L’État entrepreneurial est une chimère

“L’État entrepreneurial” est un concept popularisé par l’économiste Mariana Mazzucato dans un livre éponyme. Celui-ci se veut une réaction à la rhétorique courante selon laquelle un État bureaucratique et inepte s’oppose à un monde entrepreneurial dynamique. Au contraire, Mazzucato prétend que la plupart des innovations actuelles, de l’iPhone aux biotechs en passant par Internet, sont dues à l’action de l’État. Sa conclusion est claire: l’État est l’innovateur le plus important pour résoudre les grands problèmes de ce monde, et c’est un concept d’avenir si les politiques ont le courage de le défendre. Pourtant, si l’idée est séduisante, Mazzucato joue sur les mots et tord l’histoire économique pour défendre une chimère.

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L’inquiétant message de France Stratégie sur la transformation climatique

La France a un problème avec l’innovation. Ce n’est pas nouveau. Notre pays est en train de rater la totalité des grandes révolutions technologiques qui changeront le monde ces prochaines années. Elle a également un problème avec le marché, mais là-dessus tout a été dit. Dans ce contexte de déclin, France Stratégie, l’ancien Commissariat au plan, pourrait être un aiguillon du réveil français, mais il n’en est rien. L’organisme reste enfermé dans un paquet de modèles mentaux obsolètes, comme l’illustre son dernier rapport sur la transformation climatique de l’économie française, au message inquiétant.

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L’innovation de rupture, facteur-clé de la démocratie

Nous pensons généralement que l’innovation, surtout technologique, est neutre socialement et politiquement, mais il n’en est rien. L’innovation de rupture, en particulier, est subversive, au sens où elle renverse l’ordre établi et les valeurs reçues. Elle est en cela un facteur-clé de la démocratie. Cette nature subversive explique à la fois pourquoi elle est importante et pourquoi elle fait l’objet d’une âpre résistance.

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Se distinguer ou se conformer, l’arbitrage difficile de l’innovateur… et du stratège

Ce qui détermine la réussite d’une innovation est rarement sa qualité intrinsèque, sa performance technique ou économique. Les cimetières sont remplis d’innovations “géniales” qui n’ont connu aucun succès. La réussite d’une innovation dépend plutôt de sa capacité à se conformer au cadre institutionnel existant pour se faire accepter. Mais comment rester différent si on se conforme? En arbitrant entre les deux. Cet exercice difficile détermine la réussite ou l’échec de l’innovateur. Un exemple historique d’arbitrage réussi est celui de Thomas Edison dans sa promotion de l’éclairage électrique face au gaz.

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Faut-il recruter des profils atypiques pour encourager l’innovation?

Recruter des profils atypiques pour encourager l’innovation, cela semble logique: L’homogénéité de son corps social est un danger mortel pour une organisation dans un monde qui change rapidement. Enfermée dans un modèle unique qui fonctionne comme des œillères, celle-ci est en proie aux surprises stratégiques, incapable de voir le monde qui change. Logique donc, mais ça ne marchera pas car ils se heurteront aux modèles mentaux de l’organisation. Encore une de ces fausses bonnes idées qui coûtent cher à nos organisations.

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La (difficile) réponse à une rupture de l’acteur en place : Google et ChatGPT

Quelques semaines seulement après le lancement en fanfare de ChatGPT, Google a donc lancé sa propre solution, appelée Bard. Une réponse aussi rapide d’un acteur en place menacé par une rupture n’est pas une surprise. Pour autant, est-elle rassurante quant à la capacité de Google à réussir à préserver sa position de leader dans son marché? Rien n’est moins sûr.

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Google, victime du dilemme de l’innovateur avec ChatGPT?

Le robot conversationnel ChatGPT, un moteur de recherche “intelligent”, représente une rupture majeure. On aurait pu s’attendre à ce que ce soit Google, le leader des moteurs de recherche depuis vingt ans, et qui depuis des années investit dans l’intelligence artificielle, qui en soit à l’origine, mais il n’en a rien été. Est-ce que Google est la nouvelle victime du dilemme de l’innovateur, un syndrome souvent observé qui voit un leader se faire dépasser par un nouvel entrant?

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Innovation: Et si les lubies de riches étaient utiles après tout?

Que fait un riche quand il s’ennuie? Il se lance dans un projet d’innovation. Conquérir Mars, traverser l’Atlantique, prolonger la vie humaine, inventer une intelligence artificielle fondamentale, créer un robot, etc. Expression de l’ego de leurs promoteurs, ces projets sont souvent jugés inutiles et qualifiés de lubies, c’est-à-dire d’envie capricieuse et déraisonnable. Mais est-ce si sûr? Et si les lubies d’aujourd’hui étaient les innovations utiles de demain? Et s’il fallait se garder de porter un jugement moral à la fois sur ce qui se fait (inutile!) et sur ceux qui le font (les riches et leurs caprices)?

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