Les oiseaux se cachent pour mourir, les fabricants de téléphones mobiles européens aussi. Et pourtant ils meurent en grand nombre. L’Europe est en train de se vider de ce qui fut, il n’y a pas si longtemps, un coeur technologique. Un comble pour le continent qui a inventé, et imposé au monde, le standard GSM. D’abord, c’est le fabricant japonais Mitsubishi qui décide, en avril dernier, de fermer son centre de recherche ouvert à Rennes. Déjà, en 2002, le groupe avait brutalement fermé son usine de production, supprimant un millier d’emplois.
Puis c’est Siemens. La rumeur courait depuis longtemps, mais la nouvelle finit par tomber, et Siemens revend son activité au taiwanais BenQ. Plus près de nous, et plus grave pour l’industrie française, c’est Alcatel qui annonce son retrait du marché. On se souvient qu’Alcatel avait déjà placé toute son activité dans une filiale commune avec le chinois TCL il y a un an. Mais fin juin, l’entreprise française décide de sortir totalement de la filiale en revendant sa participation à TCL. Dans les faits, Alcatel abandonne la conception et la fabrication de terminaux mobiles.
Et ce n’est pas tout! Le 29 juin, le petit, mais dynamique fabricant anglais Sendo, annonce qu’il est mis en liquidation et que Motorola, le deuxième fabricant de téléphones mobiles au monde, en rachète les actifs (équipes de R&D, brevets, etc.)
Voilà, quatre en moins en quatre mois, soit un par mois. On imagine l’impact sur toute la filière électronique, télécom et informatique de la disparition de ces grands donneurs d’ordres. C’est qu’il ne s’agit pas seulement de délocaliser la production en Chine: quand on ferme des centres de recherche et de développement, c’est une compétence qui disparaît.
On peut espérer que le rythme va baisser un peu, mais sans doute peut-être parce que les candidats se font plus rare. Heureusement, en France, il reste Sagem, qui se porte bien, ainsi que plusieurs filiales d’entreprises étrangères comme Motorola, Philips et Texas Instruments. Signalons également que LG, grand fabricant coréen, a ouvert un centre de recherche en France en décembre dernier, à contre-courant, et c’est tant-mieux. Autre européen, Nokia, bien sûr, semble s’être remis de ses récentes difficultés.
N’ignorons pas, toutefois, l’offensive asiatique dans ce domaine. En récent voyage en Asie, j’ai visité un grand magasin et je suis allé au rayon téléphones mobiles. La moitié des marques offertes étaient des chinois inconnus en Europe, et qui n’étaient pas en rayon l’année dernière. J’ai même trouvé des marques que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam. A des prix défiant toute concurrence naturellement. Pour leur résister, il faudra que les fabricants européens, ceux qui restent, aient une bonne stratégie…
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