Cool Bill

Une très intéresante interview de Bill Gates, patron de Microsoft, sur le site VNUnet belge. Une de plus direz-vous. Certes, on n’y apprend pas grand chose de nouveau, mais la modestie du personnage est stupéfiante. Quant on songe qu’il est l’un des hommes les plus riches du monde et qu’il a créé une entreprise qui domine de la tête et des épaules l’industrie informatique, voilà qui devrait servir d’exemple à quelques génies californiens. Et justement, quand on lui demande s’il n’a pas peur de Google, il répond malicieusement "Google? Mais de quel produit parlez-vous: GoogleTalk peut-être?". Et de s’amuser de voir que les mêmes qui pensaient que Microsoft pouvaient tout faire durant la décennie 1985-1995 pensent maintenant la même chose de Google. Des erreurs? Bien sûr qu’il en a commises, mais lui a la chance d’avoir des milliards en banque, alors il a un peu de marge de manoeuvre. Et de remarquer: "Tous les quatre à cinq ans, on nous donne pour mort". On pourra y voir là l’arrogance de celui qui a réussi et qui pense que plus rien ne peut l’atteindre, mais on se tromperait lourdement. Gates semble aussi sur ses gardes qu’il l’a toujours été. S’il estime que l’avantage de Google peut s’évaporer en quelques instants dès lors qu’un meilleur moteur de recherche apparaîtra, il développe son action tous azimuths. Par exemple, s’il réussit à signer avec AOL, Google aura perdu plus de 10% de son chiffre d’affaire, et ça sera mauvais pour le cours de son action. Il marque aussi des points dans la téléphonie mobile, les consoles de jeu, sans parler des PDAs et de la télévision Internet, après chaque fois des débuts difficiles qui ont fait rire ses concurrents.
Il y a cependant une question que j’aurais aimé posé à Gates, en partant d’une remarque simple: toute croissance exige de partir d’une innovation radicale, et la dernière innovation radicale de Microsoft date de 1995, c’était Windows. Depuis, rien que de la continuité. Fort bien executée, mais incrémentale néanmoins. N’estime-t-il pas inquiétant que le couple Windows+Office génère… 140% des bénéfices de son entreprise, c’est à dire que ses autres activités (jeux vidéos, serveurs, Internet) perdent tous de l’argent, et parfois énormément? On pourrait, sur cette base, arguer que Microsoft, en fait, bénéficie d’une formidable intertie due à son monopole de fait sur ce domaine, et qu’il n’a été capable de rien créer depuis. Alors, Microsoft en rentier?

Une réflexion au sujet de « Cool Bill »

  1. Microsoft Live c’est de l’innovation radicale, non? s’ils ne vendent plus de produits mais des services, il y a un vrai changement, non? La rupture est pour 2006.
    Reste a savoir si leur Business Model tient plus la route que celui de Google/Sun basé sur des services gratuits et la publicité.
    Et puis il y a aussi les DRM sur lesquel ils ont une bonne avance, si leur conception des solutions techniques de protection des droits l’emporte Microsoft aura une bonne situation.
    Des ruptures il y en a qui arrivent. Reste à savoir si cela va casser dans le sens de Microsoft ou non.

Les commentaires sont fermés.