D’effectual à causal, comment Lego a perdu son âme entrepreneuriale

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Dessine-moi un mouton, mais rien d’autre!

Sans doute comme moi avez-vous passé de longues heure de votre enfance à jouer aux Lego. Un tas de briques multicolores de toutes tailles, et on y allait. Rien n’était plus effectual qu’un tas de briques Lego. Effectual au sens où on partait de ce qu’on avait sous la main, sans idée précise ni direction indiquée où aller. Avec le tas de briques, on pouvait faire un vaisseau spatial, un bateau, une maison, ou plein d’autres choses qui n’existaient que dans notre imagination.

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Combiner les logiques effectuale et causale dans la démarche entrepreneuriale

L’incertitude qui caractérise un projet entrepreneurial rend particulièrement pertinente une approche particulière que j’ai déjà abondamment décrite sur ce blog, l’effectuation (voir une présentation de l’effectuation ici). On a tendance à opposer la logique effectuale à la logique classique dite “causale”, dominante dans notre enseignement et dans notre mode de gestion en général (voir ma note sur cette opposition). Toutefois, si les deux logiques sont différentes, cela ne signifie pas que l’entrepreneur ou le manager ait à faire un choix en tout ou rien pour son projet. Au contraire, elles peuvent se combiner et se compléter, et ce pour deux raisons: d’une part parce que tous les domaines de décision de la vie d’un projet entrepreneurial ne sont pas soumis à une incertitude radicale de type ‘knightienne’, et d’autre part parce que cette incertitude tend à diminuer dans le temps.

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Rationalité effectuale, rationalité causale: les deux paradigmes de pensée

Entrez dans une salle de cours dans n’importe quelle grande école de commerce aujourd’hui, et il est très probable que quelle que soit la matière enseignée, elle reposera sur la rationalité causale. La rationalité causale consiste à choisir le moyen le plus efficace en termes de ressources (le moins cher, le plus rapide, etc.) pour atteindre un but donné. En marketing, on cherchera le segment le plus attractif; en ressources humaines, on cherchera à recruter le meilleur profil pour un poste, en stratégie, on cherchera à obtenir la plus grosse part de marché, etc. La rationalité causale implique une logique d’optimisation et met l’accent sur l’importance de la prévision et de l’analyse préalables pour éviter les mauvaises surprises qui empêcheront l’optimisation poursuivie. La rationalité causale implique naturellement qu’il soit possible de définir un but clair. Elle fonctionne bien dans des marchés établis, dans lesquels les structures, les concepts produits et les marchés sont connus. Par exemple, une entreprise qui décide de lancer un nouveau dentifrice peut se procurer facilement des études très complètes sur ce marché ; il lui est donc possible de définir ce qu’elle peut attendre de ce lancement compte tenu de la concurrence et de la dynamique du marché, elles aussi connues avec précision. L’entreprise définira son objectif en terme de part de marché, de chiffre d’affaire, ou de marge et jugera de sa réussite au regard des résultats atteints et du budget mis en œuvre. Il s’agit bien évidemment d’atteindre l’objectif maximal avec le budget minimal, conformément à la logique d’optimisation.

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Effectuation: Comment les entrepreneurs pensent et agissent… vraiment

Comment se crée une entreprise ? Très simple ! Un entrepreneur visionnaire a une grande idée ou identifie un grand problème ; il rédige un business plan, lève de l’argent auprès d’un investisseur, crée son entreprise, rassemble une équipe et se lance, pour conquérir le monde. Pour être entrepreneur, il faut donc être créatif et visionnaire, ambitieux, persévérant, dynamique, courageux, être un vrai leader, charismatique si possible, mais aussi bienveillant et ouvert aux autres, et plein d’autres choses encore. En bref, un super-héros. C’est simple… mais c’est faux ! Ou du moins ça se passe très rarement comme ça.

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