Open source = communisme = frein à l’innovation? Interview de Bill Gates
Nous y voilà, notre ami Bill Gates a pété les plombs. Dans un entretien avec CNET, Bill est interrogé sur le droit de la propriété intellectuelle, bien évidemment à la lumière du développement de l’open source, mais aussi du “piratage” audio et vidéo sur le Net. Et voici ce que Bill déclare:
(…)There are fewer communists in the world today than there were. There are some new modern-day sort of communists who want to get rid of the incentive for musicians and moviemakers and software makers under various guises. They don’t think that those incentives should exist.
Ainsi donc, le développement du libre équivaut à une re-institution rampante du communisme dont nous pensions bien pourtant nous être débarrassés. Adam Smith avait montré il y a longtemps que le système capitaliste est basé sur l’égoïsme individuel, et que cet égoïsme basé sur l’appât du gain profite à l’intérêt général en favorisant l’initative et l’innovation et en créant de la richesse. De là à conclure que sans appât du gain, il n’y a plus d’innovation possible, il y a un pas que Bill franchit allégrement, mais à tort, et ce pour plusieurs raisons.
D’abord parce que toutes les études montrent que les innovateurs et entrepreneurs ne sont pas, avant tout, motivés par l’argent. Bien sûr, une jolie carotte en bout de course fait saliver tout le monde, mais ce n’est pas la motivation première. Beaucoup sont motivés par leur ego, par l’envie de gloire, par le désir de construire, d’agir sur le monde, par le style de vie, enfin bref plein de raisons psychologiques plus ou moins avouées. Il n’y a qu’à visiter SourceForge, la base centrale de tous les développements Open Source, pour constater la qualité incroyable des logiciels qui y sont développés par des gens qui ne reçoivent pour cela pas un seul centime. Cela prouve que créativité et innovation ne sont en rien freinés par l’absence de rémunération. Ensuite, parce qu’une partie très importante de la création mondiale de connaissance se fait par des gens relativement peu rémunérés pour cela: les universitaires.
La vérité, et la raison pour laquelle Bill est nerveux, c’est que sans doute pour la première fois, Microsoft est en face d’une rupture d’un genre nouveau, et que Bill sent qu’il y a grand danger. L’Open Source est une menace majeure pour Microsoft, car il représente, non pas une concurrence à laquelle Microsoft pourrait répondre comme il l’a toujours fait, mais une approche radicalement nouvelle de l’informatique. Dénoncer les barbares est une réaction ultra-classique de la firme établie attaquée par une innovation radicale qui la laisse désemparée.
Le lien vers l’entretien : Bill Gates @ CNET