Pourquoi la batterie PowerWall de Tesla est vraiment disruptive

Nous vivons une époque formidable. je ne cesse de le dire à mes étudiants, eux qui me regardent d’un air goguenard en se prenant pour une génération sacrifiée et sans avenir. Bref, nous vivons une époque formidable et sommes à l’aube d’une nouvelle révolution scientifique et technologique. De nombreuses ruptures sont en marche. Le meilleur exemple est l’annonce de PowerWall, la batterie de Tesla. Cette annonce devrait terrifier EDF.

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Innovation: La démocratisation des outils est le vrai facteur de rupture

Chaque fois que je présente les MOOCs sur lesquels je travaille (le MOOC Effectuation et le MOOC IDEA), la question vient toujours: “Combien ça coûte?”. Aujourd’hui il existe un consensus pour évaluer le coût de production d’un MOOC à environ 50K€ (entre 20K et 100K selon les estimations et les moyens mis en œuvre). Clairement, cela réserve les MOOC à une petite élite. Pourtant, cette estimation est trompeuse car elle repose sur une erreur trop souvent commise, celle de juger le nouveau avec les critères de l’ancien. Examinons cela plus avant.

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Makers – La révolution de l’impression 3D et la seconde mort de Descartes

L’impression 3D et la révolution qu’elle représente n’en finissent pas de susciter des réflexions – Même Le Monde en parle, c’est dire. Mais si on a tendance en général à se focaliser sur “la fabrication à la portée de tous” – qui a indéniablement une portée révolutionnaire, il y a un aspect également très important qui a trait au travail et à sa place dans la société. La révolution de l’impression 3D est la seconde mort de Descartes, voici pourquoi.

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Le grand méchant MOOC ou la rupture en marche dans l’éducation supérieure

J’ai eu l’occasion d’exprimer dans deux articles précédents pourquoi je pensais que les grandes écoles de commerce étaient en train de subir une rupture profonde de leur environnement. La raison est que leur modèle économique est à bout de souffle et qu’elles se font attaquer de toutes parts, et en particulier par le développement de solutions lignes dites “MOOC” ce qui signifie massive online open courses. En fait il serait plus exact que les MOOC n’attaquent pas directement les grandes écoles, du moins pas encore, et c’est là tout la difficulté. Pour comprendre pourquoi, un petit détour historique s’impose…

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Effectuation et franchissement du gouffre: liens théorique et implications pratiques dans la phase précoce d’un nouveau marché

Quel lien existe-t-il entre l’Effectuation et la théorie de Geoffrey Moore sur le marketing des technologies de rupture? J’ai présenté, dans un billet précédent, la théorie de Geoffrey Moore sur la difficulté que rencontrent les entrepreneurs lorsqu’ils lancent une nouvelle technologie radicale. En substance, Moore explique la chose suivante: une technologie de rupture trouve très souvent un public initial, fait d’adoptants précoces et de fans de technologie, mais se heurte au segment le plus important, les conservateurs, car ceux-ci n’achètent qu’au leader. Or par définition, une technologie de rupture ne démarre jamais d’une position de leadership. N’étant pas leader, la startup ne peut convaincre le segment des conservateurs, et n’arrivant pas à le convaincre, elle ne peut devenir leader. Après un premier démarrage au cours duquel elle a réussi à convaincre les adoptants précoces, la startup cale et disparaît.

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Les trois leviers de l’innovation de rupture dans une industrie

J’ai déjà abordé à plusieurs reprises dans ce blog la théorie de la rupture développée par Clayton Christensen, l’un des meilleurs spécialistes de la question. Dans un billet précédent, j’expliquais que si l’on a tendance à opposer innovation incrémentale et innovation radicale, Christensen avait montré que la véritable opposition est en fait entre innovation continue, c’est à dire conforme au modèle d’affaire de l’entreprise, et innovation de rupture, qui nécessite un modèle d’affaire différent (voir le billet sur l’opposition continue/rupture ici). On peut en effet avoir des situations d’innovation radicale se conformant assez bien avec le modèle d’affaire existant, et qui donc sont assez bien absorbées par les acteurs en place. Le succès des opérateurs télécom fixes dans la téléphonie mobile ou dans Internet est un bon exemple.

Christensen a développé sa théorie en s’intéressant à plusieurs industries et notamment au secteur de la santé. Selon lui, l’innovation de rupture est un agent de transformation d’une industrie, et elle repose sur trois leviers:

  1. Un développement de la technologie et du savoir en général du domaine qui deviennent de plus en plus accessibles;
  2. De nouveaux modèles économiques;
  3. Un nouveau réseau de valeur.

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L’échec de Nokia: une paralysie face à la rupture

Je ne devrais jamais faire de prédictions, c’est un jeu dangereux auquel quelqu’un de raisonnable ne se livre jamais. Ou alors, il ne faudrait le faire qu’en se couvrant au maximum pour que quelque soit le résultat, on puisse prétendre l’avoir annoncé. Mais bon, je me lance quand même: il y a de bonne raisons de penser que Nokia a perdu la partie. Je ne suis bien sûr pas le seul à penser que Nokia a des difficultés et de nombreux analystes se font l’écho des difficultés rencontrées par Nokia. Sa bureaucratie est ainsi légendaire. Même les chiffres, qui ont souvent beaucoup de retard avant de refléter un problème intrinsèque, commencent à être inquiétants. Baisse de marge, perte de part de marché, absence quasi totale du marché des smartphones. Qu’est-ce qui explique l’échec de Nokia?

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La bataille des e-books: Amazon contre les éditeurs, partie remise?

Il semble que l’ancien monde soit capable de résister au nouveau monde de manière assez efficace, du moins en apparence. Ainsi donc, Amazon, qui commercialisait les livres électroniques à 9,99$ depuis la sortie de son lecteur Kindle, vient de céder face aux exigences de l’éditeur Macmillan et de relever les prix à près de 15 à 20$. En apparence, il s’agit effectivement d’une victoire de l’ancien monde: bien naïfs les acteurs de l’Internet qui s’imaginaient pouvoir décider de tout: pour vendre des livres, il faut bien des livres, et comme le monde de l’édition est un cartel avec peu d’acteurs globaux, si l’un d’entre eux refuse de vendre à Amazon, l’intérêt du Kindle devient moindre. C’est d’autant plus dangereux pour Amazon depuis la sortie annoncée de l’iPad, le lecteur d’Apple. Les éditeurs peuvent maintenant faire jouer la concurrence, surtout dans une phase où les produits doivent établir leur base installée.

Le rapport de force semble donc bien s’être établi en faveur des éditeurs. Oui, sauf que… sauf qu’il auraient bien oublié juste une petite chose: les lecteurs (en chair et en os, ceux qui lisent). On le sait, les ventes de livres sont en baisse régulière dans le monde, et apparemment le manque d’appétit pour la lecture des jeunes générations nourries aux écrans ne laisse présager rien de bon. Le livre électronique représente une véritable occasion pour les éditeurs de trouver un relais de croissance. Doubler le prix d’un livre présente deux risques: tuer dans l’œuf un marché naissant, d’une part, et favoriser la copie pirate, de l’autre. Il est difficile d’anticiper les réactions des consommateurs, la majorité d’entre-eux étant encore à venir, elle ne verra pas en pratique l’augmentation des prix, mais il se pourrait donc bien que les éditeurs n’aient obtenu qu’une victoire à la Phyrrus. En tout cas la question n’est pas close.

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L’opposition innovation radicale – innovation incrémentale n’est pas pertinente

L’opposition entre innovation radicale et innovation incrémentale est un des classiques des théories de l’innovation. Tandis que l’innovation incrémentale consiste à améliorer les produits existants, l’innovation radicale consiste à inventer des nouvelles catégories de produits qui sont à la fois nouveaux pour le marché et pour l’entreprise. Le livre fondateur de Clayton Christensen “Innovator’s dilemma” qui, rappelons-le pour le regretter, n’a pas été traduit en français, montre comment les acteurs installés sur un marché profitent des innovations incrémentales mais sont le plus souvent marginalisés à la suite d’une innovation radicale. Par exemple, Kodak a très mal géré l’arrivée de la photo numérique. Initialement, Christensen a posé le débat en termes de technologies, s’appuyant sur la fameuse courbe en S de progression d’une technologie (inventée par Richard Foster) pour montrer comment une technologie dépassait l’autre. Plusieurs chercheurs ont cependant montré que sa thèse ne s’appliquait pas toujours: il y a de nombreux exemples d’entreprises capables non seulement de survivre à une innovation radicale sur leur marché, mais d’en profiter (par exemple IBM). L’opposition radical-incrémental est donc intéressante, mais pas opérante pour comprendre la dynamique de réussite sur un marché entre acteurs en place et nouveaux entrants.

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