Je fais ma part pour changer le monde: et si le colibri avait tort?

Face à la liste semble-t-il interminable des problèmes du monde, chacun est amené à se demander ce qu’il peut faire. Alors que nous discutions de l’effectuation avec un ami et que je défendais l’idée que pour changer le monde il vaut mieux viser petit, celui-ci me répondait: “Ah oui, c’est comme le colibri, je fais ma part!” En fait non, pas du tout, le colibri n’est pas du tout la bonne métaphore pour changer le monde.

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Les trois principes qu’utilisent les entrepreneurs pour contrôler leur prise de risque

Un des mythes les plus tenaces de l’entrepreneuriat est que les entrepreneurs aiment les risques. Demandez à n’importe qui dans la rue ou dans une salle de classe, et on vous dira “Un entrepreneur c’est quelqu’un qui est courageux, qui aime prendre des risques.” Or rien n’est plus faux. Les entrepreneurs n’aiment pas le risque, aucune étude n’a jamais montré cela. Ce que les études montrent, c’est que les entrepreneurs acceptent de prendre des risques, car ils reconnaissent que c’est nécessaire, mais qu’il essaient de les contrôler. Comment font-ils?

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Pourquoi il faut créer une science de l’artificiel

Nous vivons dans un monde très largement artificiel. Vous en avez certainement conscience en lisant cet article sur votre téléphone, votre tablette ou votre ordinateur, installé dans une chaise ou un fauteuil, dans une maison, un immeuble ou dans le train. Nous sommes entourés d’une myriade d’objets artificiels, des artefacts (du latin factum, faire, et ars, artis pour artificiel). Même des choses qui nous semblent naturelles sont artificielles: un champ de blé cultivé est artificiel, il n’existe pas à l’état de nature; les pommes et les tomates que nous mangeons sont artificielles, elles n’ont rien à voir avec ce que mangeaient nos ancêtres et même nos grands-parents il y a seulement quarante ans. Un paysan du Larzac ou un agriculteur bio eux-mêmes vivent dans un univers largement aussi artificiel qu’un céréalier de la Beauce. Tous les trois seraient des extra-terrestres pour nos ancêtres.

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Risques, opportunités : et si nous changions nos modèles mentaux ?

J’étais invité à donner la conférence d’ouverture des Entretiens Enseignants Entreprises qui se tenaient à l’École Polytechnique le 27 août dernier. Le thème de la conférence était “Risques, opportunités et vice versa.” Ces deux termes, risque et opportunité, sont au cœur de la pensée économique et surtout entrepreneuriale. Or ils sont problématiques dans la façon dont ils sont principalement compris aujourd’hui. Je propose dans ce qui suit de montrer comment ils sont liés l’un à l’autre et surtout vous proposer une autre façon de les concevoir ; autrement dit j’aimerais vous inviter à changer vos modèles mentaux sur ces deux concepts.

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Vaut-il mieux échouer en visant haut que réussir en visant bas? Pas si sûr!

Mon attention a été attirée un peu par hasard par la déclaration d’un entraîneur d’une équipe de football américain qui disait en substance, apparemment à la veille d’un match important: “Il vaut mieux échouer en visant haut que réussir en visant bas.” Comme très souvent, de telles déclarations sont prononcées sur le ton de l’évidence et cachent un modèle mental ignoré par leur auteur, modèle dont on peut tout à fait prendre le contre-pied: et si, au contraire, il valait mieux réussir en visant bas qu’échouer en visant haut? C’est particulièrement important management en général et en entrepreneuriat en particulier.

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Mobiliser l’entrepreneuriat au service de la transformation organisationnelle: oui mais comment?

La question de la transformation organisationnelle continue de représenter un défi qui semble parfois insurmontable pour les grandes organisations confrontées aux changement profonds de leur environnement. Elles sont conscientes qu’il faut changer, font d’importants efforts pour cela mais souvent sans grand résultat. Ces dernières années, ayant fait le constat que les grands plans stratégiques soigneusement orchestrés suivant une logique apparemment impeccable ne menaient à rien, elles se sont tournées vers l’entrepreneuriat et toutes ses variantes (hacking, lean startup, etc.) avec une idée qui semble elle aussi très logique: dans une époque plus entrepreneuriale, la clé de la transformation organisationnelle c’est que nos collaborateurs deviennent plus entrepreneuriaux. Mais là encore les résultats sont décevants. Non seulement les grandes organisations tuent l’initiative entrepreneuriale à petit feu mais surtout, l’expérience montre que l’initiative entrepreneuriale même réussie ne contribue que modestement à la transformation. Il faut mobiliser l’entrepreneuriat de façon différente. Mais comment?

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Les entrepreneurs sont-ils des explorateurs?

J’intervenais récemment dans un séminaire d’innovation où l’un des participants soulignait la particularité de l’entrepreneuriat et de l’innovation en prenant comme métaphore celle de Christophe Colomb partant découvrir l’Inde et finissant en Amérique. Colomb cherchait quelque chose qu’il n’a pas trouvé, il a trouvé quelque chose qu’il ne cherchait pas, et le trajet a été incertain et assez stressant. La métaphore semble bien convenir à la démarche entrepreneuriale classique, mais elle souffre d’un défaut majeur: l’entrepreneuriat n’est pas une question de découverte, mais de création.

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Pour en finir avec le “servant leader”: vive l’ego!

Faut-il en finir avec l’ego surdimensionné des managers? La question peut se poser lorsqu’on voit les effets dévastateurs que l’egotisme, défini comme une opinion exagérée de sa propre importance, continue d’avoir sur les organisations qui y laissent libre cours. En réaction à ces excès, certains experts ont développé la notion de servant leader, suivant laquelle le leader doit nier son ego et se mettre au service des autres. A l’heure où les individus deviennent plus autonomes et mieux éduqués, une telle notion paraît logique. Et pourtant, la seule solution aux ravages de l’égotisme serait-elle la censure de son ego et le sacrifice à la cause commune? Loin s’en faut car le servant leadership pose autant de problèmes qu’il en résout.

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Redéfinir le concept de vision dans un monde incertain: la vision comme modèle mental

L’une des choses les plus difficiles à faire admettre lorsque je présente l’effectuation (la logique d’action des entrepreneurs) est qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une vision pour piloter son organisation. On m’oppose souvent l’argument qu’il faut bien avoir une “Étoile polaire” pour guider l’action des collaborateurs et qu’une telle direction est particulièrement nécessaire dans un monde incertain. Je pense que c’est précisément le contraire. Mais surtout, dans un tel monde, c’est la notion même de vision qu’il faut redéfinir tant la façon dont elle est définie traduit une conception du monde qui n’existe plus.

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We don’t need another method: l’effectuation ou l’approche suffisante

L’une des choses sur lesquelles j’insiste lorsque je présente l’effectuation, la logique des entrepreneurs, est qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle méthode au sens où on l’entend d’habitude, c’est dire d’une démarche systématique permettant au moyen d’étapes clairement définie d’arriver à un but donné. Plus important, les principes mêmes de l’effectuation font qu’elle se glisse aisément dans l’existant et ne vous demandent pas de renoncer aux méthodes que vous utilisez. Elle peut donc être adoptée sans risque.

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