“Soyez plus disruptifs!” L’angoisse de l’entité innovation face à la direction générale

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Les entités innovation créées au sein des grands groupes ont une vie difficile, ça n’est pas nouveau. La plupart disparaissent au bout de trois ans en moyenne, car passée la période euphorique de leur lancement, elles ne réussissent pas à s’inscrire dans la vie de l’organisation. Mais celles qui survivent ne sont pas pour autant tirées d’affaire, car elles sont victimes du paradoxe de l’organisation, coincées entre une direction générale qui exige “plus de disruption” et une organisation qui, via ses processus budgétaires, enlève toute chance à un projet disruptif de voir le jour. Sortir de cette situation difficile nécessite d’être très clair sur ce que “disruptif” signifie et d’adopter une approche très politique de l’innovation.

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Innovation: Ce que nous devons à Clayton Christensen, théoricien majeur du management

Clayton Christensen, à l’origine des travaux sur l’innovation de rupture, est décédé le 23 janvier 2020 à l’âge de 67 ans d’un cancer. Il était un théoricien majeur du management, au même titre que des géants comme Peter Drucker ou Michael Porter, et ses travaux sont plus que jamais d’actualité à l’heure où les grandes entreprises continuent à trouver difficile de répondre aux multiples ruptures de leur environnement. Dans ce qui suit, je propose une synthèse de ses travaux pour montrer en quoi ils peuvent être très utiles.

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Réponse à Bernard Stiegler: Disruption, civilisation et lien social – L’angoisse de l’intellectuel français au moment du penalty

Dans une interview au journal Libération, le philosophe Bernard Stiegler déclare que l’accélération actuelle de l’innovation court-circuite tout ce qui contribue à l’élaboration de la civilisation. Il ajoute que la “disruption” (rupture, en français) constitue une barbarie “soft” incompatible avec la socialisation, pendant de la barbarie “hard” produite par Daech. On pourrait y voir là un entretien de plus d’un intellectuel français en déshérence, et passer son chemin, mais l’auteur est philosophe, ce qui en France équivaut à un passeport pour imposer sa pensée au monde, et directeur de l’institut de recherche et d’innovation du Centre Pompidou. Pas n’importe qui donc. Voyons cela de plus près.

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