 croyances. Le mot croyance me semble fondamentale.
    Mon ressenti c’est que votre article va plaire à la communauté qui a la même croyance que vous et c’est votre communauté ce qui n’est pas inutile. Mais en terme d’impact le processus d’opposition que vous utilisez, même nuancé, est-il le modèle mentale le plus adapté pour faire évoluer les personnes qui ont la croyance inverse ? Dans le cas de votre excellent article, face à cet excellent livre, ou dans tout autre cas d’opposition.
    L’opposition c’est d’abord un sentiment d’infériorité face au stimuli que génère l’autre que l’on con pence par la recherche d’un plaisir de supériorité. Qui a pour conséquence d’être un nouveau stimuli d’infériorité pour celui qui a la croyance opposée. Donc ce modèle mentale a un faible impact et génère beaucoup de mal-être dans les 2 camps qui s’opposent.
    Il y a rarement rapprochement.
    L’admiration et la gratitude d’une personne a l’égard d’une autre provoque, par réciprocité, une admiration et une gratitude en retour ainsi qu’un rapprochement.
    Cet état d’esprit ou ce modèle mentale que je nomme cette mobilité émotionnelle met un terme au transfert émotionnel de mal-être générer par l’opposition et au processus parallèle d’opposition qui accompagne la persistance du mal-être dans une boucle désagréable infinie. Cette rupture lié à une mobilité émotionnelle transfert des émotions agréables admiration et gratitude avec un processus parallèle de rapprochement.
    Modèle mentale vertueux ou utopie « bisounours » qui tord la réalité ?…
    Le choix personnel de la réponse est identitaire.
    Belle journée,
    Portez-vous bien.

    1. Merci. Je ne comprends pas tout mais opposer deux idées était, selon les grecs, la meilleure façon de penser. Je n’aurais pas écrit cet article si je ne pensais pas que le livre de MM avait un intérêt.

      1. Oui. La compréhension n’est d’aucune aide. C’est le ressenti qui apporte la lumière s’il est agréable ou les ténèbres s’il est désagréable. Or toute pensée aussi pertinente soit-elle repose du fait de notre nature humaine sur une émotion. C’est l’émotion le pilote dans l’avion. Toute émotion s’accompagne d’un besoin d’agir. La pensée révèle, au moyen du langage, cette émotion consciemment ou non. Pour avoir un impact dois-je ou non prendre en compte, dans mon modèle mentale, les émotions ?
        Le réponse est identitaire.
        J’adore votre façon de penser et vos articles se sont des dons. De façon réciproque, le don que je vous fais qui a mes yeux à autant de valeur que vos contributions, c’est ma croyance dans le rôle insoupçonné et fondamental des émotions dans le choix de nos modèles mentaux. Portez-vous bien.
        Prenez-soin de vous.

  2. Bonjour, quid des CHU, des centrales nucléaires, de France Télécom… en France ?

  3. L’état entrepreneurial… on trouve encore des croyants pour ce genre de truc ?
    Je repense à Motorolla, pionnier des transistors bipolaires dans les années 50-60. Ils se sont fait piéger par les exigences des militaires en matière de sur-mesures et de pérennité de produits que personne n’achetait. Ils alignaient les référence en “2N quelque chose” par centaines d’affilée, et en étaient arrivés à imprimer leur catalogue sur du papier bible…
    Dans les années 70, le gouvernement a accepté de leur “rendre leur liberté”.
    Et quand, quelques années plus tard, ils ont sorti leurs premier microprocesseur (le 6800), il a fallu une forte pression gouvernementale pour qu’ils acceptent d’en faire une version “pour militaires”. Pour ce qui est d’un “état entrepreneurial”, on repassera…

    Pour se faire pardonner (?) et pour se garantir l’existence de composants “pour militaires”, les US ont lancé un grand programme de recherche, dit “VHSIC” (very high speed integrated circuits, avec un objectif de 100 MHz, en technologie bipolaire). L’argent a été dépensé (personne ne va cracher sur du pognon qui tombe du ciel), mais, avant même la fin du programme, les fabricants avaient atteint de meilleures performances, bien engagés sur la CMOS, et avec des applications civiles. Le tout sur font propres, car le contrôle de gestion US est d’une redoutable efficacité. Quand aux applications militaires, c’est largement “fait avec ce qu’on fabrique pour d’autres”. Le phénomène n’a fait que s’amplifier depuis, à part quelques micro-filières dorées sur tranche et aux maigres performances. Et les militaires (comme les autres clients gouvernementaux) sont les “clodos de l’industrie électronique”, réduits à “faire la manche”. Pour un “état entrepreneurial”, c’est encore raté.

    En France, nous avons le CNET et France Télécom qui avaient planifié notre avenir “réglementé” : le RNIS partout (ISDN aux US, alias “innovation subscribers don’t need”), avec un fax dans chaque foyer et un compteur pour facturer intensément. De “méchants privés” ont eu l’idée sournoise de récupérer les bouts de bande passante parasitaires au dessus le la “seule vraie bande téléphonique”. Résultat en moins de 5 ans : les quelques coupleurs RNIS sont partis rejoindre les minitels à la poubelle, l’accès à l’internet est devenu gratuit (plus exactement, forfaitaire) et a phagocyté les communications téléphoniques au passage. Quant aux fax, il n’y a plus que les japonais pour s’en servir, mais via internet, comme le téléphone, donc gratuit aussi (et encore, avec Unicode, initiative du “libre”, même ça va être remplacé par des mails et des SMS).
    Encore un bel exemple d’un “état entrepreneurial” qui s’est planté sur toute la ligne… Et dire qu’avant de laisser tomber, dans un ultime effort, ils ont tenté de gruger les vieux avec leur video-phone…

  4. Les 3 points oubliés : combien ça coute ? En cas d’échec qui paye ? et l’effectuation vs la planification. Grosses différences entre l’entrepreneur et le comité de fonctionnaires ou politiques sur ces 3 points. Une connaissance qui a fait et de la recherche et de la R&D et de l’entreprise , estime que faire travailler avec des moyens de pointe des gens de très haut niveau (doctorants) sur les sujets difficiles qu’ils choisissent et proposent produit à la fois de l’innovation et la capacité de comprendre celles qui viennent d’ailleurs. Mais qu’il y a une limite max pour ne pas dépasser les ressources humaines adaptées, qu’il estime inférieure à 2% du PIB. Au delà cela peut coûter très cher aux contribuables ou actionnaires. Faire qu’une part significative des doctorants soient co-entreprenants sur les frontières qu’ils ont explorées serait l’élément qui manque le plus en France. Pour les projets de D (à partir de résultats R), les plantages tant étatiques qu’entrepreneuriaux sont tjrs nombreux… qui paye ?

  5. Internet est un outil formidable, mais il a été construit à partir de fondations créées par les entreprises privées. Des organises privés internationaux, bancaires ou des compagnies aériennes (SITA), disposaient depuis longtemps de moyens de communications évolués (email, consultation de données. à distance..). On dit que les “liens” existaient déjà sur le réseau de communication du CERN. Les fabricants d’ordinateurs DEC, IBM et d’autres fournissaient à leurs clients des produits précurseurs d’Internet. Ce qui ne retire rien au mérite des promoteurs d’Internet et à ceux qui ont su le faire évoluer.

  6. “Envoyer un homme sur la lune, c’est inutile”. Tiens donc. Surement pas, à en juger par les retombées technologiques, politiques et sociologiques (et qu’importe au fond si elles n’étaient pas préméditées). Si on utilise un critère d'”utilité”, il faut prendre soin de le définir, sans quoi on peut tout aussi bien affirmer que 90% des innovations sont inutiles, avec ou sans l’Etat.

    1. Les retombées on en parle toujours sans jamais vraiment les citer. Ce qui est intéressant c’est qu’elles n’étaient pas prévues. Je précise dans l’article que ce n’est pas parce qu’Apollo était “inutile” que cela signifie nécessairement qu’il ne fallait pas le faire.

  7. Merci pour ce post qui apporte une réponse plus complète à mon interrogation de la dernière fois!

  8. bonjour

    Ayant lu le livre de Mariana Mazzucato, je suis très surpris des commentaires que vous en faites. Je n’ai pas l’impression que nous ayons lu le même livre.

    En effet, le sous-titre du livre est “Pour en finir avec l’opposition public-privé”. Dans le résumé de 4è couverture, il est écrit “… ce sont souvent les fonds publics qui apportent une stratégie à long terme. Les innovateurs de génie sont d’abord des bénéficiaires privilégiés des investissements publics dans la recherche fondamentale …”

    Et d’ailleurs, dans votre conclusion, vous reprenez quasiment ce que je viens de reprendre et qui figure, de façon visible, sur son livre (= sans avoir besoin de l’acheter) : “Ce que suggère l’histoire de l’innovation, c’est plutôt que l’État a un rôle à jouer dans le développement de technologies fondamentales. Ces technologies nécessitent des investissements sur le long terme, et leurs applications sont très incertaines. Il y a là une part de risque et de gratuité, au sens où ça ne servira peut-être à rien, qui peut justifier un investissement public. C’est précisément lorsque le but n’est pas clair et que l’entreprise n’a aucune utilité apparente que l’État peut jouer un rôle utile” (propos de votre dernier paragraphe)

    En résumé, j’ai envie de vous poser une question : avez-vous vraiment lu le livre ?

    Bien cordialement,

  9. le thème c’est l’état peut il être entrepreneurial? Ce que Mazzucatto plaide est qu’il faut que l’état finance de la recherche aux frontières du savoir. Ce n’est pas de l’entrepreneuriat même si cela peut, sous certaines conditions, nourrir des projets chez des entrepreneurs qui “voient” un marché pour telle ou telle découverte.
    L’état entrepreneurial serait des fonctionnaires qui se comporteraient et réussiraient comme Elon Musk, mais avec l’argent des contribuables.

    A contrario, des fonctionnaires ont décidé et bâti les 60 centrales nucléaires françaises qui ont abouti à un bas prix de l’énergie, mais leurs comités successeurs des décideurs des années 70 n’ont pas su ni pu valoriser et développer cet avantage.

    L’état de fonctionnaires et de politiques ne peut pas être entrepreneur.

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