La 3ème session du MOOC ‘effectuation’ est consacrée au processus entrepreneurial, c’est à dire au déroulement du projet et à l’agencement des principes de l’effectuation durant ce déroulement. Revenons sur ce processus…
Nous regardons le processus entrepreneurial au travers de l’exemple de U-Haul, un loueur de véhicules utilitaires créé en 1945 par un soldat démobilisé. U-Haul démarre lorsque Leonard Schoen essaie de louer une remorque pour déménager à l’autre bout de l’Amérique et n’y arrive pas. Aussi étonnant que cela paraisse, il n’est pas possible de louer une remorque en 1945. C’est très banal aujourd’hui, mais ça n’existe pas en 1945. Il s’en achète donc une dans une décharge et la retape lui-même. Il est alors surpris de voir ses amis, puis les amis de ses amis, lui demander de la leur prêter. Peu à peu, il transforme ses services en une activité commerciale. Pour se développer à moindre frais, il offre une réduction aux clients qui lui trouvent un concessionnaire qui accepte de louer ses remorques.
Au travers de cet exemple, on montre comment le processus entrepreneurial se déroule: conformément au principe numéro 1, l’entrepreneur démarre avec ce qu’il a (sa personnalité, sa connaissance, et son réseau). Il ou elle détermine ce qu’il peut faire avec cela (au besoin provoqué par une surprise, principe numéro 4). Il ou elle interagit avec d’autres personnes; certaines d’entre-elles s’engagent dans le projet en apportant des ressources et deviennent ainsi parties prenantes au projet (exemple des clients qui trouvent un concessionnaire): c’est le principe numéro 3 du patchwork fou. Avec plus de ressources, l’entrepreneur peut envisager de nouveaux buts, plus ambitieux, sans nécessairement savoir où le projet va et ce qu’il peut en attendre (principe numéro 2, perte acceptable). Naturellement ces parties prenantes exigent souvent quelque choses en retour (une réduction de prix dans notre exemple des clients). L’entrepreneur gère donc un double cycle: augmentation de ressources permettant de nouveaux buts, et augmentation des contraintes nées du besoin de satisfaire les parties prenantes. Au final, l’entrepreneur a créé une entreprise et un marché qui n’existaient pas auparavant. Grâce à lui il est désormais possible, quatre ans après, de louer une remorque pour aller d’un bout à l’autre des Etats-Unis.
Nous abordons également la notion de projet viable au travers de l’exemple de Cheung Yan, une chinoise qui a crée une entreprise de recyclage de papier. Nous montrons qu’elle part d’une idée très banale et qu’elle ne dispose d’aucune information privilégiée: tout ce qu’elle sait est de notoriété publique. Mais à la différence des autres, elle agit. C’est donc l’action, plus que l’idée, qui importe. Nous expliquons également pourquoi, lorsque l’entrepreneur n’arrive pas à convaincre de partie prenante, il faut conclure que le projet n’est pas viable au sens que lui donne l’effectuation: aucun besoin social n’est en effet satisfait par l’offre en son état actuel, et aucune personne ne s’engage pour la modifier (pour en savoir plus sur la notion de projet viable, voir mon article ici).
Pour revenir sur le processus entrepreneurial, voir mon article ici. Si vous ne pouvez pas attendre la fin du MOOC, pour en savoir plus sur l’Effectuation, lire mon article introductif.