La création de nouveaux marchés comme conséquence involontaire de l’action des entrepreneurs?

L’Effectuation, logique des entrepreneurs, explique que ceux-ci ne démarrent en général pas avec une vision claire de leur futur marché, ou que s’ils le font, celle-ci change considérablement au cours du processus de développement du projet. Autrement dit, et pour reprendre l’expression de l’économiste Friedrich Hayek, le marché final, ainsi que l’entreprise et le produit créés, sont la conséquence de l’action humaine, mais pas de son intention. Examinons cette question plus en détail.

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L’année zéro du libéralisme français

L’élection présidentielle qui vient de se clore a été singulière au moins sur un point: Tous les candidats du premier tour, sans exception, défendaient l’idée que l’Etat était la solution de la crise actuelle. Tous. Jamais la pensée politique n’avait été aussi unanime. Nous avons eu l’étatisme marxisto-chaveziste (Mélanchon, Poutou et Harteaud), l’étatisme keynésien (Hollande), l’étatisme vert (Joly), l’étatisme centriste (Bayrou), l’étatisme souverainiste (Dupont-Aignan), l’étatisme caporaliste (Sarkozy), et l’étatisme tribal (Le Pen). Sans oublier bien sûr l’étatisme lunaire de Jacques Cheminade, sorte de cerise comique sur un gâteau tragique.

Assez logiquement, le deuxième tour a opposé deux candidats qui, au final, tirent un diagnostic identique de notre situation. Le premier, Nicolas Sarkozy, a fait passer quelques réformes d’essence libérale mais s’est définitivement converti au dirigisme économique à partir de la crise de 2008, et au tribalisme le plus cru une fois connu le score du Front national au premier tour. Le second, François Hollande, est un social démocrate qui voit dans l’Etat la force motrice de la société.

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Qu’est-ce qu’un marché? Allocation, découverte, création: les trois conceptions

D’où viennent les marchés? Plus spécifiquement, quel est le mécanisme qui transforme l’information nouvelle (invention, découverte, imagination, etc.) en un bien économique? C’est une question fondamentale et pourtant très peu abordée par les économistes. Pour reprendre l’expression de l’économiste Kenneth Arrow, “Bien que nous ne soyons pas explicite à ce sujet, nous postulons réellement que lorsqu’un marché peut être créé, il le sera.” En particulier, les marchés sont traditionnellement supposés exister de manière exogène dans la pensée économique classique, une approche qui est largement reprise dans la pensée stratégique et marketing. Il en résulte que bien que la notion de création de marché ne soit pas explicitement rejetée, la littérature parle en grande majorité d’ouverture de marché, déplaçant la problématique de la création à l’entrée sur le marché. L’alternative est la suivante : Ou bien les nouveaux marchés existent de facto de manière exogène et la question est celle de savoir comment on “entre” sur ces marchés (approche classique), ou bien les nouveaux marchés émergent à la suite de l’évolution technologique et institutionnelle d’une population d’acteurs engagés dans un processus adaptatif et itératif au sein d’un environnement changeant. Trois théories du marché se distinguent logiquement: le marché comme un processus d’allocation, le marché comme un processus de découverte et le marché comme un processus de création. Examinons ces trois théories à la suite.

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