Le marché comme une institution vivante: Pourquoi il faut réhabiliter Adam Smith

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Interrogez n’importe qui ayant quelques connaissances en économie sur Adam Smith, et on vous dira probablement que le grand économiste est le symbole du capitalisme débridé et déshumanisé, avec sa fameuse “main invisible”, qui semble nous transformer en machines à la merci d’un mécanisme qui nous échappe, et sa promotion de l’égoïsme. C’est l’idée que j’en ai moi-même eu pendant longtemps. Et pourtant, cette vision ne reflète pas ses écrits qui ont au contraire promu le marché comme une institution vivante gouvernée par une éthique. Compte tenu de son importance dans la pensée économique, et à l’heure où le rôle sociétal de l’entreprise et du marché est en question, il est important que le débat ne soit pas basé sur une caricature de sa pensée.

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L’erreur de Mandeville et ses abeilles: éthique individuelle et bien commun

Je suis tombé pendant mes lectures d’été sur un texte très intéressant de Gilles Martin consacré au bien commun qui oppose Robespierre et Bernard Mandeville, l’auteur de la fameuse Fable des abeilles. La question posée est la suivante: êtes-vous plutôt Robespierre, pour lequel le bien commun doit être défini par un dictateur vertueux (la vertu comme principe premier), ou Mandeville, pour lequel le bien commun résulte du vice des individus auquel on laisse libre cours (le vice comme principe premier)? Naturellement, dès qu’on m’offre un choix binaire, je sors mon clavier et je réponds “Ni l’un ni l’autre mon général”.

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Éthique du soldat, éthique du marchand: à propos du sacrifice du Colonel Beltrame

Comme beaucoup de nos compatriotes, j’ai été très ému par le sacrifice du Colonel de Gendarmerie Arnaud Beltrame qui s’est offert pour remplacer une femme otage au supermarché de Trèbes il y a quelques semaines. Tous les commentateurs ont souligné à juste titre la grandeur du geste. Qu’on ait appris ensuite qu’il ne s’était pas simplement sacrifié mais avait tenté de maîtriser le terroriste ne fait qu’ajouter au respect qu’on lui doit. Le discours prononcé par Emmanuel Macron à l’occasion de l’hommage national qui lui a été rendu était juste, superbement rédigé et il n’y a rien à ajouter. A part quelques imbéciles, l’hommage a été unanime. Maintenant que l’émotion est retombée, nous pouvons toutefois nous interroger sereinement sur l’exemple que ce sacrifice nous donne.

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