C’était prévisible, la plus importante association d’auteurs américains vient de porter plainte contre Google Print pour violation de copyright. Rappelons que Google Print a pour ambition de numériser des oeuvres et de les rendre accessible sur le Web. « Personne d’autre que les auteurs et les propriétaires de leurs droits ne peut décider si une oeuvre peut être copiée, et de quelle manière » déclare l’association, qui souhaite arrêter l’expérience. Ce que l’association oublie de dire, c’est que Google Print ne numérise des oeuvres qu’avec l’accord de leurs auteurs, et qu’en plus relativement peu du livre est montré à l’écran.
L’avantage de Google Print est de rendre facilement accessible des oeuvres qui sont introuvables ou rarement diffusées. On peut imaginer que Harry Potter n’ait aucun intérêt dans Google Print; mais si vous êtes auteur d’un dictionnaire d’argot ouzbek, Google Print est un moyen unique d’augmenter votre visibilité en bénéficiant de la « longue traîne » du Web. En somme, l’establishment littéraire a tout à perdre avec Google Print, non pas parce que ses droits seraient mis en cause, mais parce que des auteurs « mineurs » auraient droit de cité. En somme, Google Print est une vraie innovation radicale, qui remet en question les leaders dominants – auteurs vedettes, bibliothécaires, éditeurs, tranquillement installés dans leurs monopoles; normal qu’ils réagissent violemment, mais on notera la dissymétrie: s’il est facile pour eux d’arguer de la violation de copyright, il est plus difficile pour les autres de soutenir Google en expliquant qu’ils souhaitent être « google-isés ». Combien, en effet, sont les auteurs qui vivent de leurs droits? Très peu. La plupart souhaitent simplement diffuser leur oeuvre le plus possible, mais ils n’ont pas voix au chapitre. Google print est une tentative de démocratisation de l’accès au livre, et la polémique actuelle n’est pas sans rappeler celle qui avait fait rage il y a quelques années lorsque certains auteurs avaient demandé, sans rire, la fermeture des bibliothèques pour forcer les gens à acheter des livres.
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