L’année zéro du libéralisme français

L’élection présidentielle qui vient de se clore a été singulière au moins sur un point: Tous les candidats du premier tour, sans exception, défendaient l’idée que l’Etat était la solution de la crise actuelle. Tous. Jamais la pensée politique n’avait été aussi unanime. Nous avons eu l’étatisme marxisto-chaveziste (Mélanchon, Poutou et Harteaud), l’étatisme keynésien (Hollande), l’étatisme vert (Joly), l’étatisme centriste (Bayrou), l’étatisme souverainiste (Dupont-Aignan), l’étatisme caporaliste (Sarkozy), et l’étatisme tribal (Le Pen). Sans oublier bien sûr l’étatisme lunaire de Jacques Cheminade, sorte de cerise comique sur un gâteau tragique.

Assez logiquement, le deuxième tour a opposé deux candidats qui, au final, tirent un diagnostic identique de notre situation. Le premier, Nicolas Sarkozy, a fait passer quelques réformes d’essence libérale mais s’est définitivement converti au dirigisme économique à partir de la crise de 2008, et au tribalisme le plus cru une fois connu le score du Front national au premier tour. Le second, François Hollande, est un social démocrate qui voit dans l’Etat la force motrice de la société.

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La France, terre d’antilibéralisme

Un article intéressant de David Spector, économiste et chercheur au CNRS, paru dans Libération fait remarquer que la méfiance des politiques français à l’égard des mécanismes de marché est sans équivalent chez nos voisins européens. Les causes de cet antilibéralisme viscéral (au sens de non rationnel) sont difficiles à identifier, d’autant que la France a par ailleurs eu dans son histoire des périodes fort libérales dont elle n’a en général pas eu à se plaindre. Notre pays est devenu, en opposition avec presque tous les pays européens, le principal obstacle au libéralisme en Europe.

On a l’habitude, désormais, d’opposer une approche sociale, prônée par la France, à une approche soit-disant libérale “à l’anglo-saxonne”. Or Spector fait remarquer que les politiques antilibérales de la France n’ont pas le moindre rapport avec un quelconque souci de justice sociale : “la plupart d’entre elles profitent à quelques grandes entreprises, au détriment des consommateurs, des finances publiques, ou des pays pauvres. Inversement, les pays européens les plus soucieux d’égalité (les pays scandinaves) adoptent en général des positions plus libérales que la France.

Le meilleur exemple, mais il y en a cent, est la loi Galland. Votée en 1996, cette loi sans équivalent au monde gèle la concurrence dans la grande distribution et a provoqué une augmentation importante des prix. Elle favorise les entreprises (producteurs, petits commerçants, grands distributeurs) au détriment des ménages les plus pauvres, contraints de payer plus cher leur alimentation. Et après le gouvernement s’étonne de la baisse du pouvoir d’achat!!!
Le plus intéressant est cette union nationale contre le libéralisme, qui s’illustre dans le oui et le non à l’Europe, les opposants affirmant que l’Europe est trop libérale, et les partisans soutenant que seule l’Europe peut nous protéger du libéralisme.
L’article est en ligne sur le site de… Libé (eh oui) ici.