C’est l’économie, stupide! Le dilemme stratégique de l’Europe après l’Ukraine

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L’invasion de l’Ukraine constitue un réveil brutal pour une Europe qui s’était endormie depuis de nombreuses années dans un idéalisme naïf. Si la réponse à l’invasion a été rapide, l’Europe reste très affaiblie. Au-delà des prochaines semaines, sa stratégie doit impliquer un changement profond de modèle mental sur son développement économique.

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Les vilains petits modèles mentaux français ou la (vraie) leçon de l’affaire Orpéa

Dans un livre paru le 26 janvier, l’auteur et journaliste Victor Castanet accuse Orpéa, leader européen des maisons de retraite, de maltraitance sur des résidents de ses établissements et de rationnement de soins et de fournitures médicales pour réduire les coûts. L’affaire connaît un retentissement considérable. Elle donne surtout à la France l’occasion de se livrer à son sport favori, le bashing du profit. Car la cause semble être entendue: c’est sa recherche effrénée qui explique les maltraitantes dénoncées dans l’ouvrage. “Orpéa, les profits et le malaise”, titre ainsi l’émission C dans l’air. Et si on allait un peu vite?

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Stratégie: Le dirigeant doit-il se concentrer sur la vision et ignorer la “tuyauterie”?

La stratégie est la prérogative du dirigeant, mais qu’est-ce que cela veut dire en pratique? Lorsqu’on pose la question, la réponse semble évidente: le dirigeant définit la vision, et celle-ci est ensuite mise en œuvre par l’organisation. Le problème est que derrière la logique apparente se cache un modèle mental aux conséquences catastrophiques.

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Agir en incertitude: cinq façons d’utiliser l’histoire

Comment agir face à une situation radicalement incertaine, où se combinent la complexité, le manque d’information et le caractère inédit? Il n’existe ni règle ni méthode infaillible, mais l’une des façons d’améliorer la prise de décision est d’utiliser l’histoire pour remettre la situation dans son contexte. L’historien Frank Gavin montre comment cette utilisation peut être concrètement mise en œuvre.

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Déclin organisationnel: Florange, le “moment Kodak” du Parti socialiste

Le déclin des organisations s’étale souvent sur de longues périodes, ce qui contribue à rendre sa perception difficile, mais il arrive qu’un événement particulier le rende évident aux yeux de tous. Cet événement n’est pas nécessairement important, mais sans qu’on sache vraiment pourquoi, il cristallise tout ce qui était en germe depuis longtemps. Pour le Parti socialiste, alors au pouvoir, il semble bien que cet événement soit la gestion calamiteuse de la décision par le groupe ArcelorMittal d’arrêter les hauts-fourneaux de Florange en 2012.

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Le décideur public à l’épreuve de l’incertitude: vers la démocratie technique

L’incertitude généralisée dans laquelle baignent nos sociétés, jointe à leur complexité croissante, minent l’autorité des experts dont le savoir est plus facilement remis en question. C’est particulièrement vrai pour le décideur public, désormais confronté à une contestation systématique de ses décisions, quel que soit le domaine. Comprendre les causes et les enjeux de ce que certains appellent une “démocratie technique”, mais aussi les dangers potentiels de celle-ci, devient essentiel.

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Transformation: Face aux grands problèmes, faut-il être radical?

J’étais interrogé il y a quelques temps par un journaliste “engagé” sur les questions écologiques. Nous évoquions la façon de répondre aux grands défis de la planète. Alors que je défendais une approche par petites victoires à partir de la théorie entrepreneuriale de l’effectuation, il a fini par s’écrier : “Je trouve cette approche intéressante, mais quand-même, face à l’ampleur des problèmes, nous pensons qu’il faut être radical.” Eh bien, je ne crois pas, même si cela semble très logique.

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Mon nouvel article pour Harvard Business Review: Bienvenue en incertitude: comment réinventer les outils du management pour éviter la prochaine catastrophe

Après le choc du premier confinement au début de l’année 2020, qui a vu voler en éclat aussi bien les business plans que les prévisions économiques et sociales de toutes sortes, le monde a vécu un retour erratique, difficile et long à une situation presque normale, sans pour autant être certain d’être tout à fait sorti de la crise. Autrement dit, l’incertitude, avec son lot de surprises, est avec nous pour longtemps.

On aurait pu penser que la violence du choc, qui a très clairement mis en évidence les limites de nos outils de management, amènerait à une profonde remise en question. Or il n’en a rien été. Passé le choc, et malgré la persistance de gros nuages sombres sur leurs têtes, organisations et Etats se sont remis à concevoir des plans d’actions sur la base de prévisions savantes, sans lesquelles ils semblent incapables de concevoir leur action. Il est urgent de repenser les outils du management à partir de l’incertitude si l’on veut éviter la prochaine catastrophe.

Cet article est publié à l’occasion de la sortie de mon ouvrage “Bienvenue en incertitude“. Lire l’article ici.

Et si la clé de la stratégie, c’était être soi-même? Les quatre enseignements de l’affaire Coinbase

Face aux procès en légitimité auxquels elles font face actuellement, les entreprises sont souvent tentées de réagir de manière défensive, en concédant à l’air du temps pour espérer passer entre les gouttes. Pour elles, la stratégie consiste à construire une forme de masque qu’elles présentent au monde pour se protéger. Le problème est que cela crée une dichotomie entre qui elles sont vraiment et qui elles prétendent être, ce qui constitue une fuite en avant et ne fait qu’accentuer les procès. L’histoire de Coinbase, une startup américaine qui s’est retrouvée dans le feu de l’actualité il y a un an, montre qu’une approche radicalement opposée, consistant à affirmer sa singularité, est non seulement possible, mais payante.

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Raison d’être et stratégie: La création ultime de votre entreprise

Qu’est-ce que la raison d’être d’une entreprise et pourquoi le dirigeant devrait-il s’en préoccuper? Dans la majorité des cas, celle-ci est formalisée dans un but de communication, essentiellement pour répondre à la suspicion dont sont victimes les entreprises, et conçue comme un masque protecteur. C’est un double erreur: d’une part, elle est ainsi déconnectée du cœur identitaire de l’entreprise, et la césure entre qui celle-ci est vraiment et l’image qu’elle projette est accentuée, renforçant le procès en légitimité. D’autre part, et surtout, on rate l’occasion d’en faire un véritable outil stratégique. Or qui nous sommes et pourquoi nous existons sont des questions essentielles pour agir et se projeter dans un monde incertain aussi bien pour les individus que pour les entreprises. La clé de la réponse à ces questions est la capacité créative de l’entreprise.

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