Délocalisation: derrière l’aspect inéluctable, souvent de mauvais calculs
Je l’avoue, l’obsession actuelle pour la délocalisation commence à me fatiguer. C’est sûrement une mode, comme il y en a eu avant avec le re-engineering, la qualité totale, la création de valeur et la participation. Je ne peux pratiquement plus rencontrer quelqu’un et parler de mon entreprise (Digital Airways, logiciels pour téléphones mobiles) sans que mon interlocuteur me demande si j’ai songé à envoyer mon développement informatique en Inde. Voilà, c’est comme un réflexe, un automatisme qui a quitté le domaine de la pensée pour arriver au domaine nerveux, un peu comme lorsque vous tapez sur le genou, la jambe se lève. Aujourd’hui, quand vous parlez informatique, il faut délocaliser. Qu’un tel discours soit tenu par des non spécialistes du domaine, ayant lu dans leur quotidien la déferlante indo-chinoise, passe encore. Mais lorsqu’un VC vous explique qu’il est d’accord pour investir à condition que vous fermiez votre centre de développement actuel et que vous mettiez tout en Inde, il y a de quoi flipper sérieux. L’autre jour encore, je présentais ma société à un groupe d’étudiants d’une grande école de commerce, et ça n’a pas raté. Dès la troisième question “Avez-vous songé à transférer votre développement en Inde pour abaisser vos coûts?”.
Ma réponse est la suivante: non, je n’y ai pas songé un seul instant et je ne suis pas prêt à le faire. Je dirais même que j’ai tendance à l’être encore moins qu’avant. Pour comprendre pourquoi, il faut décortiquer le raisonnement qu’il y a devant le “fantasme” de la délocalisation en Inde.