Construire l’organisation pour l’incertitude: le modèle de leadership de l’armée allemande d’avant guerre

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Comment une organisation peut-elle non seulement se protéger de l’incertitude, mais surtout en tirer parti? La question est d’une actualité brûlante de nos jours. Elle préoccupe nombre de stratèges, sautant d’une crise à l’autre dans un monde devenu très instable et riche en surprises. Une source d’inspiration, peut-être inattendue, est l’armée allemande qui a construit, à partir de la fin du XIXe siècle, un modèle très puissant pour former ses soldats à faire face à l’inattendu.

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Éduquer pour un monde incertain: et si la clé, c’était d’apprendre à donner un sens?

Aujourd’hui professeur dans une école de commerce, il m’arrive régulièrement d’être sollicité par des amis, ou des amis d’amis, sur les études que leurs enfants devraient faire. Impossible bien-sûr de répondre directement par tel ou tel diplôme, mais la vraie question qui se pose derrière, en fait, est celle de savoir pourquoi on fait des études. Et elle n’est pas aussi simple qu’elle en a l’air. Elle a pris une importance particulière dans le monde incertain, caractérisé par l’obsolescence rapide des connaissances, des industries et des métiers.

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Covid-19: Tirer les leçons, mais de quoi?

Tout le monde est d’accord: il faut tirer les leçons de l’épidémie de coronavirus. Mais quelles leçons? Tirer les leçons d’un événement complexe n’est pas évident, et dans un monde de surprises, la prochaine catastrophe risque bien de ne rien avoir à voir avec celle que nous vivons. Dès lors, le véritable risque est de se préparer à la dernière guerre, la volonté d’apprendre d’une catastrophe créant les conditions pour la prochaine ou pire, d’être aveuglé par nos modèles mentaux.

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Le praticien réflechissant: apprendre de la pratique

Il y a quelques temps, un ami a vécu une expérience intéressante au sein de sa start-up. Il a vendu une licence à un client, et le retour client n’a pas été très bon. En substance, le client se plaint de la complexité du logiciel et des bugs qu’il rencontre. Ce fut très surprenant, car le même logiciel est par ailleurs utilisé en environnement de production “intensif” par d’autres clients, qui leur sauteraient dessus à la moindre bug; or le front est calme de ce côté-là. La réaction des commerciaux, fort naturelle, fut de demander à l’équipe de développement d’améliorer son processus de test lors de la sortie du produit, et de travailler à une interface plus intuitive, et de demander au support d’améliorer les documentations, la formation, etc. Rien que de très classique me direz-vous. Oui, sauf que ce n’est pas la bonne manière de réagir. La bonne manière consisterait d’abord, comme le suggère Donald Schon dans “The reflective Practitioner” (le praticien réfléchissant, pas disponible en français), à formuler correctement le problème. Seulement lorsque cela est fait peut-on établir un diagnostic. En l’occurrence, une manière plus correcte de formuler le problème n’est pas de dire “Le client se plaint qu’il y ait des bugs et que le logiciel soit compliqué”, mais “le client, avec les moyens dont il dispose, trouve difficile l’utilisation du logiciel, et en plus il rencontre des bugs que d’autres clients ne rencontrent pas.” Cette formulation est meilleure car elle fait intervenir la particularité du client dans la réflexion.

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