Le marché comme une institution vivante: Pourquoi il faut réhabiliter Adam Smith

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Interrogez n’importe qui ayant quelques connaissances en économie sur Adam Smith, et on vous dira probablement que le grand économiste est le symbole du capitalisme débridé et déshumanisé, avec sa fameuse “main invisible”, qui semble nous transformer en machines à la merci d’un mécanisme qui nous échappe, et sa promotion de l’égoïsme. C’est l’idée que j’en ai moi-même eu pendant longtemps. Et pourtant, cette vision ne reflète pas ses écrits qui ont au contraire promu le marché comme une institution vivante gouvernée par une éthique. Compte tenu de son importance dans la pensée économique, et à l’heure où le rôle sociétal de l’entreprise et du marché est en question, il est important que le débat ne soit pas basé sur une caricature de sa pensée.

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Ni saint, ni héros, ni victime: et si on revendiquait la figure bourgeoise de l’accomplissement?

Quelles figures devons-nous prendre pour modèle? L’historien Arnold Toynbee montrait que toute civilisation s’inspire de figures symboliques pour définir ses valeurs dominantes et structurer ainsi sa vie sociale. À côté des figures traditionnelles de saint et de héros s’ajoute aujourd’hui celle de la victime. Aucune des trois pourtant ne traduit l’essence de notre société moderne, celle de l’accomplissement, c’est-à-dire de l’individu qui se réalise par son travail créatif. Et si il était temps de remédier à cette absence?

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L’hostilité à l’entreprise, une plaie française: le cas Doctolib

Parmi les nombreuses plaies dont souffre notre pays, l’hostilité au monde de l’entreprise par la clérisie (le corps informel constitué des intellectuels, enseignants, artistes et journalistes qui définissent la pensée dominante) figure en bonne place. Cette hostilité prend des formes différentes et il a évolué au cours du temps, mais elle est l’une des sources de la faiblesse de notre économie. Deux articles du journal Libération à propos de l’entreprise Doctolib parus récemment l’illustrent parfaitement.

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Leçon de crise: Le consumérisme s’oppose-t-il à la vie?

Avec la crise du coronavirus, chacun s’affaire à penser le “monde d’après”. Dans une tribune publiée par le Monde, Juliette Binoche, Robert de Niro et deux-cent artistes et scientifiques appellent à refuser un “retour à la normale” après la crise, estimant que “le consumérisme nous a conduits à nier la vie en elle-même: celle des végétaux, celle des animaux et celle d’un grand nombre d’humains”. La tribune est intéressante parce qu’elle oppose consumérisme et vie, alors qu’en général on produit et on consomme pour vivre. Que traduit cette opposition? En fait elle n’a rien de nouveau et cela fait bien longtemps que les artistes et les intellectuels méprisent ce qu’ils appellent le “consumérisme” (sans le définir) hier au nom de la morale, aujourd’hui au nom de la sauvegarde de la planète. Pour le comprendre, on peut faire un détour par La Bohème, le célèbre opéra de Puccini.

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