Transformation: Face aux grands problèmes, faut-il être radical?

J’étais interrogé il y a quelques temps par un journaliste “engagé” sur les questions écologiques. Nous évoquions la façon de répondre aux grands défis de la planète. Alors que je défendais une approche par petites victoires à partir de la théorie entrepreneuriale de l’effectuation, il a fini par s’écrier : “Je trouve cette approche intéressante, mais quand-même, face à l’ampleur des problèmes, nous pensons qu’il faut être radical.” Eh bien, je ne crois pas, même si cela semble très logique.

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Déjouer la rationalisation de l’impuissance: Respect ou complaisance?

La plupart des groupes qui ont du mal à changer ou qui sont bloqués par un problème finissent par rationaliser leur impuissance. Dans un article précédent, j’ai évoqué comment une approche par petites victoires pouvait permettre de déjouer cette rationalisation. Mais parfois, avant même de pouvoir engager ces petites victoires, il faut amener le groupe à abandonner le discours même de rationalisation dans lequel il s’enferme. Un épisode vécu par le sociologue Saul Alinsky illustre la forme que cela peut prendre, et souligne l’importance du respect dans cette approche de transformation, mais aussi de ne pas confondre respect et complaisance.

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Sortir de l’ordinaire: face à la crise, puiser notre énergie dans le quotidien et non dans l’idéalisme

Comment un collectif – famille, entreprise ou société toute entière – peut-il résister à un choc aussi profond et durable que celui de la Covid-19 sans se disloquer? Comment peut-il se reconstruire en évitant la polarisation entre extrêmes? La question n’est pas simple, mais elle n’est pas nouvelle. Des années 20 aux années 50, dans un monde transformé par la révolution et la guerre, les idéologies extrêmes de gauche et de droite ont alimenté des espoirs utopiques et des craintes dystopiques. Durant cette période en Grande-Bretagne, un groupe informel d’écrivains, d’artistes, de photographes et de cinéastes parmi lesquels George Orwell s’est efforcé de répondre en forgeant une politique résistant aux idéalismes vides et aux abstractions totalisantes de leur époque. Leur conviction était que les gens qui vaquent à leurs occupations quotidiennes possèdent la perspicacité, la vertu et la détermination nécessaires pour construire une bonne société. Dans leurs poèmes, romans, essais, films, peintures et photographies, ils ont témoigné de la capacité des gens ordinaires à surmonter les contradictions supposées insolubles entre tradition et progrès, patriotisme et diversité, droits et devoirs, nationalisme et internationalisme, conservatisme et radicalisme. Ce mouvement ne s’étant jamais structuré, il a fini par se disperser mais a gardé une influence durable. A l’heure où les extrêmes menacent à nouveau, sa pensée mérite d’être redécouverte et il offre une piste pour échapper à l’impuissance.

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Transformer le monde: quelle leçon tirer de l’aveu d’impuissance de Nicolas Hulot?

Dans une interview à “Paris Match” il y a quelques jours, Nicolas Hulot revenait  sur son passage express au ministère de la transition écologique en 2018. Il avait démissionné après quelques mois seulement, estimant qu’il n’arrivait pas à faire passer ses idées et qu’il n’était qu’un exécutant tenu à l’écart des grandes décisions. Cet aveu d’impuissance, surprenant pour quelqu’un d’aussi engagé et populaire, peut fournir une leçon importante à ceux qui veulent vraiment changer le monde.

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Choisis ton camp camarade! Pourquoi diviser le monde en deux nous empêche de le transformer

J’étais interrogé il y a quelques jours par une journaliste sur la notion de collapsologie. Je reviendrai dans un futur article sur les réflexions que m’ont inspirées cet échange mais ce qui m’a frappé c’est que la question initiale a consisté à me demander dans quel camp je me situais: les optimistes ou les collapsologues? J’ai refusé de choisir mon camp, et je crois que dans le monde de plus en plus polarisé qui est le nôtre, un tel refus est de plus en plus nécessaire. Cela ne signifie nullement s’interdire d’agir pour le transformer, bien au contraire. Alors, comment changer le monde sans choisir de camp?

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Le colibri a toujours tort: pour changer le monde, faire sa part ou faire le nécessaire?

Dans un article précédent j’évoquais la légende du colibri, qui “fait sa part” pour lutter contre l’incendie de la forêt. Je montrais pourquoi je pensais qu’il est loin d’être un exemple à suivre pour résoudre les grands problèmes que nous connaissons. L’article a suscité pas mal de réactions et une série d’échanges très intéressants dans les commentaires. Ces échanges m’ont inspiré un certain nombre de réflexions complémentaires que je partage ci-dessous, à propos de la question que se pose chacun d’entre nous: que puis-je faire pour changer monde?

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Je fais ma part pour changer le monde: et si le colibri avait tort?

Face à la liste semble-t-il interminable des problèmes du monde, chacun est amené à se demander ce qu’il peut faire. Alors que nous discutions de l’effectuation avec un ami et que je défendais l’idée que pour changer le monde il vaut mieux viser petit, celui-ci me répondait: “Ah oui, c’est comme le colibri, je fais ma part!” En fait non, pas du tout, le colibri n’est pas du tout la bonne métaphore pour changer le monde.

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Le message de Barack Obama aux activistes: Vous voulez changer le monde? Chiche!

Le propos dure 1 minute et 51 secondes seulement. L’ancien président américain Barack Obama répondait à une question sur la calling out culture, c’est à dire la pratique consistant à dénoncer publiquement ses opposants comme moralement indignes, de plus en plus répandue de nos jours, la plupart du temps sur les réseaux sociaux. Sa réponse vaut la peine d’être écoutée par quiconque se pose la question: “Comment changer le monde?”

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