Raison d’être : mobilisez le « tore » de votre organisation

Deux ans après le vote de la loi PACTE sur les entreprises à mission, qui avait pour intention d’éteindre le feu de défiance envers les entreprises, force est de constater que le résultat est décevant. Pourtant, ce n’est pas l’énergie qui a manqué : «Cela fait un an que nous travaillons à notre raison d’être», nous confiait ainsi fièrement un dirigeant. Mais, dans la plupart des cas, ce travail produit un résultat banal et désincarné. Toutes les raisons d’être se ressemblent, et elles mobilisent peu. «C’est joli, mais ce n’est pas vraiment nous», entendons-nous régulièrement. Réduit à un exercice de communication tiède, le travail de la raison d’être est, au pire, qualifié de «purpose washing», ce qui renforce la méfiance à l’égard des entreprises – celle qu’il était pourtant censé réduire. Mais surtout, cette raison d’être ne sert aucunement aux managers dans l’exercice quotidien de leurs activités, et c’est bien là le principal problème.

Lire la suite de mon article co-écrit avec Béatrice Rousset sur Harvard Business Review ici: Raison d’être : mobilisez le « tore » de votre organisation.

Raison d’être des entreprises: Spinoza reviens, la France a peur!

La France a peur. Peur de l’avenir, peur de son passé et peur du présent. Peur des autres et peur d’elle-même. Les entreprises en particulier ont peur. Peur de ceux qui exigent qu’elles justifient de leur raison d’être et qu’elles expient leurs péchés de cupidité en faisant de bonnes actions. Peur de ceux qui ne voient dans leurs usines qu’une source de pollution ou d’aliénation. Peur du prochain scandale qui révélera tel ou tel comportement inacceptable, ou devenu tel, et peur du micro-événement insignifiant monté en épingle par des médias aux aguets. Peur d’être montrées du doigt pour ce qu’elles ne font pas dans un pays qui ignore désormais largement ce qu’elles font. Peur d’exister tout simplement. Dans ce climat dans lequel chacun doit choisir son camp, et où la seule certitude est qu’à un tel jeu tout le monde sera perdant au final, il devient urgent de redécouvrir un philosophe essentiel, Spinoza. Que nous dit-il? Que c’est la joie, et non la peur, qui doit nous guider. Étrange et en apparence naïf, ce message est pourtant d’une actualité brûlante, et d’une portée très pratique.

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Éviction d’Emmanuel Faber, gouvernance et innovation: le court-termisme comme bouc émissaire

L’éviction du PDG de Danone, Emmanuel Faber, a fait couler beaucoup d’encre et chacun y est allé de son explication. Ce qu’on a beaucoup entendu est qu’elle marquait le triomphe du court-termisme financier sur la vision de long-terme et l’engagement sociétal. L’histoire serait celle d’un PDG engagé dans une démarche de changement du monde mis à bas par de sinistres financiers qui ne voient pas plus loin que le bout de leur lorgnette financière dans leur recherche de profit effrénée. Le bien contre le mal. Nous aimons les caricatures en France, mais celle-là a sans doute été poussée un peu loin. Emmanuel Faber a-t-il été victime du court-termisme financier? Loin s’en faut et, au-delà du cas Danone, la notion de court-termisme est un bouc émissaire certes pratique, mais qui masque la vraie question de la gouvernance et de l’innovation.

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Entreprise à mission: Emmanuel Faber, Milton Friedman, un partout balle au centre

Ainsi donc, le conseil d’administration de Danone a fini par écarter son PDG emblématique Emmanuel Faber, sur la sellette depuis plusieurs semaines en raison des mauvaises performances du groupe. Il y a à peine neuf mois, il lançait pourtant triomphalement “Vous avez déboulonné la statue de Milton Friedman” à ses actionnaires qui venaient de voter à 99,42 % pour la transformation de Danone en société à mission, une première pour une entreprise du CAC40. Le bon vieux Milton semble avoir pris sa revanche assez rapidement, et certains s’en réjouiront, mais l’affaire nous en apprend surtout sur les risques d’appuyer sa stratégie sur un mauvais modèle mental, en l’occurrence ici sur la dichotomie entre l’économique et le sociétal, et en prétendant faire passer le second avant le premier.

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Entreprise à mission et profit: le “en même temps” est-il possible?

La question de la mission de l’entreprise semble être sur toutes les lèvres. Elle a surgi avec éclat au premier plan de l’actualité lorsque Danone, la première entreprise du CAC40 à avoir adopté le statut d’entreprise à mission, en juin 2020, a annoncé quelques mois plus tard un plan social pour améliorer sa compétitivité, suscitant ainsi les critiques de tous bords. Gagner de l’argent ou changer le monde, il semble plus que jamais qu’on ne puisse faire les deux et qu’il faille choisir. Et pourtant ce n’est pas nécessairement vrai. Le modèle mental qui oppose les deux nous enferme dans des controverses stériles et nous empêche de moderniser à la fois notre économie et notre système social.

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Bye bye Amazon? Réponse à Pascal Demurger sur les organisations porteuses de sens

Il faut se pincer pour le croire. Dans un message posté sur LinkedIn, Pascal Demurger, DG de la MAIF, une mutuelle d’assurances, annonce qu’Amazon va mourir. Bigre! Et pourquoi? Parce que l’entreprise américaine n’est pas porteuse de sens! Taper sur Amazon est un sport très prisé en France, et ce message n’est certes qu’un épisode de plus en la matière. Mais il en dit plus long sur l’aveuglement de l’élite française que sur Amazon, et cela vaut la peine de l’examiner en détail pour comprendre à quel point une telle attitude nous coûte.

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Raison d’être des entreprises: tout ça pour ça!

On allait voir ce qu’on allait voir. La définition d’une raison d’être, article phare de la nouvelle loi PACTE, allait enfin fournir aux entreprises le compas moral dont elles ont tant besoin dans un monde qui change pour qu’elles prennent en compte les enjeux sociaux et environnementaux. Et bien on a vu… La montagne a accouché d’une souris, et les accusations de cynisme fusent. Les entreprises n’auraient pas joué le jeu. Mais le jeu avait-il un sens? Faut-il une raison d’être pour être? Rien n’est moins sûr.

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Entreprise à mission: Le piège à cons?

Estimant que la recherche de profit ne peut pas à elle seule justifier l’existence des entreprises, le gouvernement a donc décidé d’avancer sur une modification du code civil pour imposer la prise en compte des impacts sociaux et sociétaux de leurs décisions. Une chose semble certaine: forcer les entreprises à avoir une mission est loin d’être une bonne idée. Et si l’idée d’une entreprise à mission était un piège à con?

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