Jeudi dernier 12 mai avait lieu le séminaire organisé dans le cadre de l’École de Paris du management, animé
par Daniel Rouach, Professeur à l’ESCP-EAP, Paris et au Technion, Israël, et spécialiste des clusters, technopoles et autres Silicon Valleys. Daniel Rouach venait présenter le résultat de recherches qu’il mène dans le domaine depuis plusieurs années, et qui a donné lieu en 2002 à la publication du livre Creating Regional Wealth in the Innovation Economy: Models, Perspectives and Best Practices.
Selon lui, il n’y a pas de modèle absolu, mais des pratiques ou facteurs qui assurent une réussite et une pérennité des technopoles. Ces facteurs sont: une université, une entreprise leader, des investisseurs, un esprit entrepreneurial, une action gouvernementale et une intelligence économique basée sur le réseautage. La distance physique est notamment identifiée comme un obstacle fort à l’épanouissement de la technopole. On peut également ajouter deux facteurs essentiels: l’infrastructure, notamment de transport, et la qualité de l’environnement. Si l’on prend l’exemple de Bangalore, des faiblesses notables sont notées concernant ces derniers points, ainsi que sur l’action gouvernementale (voir à ce sujet l’excellent article de The Economist du 23 avril intitulé The Bangalore Paradox). Ces faiblesses mettent en danger la pérennité de Bangalore, non pas nécessairement comme centre économique, mais comme cluster entrepreneurial.
D’autres exemples de technopoles réussies sont Cambridge, Israël, et Silicon Valley bien sûr. La discussion a naturellement tourné au cas de la
France qui semble si difficilement capable de développer de telles
technopoles à grande échelle, à l’exception notable de Grenoble, et
dans une moindre mesure de Sophia Antipolis. Il n’y a pas de raison
unique. Daniel Rouach remarque que la France ne sait pas utiliser la
diaspora française, pourtant importante, comme le font l’Inde ou
Israël. Beaucoup de français de l’étranger son partis en gardant une
mauvaise image de leur pays, sans savoir que les choses ont beaucoup
changé. Un travail d’échange et d’information sur
cette disapora devrait pouvoir efficacement les réconcilier avec leur
pays et leur permettre de contribuer au développement entrepreneurial
grâce à leur expérience. Autre faiblesse: l’isolation de la France des grands mouvements du monde. Autrefois à la pointe de la pensée et du changement, notre pays semble en effet se complaire dans une résistance au changement. De même, l’absence de culture du travail en équipe freine les échanges, source de progrès.
En résumé, on peut, et il ne faut pas clôner les Silicon Valleys, mais plusieurs grands principes assurent leur développement et leur pérennité, chacun avec leurs spécificités locales et culturelles. Autant les connaître.