Temps long: Le contresens attristant de Jacques Attali

Ainsi donc Jacques Attali, notre intellectuel national, vient de remettre un rapport au Président de la République pour préconiser diverses mesures destinées à réhabiliter le temps long. Il explique: “L’absence de prise en compte du long terme est la cause principale de la crise actuelle.” Et de regretter que nombre de décisions des entreprises soient guidées par un court-termisme destructeur. Parmi ses recommandations, citons la modification du code civil pour qu’il soit moins tourné vers l’intérêt des associés capitalistes, la promotion de la micro-finance, et la création d’un conseil du long terme. Au-delà, ce qu’Attali veut promouvoir c’est un capitalisme patient. Le problème, c’est qu’il n’a rien compris.

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Revue de livre: Une brève histoire de l’avenir, Jacques Attali

Voilà un livre que l’on s’apprêtait à lire avec gourmandise: Attali essayant d’imaginer l’avenir à partir de la connaissance encyclopédique qu’il a du passé et du présent. Comme il le dit lui-même, l’exercice est difficile. Nombreux s’y sont essayés, sans succès et parfois avec ridicule. L’ouvrage commence par une magistrale histoire du monde en 40 pages – on n’en attendait pas moins de l’auteur. Attali estime que l’histoire a été structurée par 8 grands pôles qui chacun ont correspondu à une grande innovation. Bruges, Venise, Anvers, Gênes, Amsterdam, Londres, Boston, New-York et aujourd’hui Los Angeles. Selon lui, de siècle en siècle, l’humanité impose la primauté de la liberté individuelle sur toute autre valeur. Autrement dit,  l’histoire humaine est celle de l’émergence de la personne comme sujet de droit, autorisée à penser et à maîtriser son destin, libre de toute contrainte. L’histoire tend vers l’émergence ce qu’il appelle une démocratie de marché, modèle universel. Sur la base de cette analyse, Attali se lance dans une prédiction de l’avenir.

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Rétablir le temps long?

Toujours des réflexions sur le rapport Beffa, qui décidément, en ce début d’année, alimente les discussions dans les soirées françaises. Un ami, chercheur au CNRS, me disait donc que le rapport avait au moins le mérite de souligner l’importance de rétablir ce qu’il appelle le “temps long”. L’idée est la suivante: les entreprises sont aujourd’hui sous la coupe des marchés, et des analystes financiers, auxquels elles doivent rendre des comptes chaque trimestre. Dès lors, tout leur fonctionnement s’inscrit dans cette échelle de temps très courte: trois mois. Il s’en suit un court-termisme systématique, aux effets désastreux: les projets de long-terme, à la rentabilité aléatoire, sont éliminés au profit de projets plus certains.

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