Hewlett Packard: l’Etat français en plein délire

Pardonnez-leur, Seigneur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Alors que Clara Gaymard, de l’Agence Française pour les Investissements Internationaux, parcourt le monde pour convaincre les investisseurs étrangers que la France est un bon endroit pour eux, voilà que le gouvernement donne le signal contraire en se lançant dans une guerre pichocoline avec Hewlett Packard. On sait que HP, dans une mauvaise passe, veut licencier environ 1.200 personnes en France. Evidemment, c’est un choc pour la région de Grenoble où l’entreprise américaine est installée depuis très longtemps. Il est normal que les autorités s’émeuvent d’un tel plan social et fassent leur possible pour en limiter les effets. On peut se demander toutefois si la méthode choisie par l’Etat français, Dominique de Villepin en tête, tout ému d’avoir à dire des choses dans un domaine dont il ignore tout, l’économie, est la bonne.
Tout d’abord, c’est Jacques Chirac, grandiloquent, qui menace de porter l’affaire auprès de la commission européeenne. Laquelle s’empresse de déclarer qu’elle est incompétente sur la question, ce que tout le monde, Jacques Chirac le premier, savait de toute façon. Fin de l’épisode "pétard mouillé", mais le message "voyez, j’ai tout essayé" est peut-être passé. Ensuite, c’est Dominique de Villepin, donc, qui menace de demander à HP de rembourser les aides à l’emploi. Pas bête, au fond: si on a donné des aides à l’emploi, et que l’entreprise licencie, il serait logique d’en demander le remboursement. Oui, sauf que nous sommes, encore pour quelques temps, dans un état de droit, et que si les autorités qui donnent ces aides ont fait leur travail, elles les ont données sur un certain nombre de critères dont on imagine bien qu’ils ont été respectés par HP. Ces aides sont dues, et comme on disait dans les cours de récré, "donner c’est donner, reprendre c’est voler".
Au delà de cette discussion crypto-juridique pathétique, on peut se demander si le gouvernement a réfléchi à l’image calamiteuse qu’il renvoie à la communauté internationale sur notre attitude envers l’investissement étranger. L’Etat français peut certainement jouer les bulldozers au mépris du droit, du bon sens et des principes pour obtenir gain de cause, comme il l’a montré vis à vis des groupes pétrolier sommés comme de vulgaires administrateurs appointés de baisser leurs prix, mais cette violence a un prix. Désormais, les investisseurs étrangers, voués aux gémonies et présentés en permanence comme des rapaces suçant le sang des bons français, y réfléchiront à deux fois avant d’investir en France. A l’heure ou Toyota crée un millier d’emplois dans le Nord – encore mille victimes de la mondialisation-, ça n’est pas rien. A l’heure où les groupes français multiplient les investissements à l’étranger, comme en témoigne le rachat d’Electrabel par Suez, cette attitude témoigne d’une hypocrisie malheureuse. Le gouvernement joue les apprentis sorciers en usant d’une xénophobie de moins en moins subtile, et nous en paierons le prix fort rapidement.

Une réflexion au sujet de « Hewlett Packard: l’Etat français en plein délire »

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    Dans un entretien accordé au journal les Échos, Dominique de Villepin estime quil serait «normal que Hewlett Packard rembourse les aides publiques spécifiques dont elle a p…

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