Déjouer Cassandre: les deux risques du décideur face à la prédiction

Nous vivons dans une époque de très grande incertitude, où nombre de prédictions et de croyances fortement ancrées ont été brutalement démenties par les faits, notamment depuis les trois dernières années. Et pourtant nous continuons à faire des prédictions. Cela semble rationnel: nous voulons nous protéger contre les mauvaises surprises et nous préparer au pire. Mais cette préparation au pire a un coût important.

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Mon nouvel article pour Harvard Business Review: Bienvenue en incertitude: comment réinventer les outils du management pour éviter la prochaine catastrophe

Après le choc du premier confinement au début de l’année 2020, qui a vu voler en éclat aussi bien les business plans que les prévisions économiques et sociales de toutes sortes, le monde a vécu un retour erratique, difficile et long à une situation presque normale, sans pour autant être certain d’être tout à fait sorti de la crise. Autrement dit, l’incertitude, avec son lot de surprises, est avec nous pour longtemps.

On aurait pu penser que la violence du choc, qui a très clairement mis en évidence les limites de nos outils de management, amènerait à une profonde remise en question. Or il n’en a rien été. Passé le choc, et malgré la persistance de gros nuages sombres sur leurs têtes, organisations et Etats se sont remis à concevoir des plans d’actions sur la base de prévisions savantes, sans lesquelles ils semblent incapables de concevoir leur action. Il est urgent de repenser les outils du management à partir de l’incertitude si l’on veut éviter la prochaine catastrophe.

Cet article est publié à l’occasion de la sortie de mon ouvrage “Bienvenue en incertitude“. Lire l’article ici.

Comprendre le présent plutôt qu’anticiper l’avenir: Stefan Zweig et la possibilité de l’espoir

2020 se termine mais la crise commencée il y a un an, elle, est loin d’être terminée. L’espoir de voir l’épidémie disparaître au printemps s’est évanoui et nous semblons nous être installés pour longtemps avec elle. Il est difficile de ne pas se laisser gagner par le pessimisme. Et pourtant il existe des raisons d’espérer. Ne faisons pas comme l’écrivain Stefan Zweig, qui s’est suicidé par désespoir durant la Seconde Guerre mondiale, pensant que tout était perdu au moment même où le sort tournait en faveur des alliés.

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Covid-19, situation inédite: les décideurs sont-ils coupables d’impréparation?

Il était assez certain que face à l’épidémie du coronavirus, nous allions chercher à identifier des gens qui l’avaient prédite, car le paradigme prédictif nous obsède. Et ça n’a pas raté: certains ont ressorti un rapport de la CIA qui contient une double page évoquant le risque d’une pandémie, d’autres une vidéo de Bill Gates avertissant lui aussi sur ce risque. Nul doute qu’on nous ressortira bientôt une petite grand-mère du Lubéron qui, elle aussi, évoquait depuis un moment une pandémie à venir, et qu’elle fera la une du 20h de TF1. Conclusion des commentateurs: l’épidémie était prévue, les gouvernements ont été prévenus et ils n’ont rien fait! Malheureusement l’histoire ne tient pas, à la fois parce qu’une épidémie relève de l’incertitude, elle n’est donc pas prédictible, mais aussi parce que la recherche de quelqu’un ayant prédit avec succès un événement traduit un biais rétrospectif. Mais surtout, elle ignore difficulté de prise de décision en incertitude.

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Les quatre rappels du Covid sur la prise de décision en incertitude

L’émergence inattendue du Covid-19 ainsi que ses conséquences incertaines nous rappellent quatre choses que nous aurions du savoir, ou que nous savions mais que nous avons ignorées sur l’environnement dans lequel nous vivons: l’imprédictibilité de l’avenir, la différence entre le risque et l’incertitude, la non-linéarité de l’évolution du monde et la construction sociale des surprises.

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Le chaos ou l’erreur: Peut-on se passer de prédiction?

La plupart des outils de management et de prise de décision repose sur l’idée que notre environnement est largement prédictible. C’est inexact et les conséquences sont parfois très importantes. Toutefois, la solution ne peut résider dans un abandon pur et simple de la prédiction, car les contraintes de la prise de décision font qu’elle reste nécessaire dans de nombreux contextes, malgré les risques évidents qu’elle crée. Que faire?

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Prédiction: Les limites des grandes théories du monde

Parmi les méthodes de prédiction, la théorie est utilisée lorsque les données disponibles ne permettent pas de « construire » une loi empirique. C’est notamment le cas des événements rares ou inédits comme le réchauffement climatique ou de l’impact des éruptions solaires sur les réseaux de communication puisqu’on ne peut pas apprendre de leur survenance. En l’absence de base empirique, c’est la théorie qui va permettre de prédire. Souvent attrayante, la méthode reste pourtant limitée.

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Face à l’incertitude: intérêt et limites de l’approche par les scénarios

Parmi les méthodes les plus utilisées pour essayer d’anticiper l’avenir sur des situations complexes figure celle des scénarios. Un scénario est une description riche d’un futur plausible. C’est, en quelque sorte, un ‘saut’ dans le futur. On peut ainsi imaginer ‘La France en 2080’. On étudie ensuite les implications de ce futur plausible, celles par exemple d’un prix du baril de pétrole à 300$. Malgré son côté séduisant, la méthode trouve toutefois rapidement ses limites.

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Nate Silver, prévisionniste extraordinaire et… inutile

Dans un article précédent j’évoquais les travaux du chercheur Philip Tetlock sur les capacités prédictives des experts, et en particulier sur ce qu’il appelle les superforecasters, une catégorie de personne dont les capacités en matière de prédiction sont supérieures à celles des autres. J’indiquais mon scepticisme en la matière. Regardons le cas de l’un d’entre eux, le célèbre prévisionniste américain Nate Silver.

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