Dans le monde du management, on a tendance à opposer théorie et pratique. On aurait d’un côté des universitaires enfermés dans la théorie, déconnectés de la réalité, et de l’autre des managers, le nez dans le guidon, ignorants les concepts essentiels. La réalité, comme toujours, est plus nuancée. Dans plusieurs articles, et notamment dans ses livres, Clayton Christensen, auteur notamment de Innovator’s dilemma, bible de l’innovation aux US (moins en France semble-t-il) se fait l’avocat des théories en soulignant leur importance.
Constatation de départ: même si les managers en général n’estiment pas les théories utiles, ils en sont très consommateurs. Chaque fois qu’une décision est prise dans une entreprise, elle est basée sur un modèle mental de la réalité, et sur l’hypothèse que si on applique telle action sur la e, l’effet désiré va se produire. Il s’agit ni plus ni moins que d’utiliser une théorie. Le problème, c’est que la plupart du temps, ces théories sont implicites, et les managers n’ont pas conscience des théories qu’ils utilisent. Quel rapport avec l’innovation? Très direct en fait: lorsque les actions sont conduites sans conscience de la théorie qui les sous-tend, le résultat semble totalement aléatoire; ceci est particulièrement vrai dans les contextes de rupture technologique, ou la prédicabilité est quasi nulle. Ceci est essentiellement du, selon Christensen, à une absence de maîtrise explicite de théorie. D’où l’impression que l’innovation est un art divinatoire. Pour améliorer le processus d’innovation, il faut donc bâtir des théories solides qui permettent un diagnostic organisationnel, ainsi que des mécanismes prescriptifs. Au final, et en particulier dans le domaine de l’innovation, rien de plus pratique, et de plus essentiel, qu’une bonne théorie.
Pour en savoir plus sur ce sujet, voici un résumé de l’analyse de Christensen : http://www.maaw.info/ArtSumChristensen&Raynor03.htm.