Petite victoire et transformation: Pourquoi il faut partir de l’expérience vécue

Une des plus grandes frustrations ressenties par ceux qui veulent faire bouger un collectif (organisation ou société) est que, bien qu’ils soient persuadés d’avoir raison, ils ont du mal à entraîner les autres dans l’action. Penser ainsi qu’il suffit d’avoir raison pour que tout le monde soit d’accord avec nous et nous suive est malheureusement faire preuve de naïveté, et surtout ignorer les enseignements de la sociologie pourtant déjà anciens. L’engagement dans l’action n’est en effet que très partiellement une question d’idée avec laquelle nous sommes d’accord. Nous ne comprenons en général les choses qu’en fonction de notre expérience vécue, c’est-à-dire de ce avec quoi nous sommes familiers. La prise en compte de cet aspect de la transformation est clé.

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Faire la peau à la bureaucratie: Et si c’était la mauvaise question?

J’étais interrogé il y a quelques jours par une journaliste au sujet de la bureaucratie qui, semble-t-il se développe beaucoup dans les grandes entreprises et empoisonne leur existence, ralentissant leur fonctionnement et démobilisant leurs collaborateurs. Certes, l’enjeu est d’importance à l’heure de la crise où tout le monde doit être sur le pont dans un environnement qui change rapidement. Mais je ne crois pas qu’attaquer la bureaucratie soit la bonne approche.

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Résister au prêt-à-penser managérial: la petite musique de la sociologie va-t-elle s’éteindre?

Dans un très beau texte publié sur LinkedIn, le sociologue François Dupuy dresse un constat désabusé sur son métier. Selon lui, la “petite musique” de la sociologie, qui fut tant appréciée par son auditoire tout au long de sa carrière, va bientôt s’éteindre, victime à la fois du prêt-à-penser qui engloutit la pensée managériale et du manque d’intérêt des chercheurs pour le monde de l’entreprise. Si je partage en partie ce constat, j’explique dans ce qui suit pourquoi je ne suis pas aussi pessimiste quant à la possibilité de garder vivant une pensée du management, mais à condition qu’elle se mette au service de l’action.

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Le nouvel esprit de la sociologie, à propos de l’ouvrage d’Eve Chiapello et Luc Boltanski

Il y a des ouvrages dont on aborde la lecture avec gourmandise car on s’attend à ce qu’ils modifient au moins partie votre vision du monde. Le “Nouvel esprit du capitalisme”, l’ouvrage d’Ève Chiapello et Luc Boltanski paru il y a déjà quelques années mais que je viens seulement d’avoir le courage de lire, n’est malheureusement pas de ceux-là. Si l’ouvrage ne nous apprend pas grand-chose de l’esprit du capitalisme que Fernand Braudel n’avait écrit, il nous apprend en revanche beaucoup sur l’esprit de la sociologie française.

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