Commençons l’année par un petit coup de gueule qui est aussi une invitation à l’amour de son prochain…
Je me demande si le sous-développement français en matière d’innovation et d’entrepreneuriat ne tient pas à un manque profond de conscience qu’ont nos concitoyens de l’importance des réseaux sociaux dans les affaires. Je m’explique. Depuis quelques mois, mon entreprise cherche à développer des partenariats avec d’autres sociétés actives dans le même domaine. Le raisonnement est simple: nous développons un outil permettant de créer facilement de nouvelles interfaces utilisateurs pour les téléphones mobiles. Or, les téléphones comprennent de plus en plus de fonctions sophistiquées: graphisme Flash, 3D, texte prédictif, téléchargement, MP3, video, etc. De plus en plus, ces fonctions sont créées par des entreprises spécialisées, souvent de petite taille. Comme l’interface utilisateur, par définition, est le lieu où s’intègrent toutes ces nouvelles fonctions, il nous paraît naturel de travailler en amont avec ces entreprises, pour en quelque sorte les intégrer à l’avance à notre système.
Si je raconte ça, c’est parce que depuis quelques mois, nous contactons systématiquement les entreprises du domaine, et que j’ai constaté que 100% des entreprises françaises n’ont même pas daigné nous répondre. Le pompon est attribué à un VC que je connaissais et qui se trouve au conseil d’administration d’une startup que je visais. Je lui envoie donc un mail expliquant pourquoi le partenariat a un sens. Voici sa réponse:
Avant de revenir vers eux pourriez vous me faire parvenir :
-une Presentation
– une liste clients
Bien à vous,
C’est à dire que la question n’est pas "Ce partenariat aurait-il un sens?", mais "Combien de divisions?", ou plus directement "t’es qui, toi, pour me causer?". Résultat, comme nous sommes petits,et qu’en France c’est une tare, nous n’avons aucune chance de passer la barrière d’un examen en bonne et due forme (le-dit VC n’a d’ailleurs jamais répondu quand je lui ai, bêtement, adressé les renseignements demandés).
Dans le même temps, et c’est là que ça devient intéressant, avec la même approche, nous avons noué des partenariats avec des sociétés en Israël, aux Etats-Unis (dont certaines très grosses) et au Japon. Alors que ces entreprises se fichent de notre taille mais ne jugent que le résultat, nos amis français sont coincés dans des schémas stériles de respectabilité. Je m’explique mal en tout cas cette attitude, et j’ai du mal à en comprendre les raisons.
Les plus grosses entreprises américaines travaillent tous les jours avec de minuscules partenaires, car elles savent bien que c’est en général de là que vient l’innovation. Non seulement c’est plus rare en France, mais même les petites entreprises, dès qu’elles le peuvent, adoptent cette attitude de fermeture à l’égard de leurs congénères. Prenons conscience que l’innovation, de plus en plus, est affaire de réseau, et donc de partenariat, et l’innovation ne s’en portera que mieux en France.