Les grandes écoles de commerce et le dogme de la recherche: Ne pas se tromper de question

Un article récent de EducPros écrit par Jean-Claude Lewandowski évoquait les questions que se posent certaines écoles de commerce quant à la pertinence d’un modèle de plus en plus orienté vers la recherche. La FNEGE repose la question dans son rapport en 2017. Je me suis déjà fait l’écho des limites du modèle actuel dans un article précédent. Mais il me semble qu’il ne faut pas poser le débat en termes de recherche/non recherche, car tout établissement supérieur devrait faire une forme de recherche, mais plutôt se demander quelle recherche on veut.

(suite…)

La grande rupture qui menace (plus que jamais) les écoles de commerce

Dans un billet précédent, j’évoquais la grande rupture qui menace les écoles de commerce, à savoir l’enseignement en ligne via Internet. J’observais, sur la base de récentes expériences aux Etats-Unis, que les nouvelles technologies sont désormais suffisamment mûres pour permettre le développement d’un enseignement de masse à faible coût, voire gratuit, qui représente une menace majeure pour les écoles de commerce si elles ne réagissent pas (en fait, toute les écoles traditionnelles, mais je limite mon propos au domaine que je connais, celui des écoles de commerce.) Voyons comment se développe ce processus.

(suite…)

La grande rupture qui menace les écoles de commerce (et les autres)

Un spectre menace les écoles de commerce, le spectre du low cost. Victimes de leur succès, les écoles de commerce sont lancées sur une trajectoire de fuite en avant vers le haut de gamme qui conduit à leur mort, en tout cas dans leur forme actuelle. Pour comprendre le mécanisme infernal, il faut étudier plus en profondeur le modèle économique de ces écoles.

Pendant longtemps en France, les écoles de commerce ont fonctionné avec un modèle économique simple: très proches du service public, elles étaient financées par les chambres de commerce. Principalement consacrées à l’enseignement, les écoles fonctionnaient avec des budgets peu élevés et des frais de scolarité également faibles. Deux phénomènes se sont combinés pour bouleverser la donne: le premier est l’internationalisation des écoles, qui ont cherché à attirer des étudiants étrangers pour soutenir leur croissance. Il en est résulté une concurrence accrue des écoles au niveau mondial pour attirer les meilleurs étudiants. En France, cette concurrence a fait exploser au milieu des années 90 l’oligopole qui existait entre le petit groupe des écoles “Parisiennes” – HEC, ESSEC, ESCP et EM-LYON. Soudainement, HEC s’est rendue compte que son concurrent n’était pas ESSEC, mais INSEAD – qui bien que française n’avait jamais figuré dans un classement français – ou la London Business School, plus facile d’accès qu’HEC depuis Paris. Surprise stratégique de taille. Branle-bas de combat et cap sur l’internationalisation à marche forcée.

(suite…)

“From higher aims to hired hands” – La transformation sociale des écoles de commerce américaines

“From higher aims to hired hands: The social transformation of American business schools and the unfulfilled promise of management as a profession” de Rakesh Khurana est un livre passionnant sur les écoles de commerce américaines, de leurs origines à leur situation actuelle. Les écoles américaines sont nées à la fin du XIXe siècle pour répondre au besoin d’administrateurs suite au formidable développement industriel et à l’essor de la grande entreprise. Au début ce sont des écoles professionnelles, centrées sur l’apprentissage de connaissances techniques et pratiques. Le grand débat de l’époque est de savoir si elles doivent rester ainsi ou se rapprocher des universités et constituer une nouvelle discipline en prenant modèles sur les disciplines traditionnelles.

(suite…)