Reconstruire le collectif face à l’incertitude: entre restauration et révolution

La crise de la Covid qui a débuté en France en février 2020 a constitué un choc violent et profond. Elle constitue ce que le psychologue des organisations Karl Weick appelle un épisode cosmologique, c’est à dire un événement tellement surprenant et tellement profond qu’il remet en cause notre identité même. Alors que la crise se poursuit, l’incertitude demeure telle que les organisations peinent encore à donner un sens à ce qui se passe et surtout à se projeter dans l’avenir. Elles ressentent confusément que beaucoup de choses ne seront plus comme avant, mais comme elles ne peuvent mettre des mots précis sur ce que cela pourrait vouloir dire, elles avancent sans rien changer, en espérant que cette crise sera bientôt derrière elles et que la vie pourra reprendre comme si rien ne s’était passé. C’est une grave illusion, car elles repartent ainsi sur des bases fragiles qui ne tarderont pas montrer leurs limites, notamment dans leur capacité à mobiliser un collectif, qui est l’objet premier d’une organisation. Alors, repartir, mais sur quoi?

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Leçon de crise: Et si le grand soir du “monde d’après” n’avait pas lieu?

Et si le grand soir n’avait finalement pas lieu? Et si, après le coronavirus, on revenait simplement au monde d’avant? Et si une grande occasion avait été perdue? C’est la crainte que partageait avec moi une cadre d’une grande entreprise française encore choquée d’avoir vu les parisiens se précipiter chez Zara dès la fin du confinement le 11 mai. Elle n’est pas la seule à s’inquiéter. Alors que le choc des premières semaines de confinement s’estompe et que la reprise devient une réalité, il semble bien que l’espoir d’un “grand soir”, d’un bouleversement radical de l’ordre économique et social existant, s’amenuise. Mais le retour au “monde d’avant” n’est cependant pas inéluctable; il est encore temps de tirer parti de la crise pour réinventer les organisations et la société, mais cela suppose d’adopter une posture reposant sur deux principes: accepter la réalité et agir maintenant.

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La course au “monde d’après”: Le festival des lampadaires est ouvert

La crise du coronavirus remet en question nombre de nos modèles mentaux, ces croyances fondamentales par lesquelles nous appréhendons le monde. Cette remise en question crée un vide, qui est aussi un espace où plein de choses merveilleuses ont pu se produire depuis quelques semaines, et où l’espoir d’une réinvention de nos modèles a émergé. Cette réinvention pourrait voir chacun s’engager dans la joie et la légèreté créatrice. Au lieu de cela, nous assistons, alors qu’un espoir de sortie de crise se dessine, au retour de vieux modèles existants, dans une sorte de concurrence sordide où les suspects habituels tentent de nous imposer leur lecture du monde, pour combler le vide facilement et rapidement. Les masques tombent et chacun avance avec son offre de pensée toute faite, de façon pas toujours subtile. C’est triste, on se dit “ça y est, ça recommence!” mais ce n’est pas inéluctable, à condition de savoir décrypter ce qui se passe et, surtout, de ne pas réagir en spectateur.

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Crise du Covid-19: ce que traduit la quête du monde d’après

Passée la période de stupéfaction face à l’épidémie soudaine du coronavirus, tout le monde se précipite aujourd’hui pour nous parler du “monde d’après” qu’il faudrait construire. Le monde d’après, mais après quoi? Nous sommes encore dans le pendant! Déporter le débat sur le monde d’après traduit une incompréhension de ce que nous vivons et nous détourne de l’action pour résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui.

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Le message de Barack Obama aux activistes: Vous voulez changer le monde? Chiche!

Le propos dure 1 minute et 51 secondes seulement. L’ancien président américain Barack Obama répondait à une question sur la calling out culture, c’est à dire la pratique consistant à dénoncer publiquement ses opposants comme moralement indignes, de plus en plus répandue de nos jours, la plupart du temps sur les réseaux sociaux. Sa réponse vaut la peine d’être écoutée par quiconque se pose la question: “Comment changer le monde?”

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