« Allo les pompiers? – Payez d’abord votre taxe! »… la faute au libéralisme?…

La presse (Libération) et la blogosphère en relais se sont récemment fait écho d’un incident particulièrement troublant aux États-Unis. Les faits tels qu’ils nous sont présentés sont les suivants: appelés pour un incendie, les pompiers du Tennessee ont laissé une maison du comté de Obion brûler car ses propriétaires n’avaient pas payé leur taxe d’incendie annuelle. Et le blog de libération de se gausser:« Ce fait divers est une belle illustration du monde libéral voulu par un certain nombre d’Américains ». La faute au libéralisme, donc, qui laisse les maisons des pauvres brûler.

Oui, sauf que, en fait, ce fait divers est précisément le contraire. Pour comprendre pourquoi, il faut regarder les faits en détail. Et oui… les faits.

Les propriétaires de la maison ont d’abord essayé d’éteindre eux-même l’incendie avec un jet d’eau, perdant ainsi un temps précieux. Lors qu’ils ont compris que cela ne fonctionnait pas, ils ont finalement appelé les pompiers, mais c’était bien tard.

Leur appel a été ignoré. Les pompiers ont en revanche répondu à l’appel de leurs voisins, qui lui avait payé sa taxe, et dont les flammes, ayant consumé presque entièrement la première maison, menaçaient la propriété. Appelés trop tard, les pompiers ne pouvaient de toute façon pas faire grand chose pour la première maison. Maintenant, la question se pose néanmoins de savoir pourquoi ils ont refusé l’appel, même si celui-ci s’est avéré trop tardif.

Il aussi savoir que la taxe était volontaire. Les habitants sont libres de la payer ou pas. C’est étrange, mais c’est comme ça. Le propriétaire avait choisi de ne pas la payer. C’est une liberté offerte par le libéralisme américain. Notre propriétaire, petit malin, s’était dit qu’il pouvait ne pas la payer, et être quand même secouru, exemple typique d’incivisme. Il a parié, il a perdu. Dommage. Face à cet incivisme, comment réagir? Ne pas intervenir est criminel, mais si les habitants savent que l’on intervient quand même, qui paiera la taxe?

Il faut ensuite noter que le service d’incendie en est fourni au comté de Obion par la ville de South Fulton par délégation de service public. C’est donc un service public bénéficiant d’un monopole, et non une entreprise privée. Les pompiers sont des employés territoriaux qui ne faisaient que suivre un règlement mis en place par les autorités publiques locales, et non par une entreprise privée sans âme mue par le profit. Ce n’est donc pas un problème d’entreprise privée, mais de service public à la fois dans son fonctionnement et dans le comportement de ses employés.

Loin d’être un exemple des travers d’un monde libéral, ce fait divers est donc l’illustration de ceux de la bureaucratie dans ce qu’elle a de pire. Une entreprise privée mue par le profit aurait immédiatement répondu à l’appel, puis une fois l’incendie éteint, aurait naturellement envoyé une jolie facture, certainement élevée, qui aurait été prise en charge par une assurance, autre entreprise privée mue par le profit. Pour peu que le propriétaire ait pris ses précautions, il n’aurait rien payé de l’intervention. Un service public applique les règles, les mêmes pour tous.

On peut très légitimement défendre l’idée que les services d’incendie soient fournis par le service public, mais il est intellectuellement malhonnête d’utiliser l’échec particulier d’un service public pour dénigrer le secteur privé en général.