Fin de l’impression du ticket de caisse: un exemple typique de décision hors-sol catastrophique

Les décisions hors-sol, prises par un sommet déconnecté et imposées à la base qui en subit les conséquences, ne sont pas le seul fait des organisations. Elles concernent aussi l’État. Un très bon exemple est celui de l’interdiction de l’impression automatique du ticket de caisse qui entrera en vigueur à l’été 2023, ce dernier devant être désormais remplacé par un ticket électronique. En apparence anodine, cette décision a des conséquences lourdes.

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La ligne SNCF Paris-Limoges et la limite d’une éthique militante du changement

Les grands défis de transformation du monde continuent de poser la question de savoir comment ils peuvent être relevés. Ceux qui ont principalement voix au chapitre de nos jours sont les militants, qui nous interpellent sur les enjeux et qui influencent la prise de décisions importantes. Pourtant le militantisme, parce qu’il est principalement incantatoire et peu soucieux des conséquences de ces décisions, s’avère le plus souvent contre-productif. C’est ce qu’illustre les déboires de la ligne de train Paris-Limoges.

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L’ombre de la Gnose: Faut-il une élite pour transformer le monde?

L’une des croyances les plus solidement ancrées est que la résolution des grands problèmes du monde ne peut venir que d’une élite qui posséderait à la fois la connaissance, la volonté et la capacité de concevoir les solutions et de les mettre en œuvre pour faire advenir le “monde d’après”. Bien que ces tentatives d’établir un “paradis sur terre” aient à chaque fois donné des résultats catastrophiques, la croyance persiste. Pour comprendre pourquoi, il faut se tourner vers un mouvement philosophique-religieux appelé la Gnose qui, bien qu’il soit né au tout début du christianisme et n’existe plus aujourd’hui sous forme institutionnalisée, conserve toujours une influence majeure dans la pensée politique moderne.

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Et s’il fallait être conservateur pour innover et (vraiment) changer le monde?

On pense souvent que pour innover, il faut faire table rase du passé et partir d’une feuille blanche. C’est oublier qu’aucun innovateur ne part jamais de zéro, et que tous sont “des nains sur des épaules de géants”, comme le disait le philosophe Bernard de Chartres. Loin de refuser la réalité, et encore moins de la nier, les innovateurs commencent par l’accepter pour ensuite la transformer. Et s’il fallait être conservateur pour pouvoir innover?

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Transformation: Face aux grands problèmes, faut-il être radical?

J’étais interrogé il y a quelques temps par un journaliste “engagé” sur les questions écologiques. Nous évoquions la façon de répondre aux grands défis de la planète. Alors que je défendais une approche par petites victoires à partir de la théorie entrepreneuriale de l’effectuation, il a fini par s’écrier : “Je trouve cette approche intéressante, mais quand-même, face à l’ampleur des problèmes, nous pensons qu’il faut être radical.” Eh bien, je ne crois pas, même si cela semble très logique.

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Sortir de l’ordinaire: face à la crise, puiser notre énergie dans le quotidien et non dans l’idéalisme

Comment un collectif – famille, entreprise ou société toute entière – peut-il résister à un choc aussi profond et durable que celui de la Covid-19 sans se disloquer? Comment peut-il se reconstruire en évitant la polarisation entre extrêmes? La question n’est pas simple, mais elle n’est pas nouvelle. Des années 20 aux années 50, dans un monde transformé par la révolution et la guerre, les idéologies extrêmes de gauche et de droite ont alimenté des espoirs utopiques et des craintes dystopiques. Durant cette période en Grande-Bretagne, un groupe informel d’écrivains, d’artistes, de photographes et de cinéastes parmi lesquels George Orwell s’est efforcé de répondre en forgeant une politique résistant aux idéalismes vides et aux abstractions totalisantes de leur époque. Leur conviction était que les gens qui vaquent à leurs occupations quotidiennes possèdent la perspicacité, la vertu et la détermination nécessaires pour construire une bonne société. Dans leurs poèmes, romans, essais, films, peintures et photographies, ils ont témoigné de la capacité des gens ordinaires à surmonter les contradictions supposées insolubles entre tradition et progrès, patriotisme et diversité, droits et devoirs, nationalisme et internationalisme, conservatisme et radicalisme. Ce mouvement ne s’étant jamais structuré, il a fini par se disperser mais a gardé une influence durable. A l’heure où les extrêmes menacent à nouveau, sa pensée mérite d’être redécouverte et il offre une piste pour échapper à l’impuissance.

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