Comment motiver vos collaborateurs face à l’incertitude?

Nous vivons dans un monde marqué par une forte incertitude et ponctué d’importantes surprises qui remettent en question nombre de nos croyances. Cette remise en question peut être très anxiogène tant il semble que nous ne puissions plus nous appuyer sur rien de stable pour avancer dans la vie. C’est particulièrement vrai dans les entreprises: la situation peut aller jusqu’à une forme de paralysie, causée par le sentiment que quoique l’on entreprenne, un événement imprévu viendra tout remettre en question. D’où un risque de démotivation. Et pourtant, il n’y a pas de raison pour que l’incertitude soit démotivante.

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Est-il nécessaire de vouloir bâtir une cathédrale pour donner un sens à son travail?

C’est entendu, notre époque est en recherche de sens, du moins c’est ce qu’on répète à l’envi aussi bien dans les entreprises que dans la société dans son ensemble. L’absence de sens conduit au désengagement et les directions des ressources humaines des grandes entreprises sont lancées dans une grande course pour « recréer du sens » sous la houlette de dirigeants visionnaires. L’idée est qu’une vision ambitieuse, une noble raison d’être, un grand récit, donneront un sens aux âmes en errance. Cette idée est bien traduite par une fable fameuse, celle du tailleur de pierre qui construit une cathédrale, motivé par quelque chose de plus grand que lui. Toute séduisante qu’elle soit, cette fable joue pourtant sur des ressorts très contestables et le fait qu’elle soit devenue une référence obligée des séminaires de motivation est regrettable. Non, il n’est pas nécessaire de bâtir une cathédrale pour donner un sens à son travail.

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Le désir de création est universel: tout le monde peut être entrepreneur

On pense souvent que les entrepreneurs sont motivés par l’appât du gain, mais c’est faux. Ils sont motivés par le désir de création, et ce désir est universel… et très ancien…

Pour comprendre pourquoi, il nous faut faire un petit détour en Ardèche, plus exactement près du village de Vallon-Pont-d’Arc. C’est ici que se situe la Grotte de Chauvet, ornée de 420 représentations d’animaux datant du paléolithique, soit il y a plus de 31.000 ans.

Source: Wikipedia

La psychologie, et en particulier le fameux modèle de la pyramide de Maslow, nous dit que l’être humain hiérarchise ses besoins: il cherche d’abord à satisfaire ses besoins physiologiques (manger, boire, dormir, etc.) avant de satisfaire les besoins de sécurité, d’appartenance, de confiance et enfin ceux relatifs à l’accomplissement personnel. Rien de plus évident? Rien de plus faux, en fait, et c’est la grotte de Chauvet qui le montre.

Voilà des hommes avec lesquels nous n’avons presque rien en commun, vivant proches de l’état animal, confrontés chaque jour au froid, à la faim, à la maladie et à la mort, et qui, malgré tout, trouvent le moyen de peindre des fresques d’une beauté inouïe, capable des nous émouvoir plus de 30.000 ans plus tard! Ne pouvaient-ils pas attendre d’avoir un pavillon et une voiture avant de s’intéresser à l’art? Apparemment non.

Il y a une leçon dans cela: les êtres humains veulent créer. D’une manière ou d’une autre. Ce désir est universel. Il existe en tous temps, en tous lieux et en toutes circonstances, même s’il peut prendre des formes infiniment différentes. Comme je l’ai indiqué dans un billet précédent au sujet des boîtes à idées, la question n’est donc pas comment susciter le désir de créer, mais plutôt comment cesser de l’étouffer.

Si l’entrepreneuriat est une activité de création, alors tout le monde peut être entrepreneur, d’une façon ou d’une autre. Dans un autre billet, je m’interrogeais sur la motivation de l’entrepreneur. Alors que les ouvrages économiques expliquent systématiquement la création d’entreprise par l’appât du gain, j’évoquais la possibilité que cette motivation provienne d’un besoin de reconnaissance de l’individu au sein de la société, mais je montrais aussi les limites d’une telle explication. Peut-être plus que le désir de reconnaissance, c’est donc peut-être plutôt le désir de créer quelque chose de nouveau qui anime l’entrepreneur, rejoignant en cela l’artiste.

Pour reprendre la citation de Saras Sarasvathy, à l’origine de la théorie entrepreneuriale de l’effectuation, « L’entrepreneur transforme une idée en un artefact social. » Ainsi l’entrepreneuriat n’est pas une affaire de maximisation de profit, mais de création d’artefacts sociaux: entreprise, marché, produit, idées, œuvres.

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Le besoin de reconnaissance, une motivation fondamentale de l’entrepreneur?

Qu’est-ce qui motive un entrepreneur ? Ouvrez un manuel d’économie (en tout cas ceux qui parlent des entrepreneurs) et vous y lirez qu’il est mu par le désir de profit. Plus précisément par celui de maximiser son profit. Comme souvent en économie, la pratique a la mauvaise habitude de ne pas correspondre du tout à la réalité. Comme le chercheur américain McClelland l’observe, imaginer le capitaliste comme étant mu par l’avidité, par la nécessité de faire de l’argent, ou de maintenir son taux de profit est une grossière caricature. Bien plus pertinent est la possibilité de promotion sociale que l’entrepreneuriat offre. Cela expliquerait pourquoi l’un des traits les plus intéressants de la réussite des entrepreneurs, du moins aux États-Unis, en France il en va différemment, est qu’ils sont souvent issus de groupes minoritaires dans la société – des groupes qui trouvent des voies alternatives de promotion sociale fermée pour eux. Se référant à des études d’entrepreneurs au XIXe siècle, McClelland conclut: «Beaucoup de ces hommes ne semblent pas être motivés principalement par un désir d’argent en tant que tels ou ce qu’il allait racheter.» Malgré cela, la littérature dépeint toujours l’entrepreneur comme étant principalement motivé par le profit, et parfois par l’auto-réalisation, ou assume d’autres motivations qui peuvent être réduites à la recherche du profit.

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