L’entrepreneur et le politique, ou comment l’audition de Mark Zuckerberg pose la question du rôle de l’entreprise dans la société

Ainsi donc les rieurs en ont eu pour leur argent la semaine dernière lorsque la représentante américaine Alexandria Ocasio Cortez (AOC pour les intimes) a auditionné Mark Zuckerberg, le fondateur et dirigeant de Facebook, au sujet des fameuses ‘fake news’ que son service est accusé de propager trop facilement. La séance a été assez intense et Zuckerberg ne s’en est pas vraiment bien sorti. Beaucoup y ont vu l’humiliation d’un patron cynique minant la démocratie par une brillante défenseure de la démocratie, et s’en sont réjoui. Mais derrière le théâtre des auditions, on peut y voir bien autre chose, notamment un nouvel épisode du combat entre politique et marchands, et plus généralement de la question ancienne de la répartition des rôles entre l’État et les entreprises privées. Cessons de rire bêtement quelques minutes, et intéressons-nous à ces questions fondamentales.

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Mobiliser l’entrepreneuriat au service de la transformation organisationnelle: oui mais comment?

La question de la transformation organisationnelle continue de représenter un défi qui semble parfois insurmontable pour les grandes organisations confrontées aux changement profonds de leur environnement. Elles sont conscientes qu’il faut changer, font d’importants efforts pour cela mais souvent sans grand résultat. Ces dernières années, ayant fait le constat que les grands plans stratégiques soigneusement orchestrés suivant une logique apparemment impeccable ne menaient à rien, elles se sont tournées vers l’entrepreneuriat et toutes ses variantes (hacking, lean startup, etc.) avec une idée qui semble elle aussi très logique: dans une époque plus entrepreneuriale, la clé de la transformation organisationnelle c’est que nos collaborateurs deviennent plus entrepreneuriaux. Mais là encore les résultats sont décevants. Non seulement les grandes organisations tuent l’initiative entrepreneuriale à petit feu mais surtout, l’expérience montre que l’initiative entrepreneuriale même réussie ne contribue que modestement à la transformation. Il faut mobiliser l’entrepreneuriat de façon différente. Mais comment?

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Facebook vaut-il $50 milliards?

Voilà que revient l’une des grandes questions qui avaient agitées le monde Internet: quelle est la valeur d’une start-up qui n’a encore que peu de chiffre d’affaire? Facebook a récemment levé de l’argent sur une valorisation équivalent à… 50 milliards de dollars, soit un peu plus que celle de France Télécom. Est-on là encore dans une bulle?

Impossible bien sûr de juger du chiffre lui-même, mais ce qu’il faut souligner c’est que Facebook est bien plus qu’un service de page personnelles. C’est d’abord cela, bien sûr, et c’est ensuite un nombre phénoménal de membres. Mais c’est aussi une plate forme logicielle très sophistiquée sur laquelle des tiers peuvent développer des applications. Au fond, Facebook c’est un système d’exploitation en réseau. On a peine à imaginer la sophistication des applications que l’on peut y développer, mais quand on sait que Facebook peut leur ouvrir non seulement les données des membres, mais également l’histoire des connexions de ceux-ci, le potentiel est énorme. Il ne faut donc pas comparer Facebook à ce qu’a pu être MySpace, un site communautaire classique qui est désormais moribond, mais à Microsoft. Au fond, Facebook, c’est le successeur de Windows qui n’a pas su prendre le virage du monde connecté. Alors 50 milliards, peut-être pas, ou pas encore, mais beaucoup de valeur très certainement. Un autre élément de comparaison possible est l’iPhone, et surtout l’iPad, qui eux aussi ont prétention à fournir des applications dynamiques et fortement connectées, mais qui ne s’appuient pas sur une communauté. La force de Facebook est de fournir à la fois la plate forme et les membres, le magasin est déjà rempli en quelque sorte.

“Facebook n’aurait jamais du gagner: c’est MySpace qui a foiré”

Confidence très intéressante de Sean Parker, ancien président de Facebook. Pourquoi Facebook a réussi là où Friendster et Myspace ont échoué, bien que ces derniers aient été des pionniers, démarrant bien avant Facebook? On serait tenté de penser que cela est dû à une meilleure stratégie, une meilleure approche marketing ou une meilleure qualité du site. Pas du tout répond Sean Parker: “Facebook n’aurait jamais du gagner: c’est MySpace qui a foiré”.

On ne s’en souvient pas forcément, mais il y a encore quelques années, MySpace était le centre du Web, comme l’est Facebook aujourd’hui. La rapidité de sa disparition est stupéfiante et illustre bien la fragilité de l’avantage concurrentiel dans ce domaine.

Si Facebook a réussi c’est donc simplement parce que Friendster et Myspace ont gaspillé leur avance initiale par une mauvaise gestion. Il serait intéressant d’approfondir la question. Voilà, ce qu’il y a de bien avec l’innovation c’est qu’on peut réussir aussi simplement parce que vos concurrents sont mauvais… Méfiez-vous donc du prochain livre qui vous expliquera pourquoi les fondateurs de Facebook sont géniaux.