Mon nouvel article dans Forbes: Lady Gaga World President by 2030? Why the forecasters so often get it wrong

Mon nouvel article (en anglais), écrit avec mon collègue Milo Jones, est paru dans Forbes. Il est accessible ici.

forbeslogominiCet article fait suite à la publication du rapport “Global Trends 2030”, un exercice de futurologie basé sur des scénarios développés par la communauté du renseignement américain. Dans l’article, nous défendons l’idée qu’il est vain d’essayer de prédire l’avenir, mais que pour autant de tels exercices ne sont pas inutiles.

Les trois erreurs de la prédiction – à propos du rapport Théry de 1994

Si vous pensez que les prévisions sont rationnelles et objectives, fondées sur des faits et des données générés par des experts impartiaux, détrompez-vous. En fait, ce que nous prévoyons reflète ce que nous sommes. Le rapport Théry de 1994 sur l’Internet en est un bon exemple. Il constitue une étude de cas fascinante de l’interaction dangereuse entre l’expertise, l’identité et la prévision technologique.

(suite…)

Stratégie non prédictive (1): Une compréhension profonde bat la prédiction

Ce billet est le premier d’une série sur la stratégie en environnement complexe et incertain.

Les environnements et les problèmes auxquels sont confrontés les entreprises sont plus complexes que les modèles traditionnels de la stratégie ne le laissent penser. Ils présentent des niveaux élevés d’incertitude (absence objective d’information), ils peuvent se comporter de façon non linéaire (une petite variation peut entraîner de grandes conséquences, ou vice versa). Les marchés émergents, les nouvelles technologies, le système de santé ou la système financier sont des exemples typiques d’environnements non linéaires. Ces environnements sont en outre vulnérables aux “cygnes noirs“, une expression forgée par Nassim Taleb pour désigner des évènements à faible probabilité mais à fort impact qui perturbent même les meilleures stratégies. Une difficulté supplémentaire pour les stratèges est que les environnements non linéaires apparaissent souvent comme linéaires pour une période prolongée (pensez aux prix de l’immobilier aux  États-Unis). En conséquence, certains concluent que ce qui semble être un modèle essentiellement linéaire (les prix fluctuent un peu autour d’une “tendance stable à long terme”), est réellement linéaire dans la réalité – avant qu’un changement radical ne se produise et remette entièrement en question les modèles que l’on pensait solides (par exemple, une baisse de prix spectaculaire de l’immobilier aux États-Unis à partir de 2008). En bref, on suppose qu’un environnement est linéaire et prévisible, alors qu’en fait la continuité que nous observons n’est qu’un cas particulier vérifié pendant une durée limitée.

(suite…)

Prédiction, risque et incertitude: une expérience simple pour comprendre la différence

Il existe un moyen simple de faire comprendre à une audience la différence entre prédiction, risque et incertitude, c’est à dire entre les trois types d’environnement auxquels ont à faire face les entreprises. Pour cela, il faut se munir de trois urnes de type bocal: une urne transparente, et les deux autres opaques. On remplira la première de chocolats sous cellophane de deux types, disons la moitié de couleur marron, l’autre de couleur jaune. On remplira la seconde urne également de chocolats, mais rouges et bleus en quantité là aussi égale (pour simplifier). On remplira la troisième urne d’objets divers sans aucun lien entre eux: un stylo, un bonbon, une petite horloge, un chocolat, etc.

(suite…)

La fragilité du futur… et de votre stratégie

La prévision est un exercice dangereux, en partie parce qu’elle est souvent fausse, avec des conséquences dramatiques. Ce danger apparaît particulièrement clairement à la lecture d’un document du ministère Américain de la défense appelé JOE 2010 (Joint Operating Environment). “JOE 2010” est conçu pour fournir aux diverses branches de forces armées américaines une perspective commune sur les probables tendances mondiales, les chocs possibles et leur environnement d’exploitation future. Si vous vous intéressez à la géopolitique et la stratégie, sa lecture vaut la peine.

Outre son intérêt intrinsèque, JOE 2010 ouvre avec un calendrier de planification de la défense que les praticiens de la stratégie d’entreprise et les financiers, et toute personne qui consomme leur travail – feraient bien de garder à l’esprit. Je l’ai reproduit in extenso ici:

(suite…)

CIA et surprise stratégique: Le rôle de l’identité et de la construction sociale

Mon ouvrage “Constructing Cassandra: Reframing Intelligence Failure at the CIA, 1947-2001”, co-écrit avec mon confrère Milo Jones (IE Business School) vient de paraître chez Stanford University Press. En voici un résumé en français.

Créée en 1947 par le président Harry Truman avec la mission explicite d’empêcher un nouveau Pearl Harbor – surprise stratégique par excellence – la CIA a failli dans cette mission en au moins quatre occasions majeures : lors de crise des missiles à Cuba en 1962, lors de la révolution iranienne, lors de l’effondrement de l’URSS et le 11 septembre 2001. L’importance et l’impact incommensurables de ces quatre évènements permettent d’écarter les explications liées à l’aspect fortuit des surprises stratégiques.  Les moyens financiers significatifs de l’organisation nous laissent penser que les explications qui se concentrent sur le manque de capacités ne sont pas pertinentes non plus.  Comment analyser alors ces surprises stratégiques ? Pourquoi persistent-elles malgré tant d’années de recherche et de récurrences historiques ?

(suite…)

Ma conférence sur la surprise stratégique et la CIA: c’est aujourd’hui!

Rappel: la conférence est aujourd’hui. Retransmission sur le Web ici.

Compte rendu de la conférence ici.

Le 18 janvier prochain, je donne une conférence sur le thème de la surprise stratégique à EMLYON, dans le cadre de la série “Art of Management”. La surprise stratégique se définit comme la prise de conscience soudaine par une organisation qu’elle a opéré sur la base d’une évaluation erronée qui entraîne une incapacité à anticiper une grave menace pour ses intérêts vitaux.

(suite…)

Conférence: La surprise stratégique est avant tout une construction sociale: Les leçons de la CIA

Compte rendu de la conférence ici.

Le 18 janvier prochain, je donnerai une conférence sur le thème de la surprise stratégique à EMLYON, dans le cadre de la série “Art of Management”. La surprise stratégique se définit comme la prise de conscience soudaine par une organisation qu’elle a opéré sur la base d’une évaluation erronée qui entraîne une incapacité à anticiper une grave menace pour ses intérêts vitaux.

Alors que la majorité des travaux explique les surprises stratégiques (comme les attentats du 11 septembre) par des raisons psychologiques, bureaucratiques ou cybernétiques (absence de détection de signaux faibles par exemples), un travail de recherche sur la CIA montre que l’origine d’une surprise stratégique réside souvent dans les caractéristiques de l’identité et de la culture de l’organisation. Nous montrons comment ce service de renseignement a été victime de plusieurs surprises stratégiques et que ces surprises s’expliquent en grande partie par la construction sociale de l’organisation: qui elle recrute, comment elle forme, quelle culture elle développe, etc. En substance, ce par quoi on est surpris dépend de qui nous sommes. Nous regardons ensuite les enseignements qui peuvent être tirés de ces résultats pour les entreprises, en particulier dans le domaine de l’innovation et de la stratégie dans la mesure où là aussi, les difficultés à innover sont souvent culturelles.

La participation à la conférence est gratuite et l’inscription se fait ici.

Cette conférence évoquera les travaux que je mène sur la question avec mon confrère Milo Jones. Pour plus d’information, on peut se référer à l’article que j’ai écrit avec lui dans le numéro 2 de la Nouvelle Revue de Géopolitique, sorti en septembre dernier. Si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas à visiter le blog sur les surprises, les ruptures et la stratégie (en anglais) que je publie avec Milo.

La loi de Gresham de la stratégie: pourquoi le mauvais avis chasse le bon

Vers la fin d’un essai majeur sur la surprise stratégique, Richard Betts, spécialiste du renseignement, écrit, “L’officier de renseignement peut agir plus utilement en n’offrant pas les réponses recherchées par les autorités, mais en proposant des questions, agissant comme un agnostique socratique, titillant les décideurs pour leur faire prendre conscience de l’ampleur de l’incertitude, et rendre les calculs des autorités plus difficiles, et non plus faciles.” La même chose devrait être vraie pour des consultants en stratégie d’entreprise: leur travail devrait être de rendre les calculs de long terme plus difficiles, plutôt que plus faciles.

(suite…)

La co-création par l’entrepreneur avec les premiers clients mène-t-elle à une impasse?

En incertitude, comment savoir quel produit il faut développer parce que l’avenir est imprévisible. Comment avancer? Les visionnaires miseront tout sur leur idée. Mais les autres adopteront une démarche dite de “co-création”. Ni l’entrepreneur ni son premier client ne savent de quoi l’avenir est fait, mais ils décident d’avancer d’une case ensemble. Cette approche est très puissante mais elle a une limite, celle du risque d’enfermement.

(suite…)