6 étapes pour créer son entreprise: la folle recommandation de BPIFrance

C’est à désespérer. Dans sa dernière newsletter, BPIFrance-Création nous livre une très belle infographie intitulée « 6 étapes pour créer son entreprise ». On y découvre qu’il faut d’abord évaluer et valider l’idée, puis étudier le marché, puis chiffrer le projet, après quoi on le financera, puis on choisira la bonne structure et on pourra enfin créer l’entreprise. C’est beau. C’est logique. C’est impeccable. Ça ne marche pas, personne ne fait comme ça, c’est totalement contre-productif de procéder ainsi, et pourtant on continue à dire qu’il faut faire comme ça. On arrête quand cette folie?

Depuis vingt ans et notamment depuis les travaux pionniers de Saras Sarasvathy sur l’effectuation, on sait que la plupart des entrepreneurs ne démarrent pas avec une idée précise et ne suivent pas un plan bien ordonné, mais démarrent avec ce qu’ils ont sous la main et font progressivement émerger leur idée. Lean Startup a montré qu’on construisait son produit en marchant. Des centaines d’articles ont confirmé ce mode émergent de création d’entreprise, dans les journaux de recherche les plus prestigieux. Des centaines de cas l’ont documenté. Mais non. Aussi bien dans les écoles de commerce que dans les organismes d’accompagnement, on continue majoritairement à prétendre qu’il faut un plan précis et une idée claire pour entreprendre, qu’on démarre avec une idée puis qu’on la met en œuvre. Qu’il faut faire une étude de marché. Tout ça bien dans l’ordre, avec des étapes clairement délimitées et précises. Évoquons-en quelques unes:

Ça commence avec « Définir et valider l’idée ». L’infographie nous précise « avoir une idée c’est bien; la définir et savoir l’expliquer c’est mieux ». Pourquoi c’est mieux, personne ne sait (ça explique sans doute pourquoi on gaspille le temps et l’énergie des entrepreneurs à leur faire faire des pitchs plutôt que d’aller chercher des clients). Pratiquement aucun projet entrepreneurial ne démarre avec une idée précise, et celle-ci change considérablement dès les premiers pas du projet. Non, avoir une idée n’est pas nécessaire, et on se fiche de savoir l’expliquer. L’expliquer à qui? Au banquier qui ne vous prêtera pas d’argent peut-être?

La folie c’est faire encore et toujours la même chose en espérant un résultat différent (Infographie BPIFrance)

Ça continue avec « Faire son bilan personnel »: c’est là qu’il faut une bonne « adéquation homme/projet ». Un pot et un couvercle. Deux objets séparés et immuables. Il y aurait un projet, désincarné, hors-sol, en sustentation, et il y aurait un homme, et il faudrait vérifier que les deux sont compatibles. Or on sait que le projet est l’émanation d’un individu et qu’au moment où celui-ci agit, nul ne peut savoir ce qui émergera de l’action. En outre ce sont souvent les circonstances qui révèlent les talents. Que signifie adéquation homme-projet? Impossible à dire. Comment se valide-t-elle a priori, avant d’agir? Nul ne le sait. Qui peut le faire? Nul ne le sait. On enferme les gens dans des carcans avec de belles grilles d’analyses bien logiques et propres. L’adéquation homme-projet est un slogan creux qui n’a aucune base scientifique; elle ne servira qu’à empêcher un talent de s’exprimer et réservant tel projet à quelqu’un qui proclamera une expertise dans le domaine. Elle sert à écarter les gueux.

Puis on en vient à l’étude de marché, la sacro-sainte. Et là c’est le festival des lieux communs. C’est à pleurer parce que tout a été dit sur le sujet depuis longtemps. Le langage employé est typique de modèles mentaux sous-jacents: il faut « s’insérer » dans le marché (faites-moi une place svp). Il faut « formaliser » son étude (pourquoi? Mystère! Mais formaliser c’est important!) et, nous précise-t-on comme une évidence, « se faire accompagner est un gage de succès » (rien n’est moins sûr si on est accompagné par un imbécile cartésien). Rappelons que les études de marché avaient « montré » qu’il n’y avait pas de marché pour la téléphonie mobile, pour Xerox, pour l’iPad et pour Nespresso, entre autres.

On avance ensuite sur le chiffrage, présenté comme l’étape de vérité, alors que tout le monde sait qu’il s’agit le plus souvent d’un grand exercice de mensonge entre adultes consentants. Pas grave, faisons comme si. Puis on recherchera des financements (comme si la plupart des entreprises ne se créaient pas sans financement), et on termine par le florilège: « Donner vie à son entreprise ». Parce que jusque-là, effectivement, il n’y avait rien de vivant. Des plans, des chiffres, des idées, un processus mécanique, des calculs, enfin bref la mort. Mais il faudrait passer par tout ça pour « donner vie » à son projet, modèle mental très fort qui distingue l’homme et le projet alors que les deux ne font qu’un. Je me souviens d’un entrepreneur, à qui on demandait comment il équilibrait sa vie pro et sa vie perso. Il avait répondu: « Vous savez qu’il n’y a qu’une vie, n’est-ce pas? »

Des dégâts considérables

Combien de projets a-t-on ainsi tué parce que leurs porteurs n’étaient pas capables de se conformer au moule institutionnel du « tu auras une vision et un plan mon fils (ou ma fille) »? Telle cette jeune femme venant vers moi après une conférence de présentation de l’effectuation et me disant, les larmes aux yeux: « J’avais arrêté mon projet car mon conseiller [d’une structure d’accompagnement publique que je ne nommerai pas par charité] me disait que sans clarté de mes objectifs et de mes projections financières, je ne pouvais avancer. Après vous avoir écouté, je sais que je peux aller de l’avant, et j’ai décidé de reprendre mon projet! » Avec un grand sourire! Combien de gens prometteurs a-t-on bloqué et continue-t-on de bloquer dans leur projet de vie parce qu’on exige d’eux une clarté de but, alors qu’on sait depuis longtemps que les buts émergent au fur et à mesure de notre action? Autrement dit, il n’y a qu’en agissant que je découvre ce que je peux faire? Bill Hewlett et David Packard ont créé HP simplement parce qu’ils voulaient travailler ensemble. Ils ont trouvé quoi faire plusieurs années après, vivant de petits contrats en attendant. Ils se seraient fait jeter par les structures d’accompagnement et leurs conseillers cartésiens qui veulent de l’ordre, de la méthode et de la rigueur, et surtout bon sang des idées claires! Et on s’étonne de n’avoir généré AUCUN champion technologique mondial dans ce pays depuis vingt ans? Croit-on que Faceboook a suivi un plan en 6 étapes? Amazon? Tesla? Apple? AirBnB?

Prisonniers d’un modèle mental: l’idéal

Au-delà de s’obstiner à présenter une vision erronée de l’entrepreneuriat, l’idée d’une avancée en étapes traduit un modèle mental selon lequel il nous faut absolument un but clair et un processus tout aussi clair pour avancer dans la vie. Ce « super » modèle mental, qu’avec Béatrice Rousset nous appelons « idéal » dans notre ouvrage Stratégie Modèle Mental, façonne complètement notre façon de penser. Nous persistons à expliquer aux entrepreneurs qu’ils doivent avoir un but et un plan d’action très clairs pour avancer. Nous expliquons aux étudiants qu’ils doivent avoir un objectif de carrière très clair avant de se lancer dans la vie (comme s’ils n’étaient pas déjà dans la vie). Un reportage de France Culture montrait ainsi que de nombreux jeunes se trouvent embarrassés d’avouer qu’ils ne savent pas trop quoi faire. Nous demandons même à nos enfants dès la classe de 4e de savoir ce qu’ils veulent faire plus tard. Pas une stratégie d’entreprise qui ne soit complète sans son exercice de vision et ses 5 objectifs stratégiques. Pas un candidat à une élection qui ne puisse se présenter sans un programme. Pas un manager qui ne doive être clair sur ses objectifs pour l’année. Comment peut-on persister avec cette obsession du but dans un monde aussi incertain, qui nous apporte surprise après surprise? Qui casse nos modèles mentaux les uns après les autres? Un monde qui demande plutôt une plongée joyeuse dans son incertitude, sa complexité et sa richesse? Ô Montaigne, reviens, ils sont devenus fous!

Car qu’observe-t-on? Le but vous éloigne de la vie. C’est son rôle d’ailleurs. Un but, un plan, ça sert à pointer « là-bas, dans longtemps ». Et puis la vie se rappelle immanquablement à vous sous forme d’une belle surprise qui ruine le but et le plan. Tous les entrepreneurs le savent. Tous les managers le savent. Tous les vivants le savent. Et pourtant, les morts continuent d’expliquer aux vivants qu’ils devraient avoir des buts clairs. Qu’un entrepreneur, au lieu de partir de qui il est, de ce qu’il connaît, et de qui il connaît, et de faire avec, ici et maintenant, devrait aborder son projet comme s’il devait monter un Lego en suivant un plan bien détaillé. Qu’un étudiant à 18 ans devrait savoir exactement ce qu’il va faire plus tard. Qu’il faut être clair! Qu’il faut savoir où on va! Et pourquoi? Parce qu’ils sont prisonniers de ce modèle mental de l’idéal. Ce modèle nous tue, tue nos enfants, tue toute initiative et génère frustration et angoisse. Alors que la vie n’exige aucun but hors elle-même. L’absence de but, c’est la liberté. L’absence de but c’est la vie. Mais la vie intéresse-t-elle les cartésiens vendeurs de plans?

On arrête quand cette folie?

Sur le sujet, lire également Faut-il un but dans la vie? Conseil d’orientation aux étudiants… et aux autres. Pour en savoir plus sur l’effectuation, lire mon article: Effectuation: Comment les entrepreneurs pensent et agissent… vraiment. Voir également mon ouvrage d’introduction: « Effectuation: les principes de l’entrepreneuriat pour tous » .

La notion de modèle mental et son importance dans la transformation individuelle, organisationnelle et sociétale est développée dans notre ouvrage Stratégie Modèle Mental co-écrit avec Béatrice Rousset.

35 réflexions au sujet de « 6 étapes pour créer son entreprise: la folle recommandation de BPIFrance »

  1. Analyse intéressante de la situation en France. J’en suis un autre témoin (voir https://www.linkedin.com/pulse/le-mal-français-de-linitiative-entrepreneuriale-herve-auch-roy-1c/ puis https://www.linkedin.com/pulse/le-mal-français-de-linitiative-entrepreneuriale-2-herve-auch-roy/). Quant à l’article de Jean Luc Ayme mentionné ici par « Bernard », il me semble pointer dans une direction similaire, à savoir l’aberration d’un système qui rappelle la ruée vers l’or du 19ème siècle en Californie. À en croire les descendants des « 49ers » (ces pionniers arrivés en Californie autour de 1849), ce sont ceux qui ont vendu à l’époque pelles, pioches et brouettes qui ont fait fortune, alors que les chercheurs de pépite se faisaient trouer la peau par leurs concurrents.

  2. MERCI!
    à 66 ans, dont 47 années d’entrepreunariat dans plusieurs pays, je constate, comme vous, le retard psychologique hallucinant de nos « élites » économiques! L’ignorance des réalités se retrouve dans notre système éducatif à tous les niveaux: collège, lycée, universités… Je ne suis pas optimiste sur l’évolution de nos profs, mais qu’ils restent dans leurs cocons (payés par nous tous…) et ne nous assènent pas leurs « évidences » imbéciles.
    Cependant notre cartésianisme français est bien ce qui nous sauve de pas mal de maux et nous permet de créer, d’innover, d’avancer… souvent de façon bien supérieure aux autres pays.
    Bravo encore pour votre clairvoyance,
    Denis LACOSTE

  3. On en saisit les prémisses bien en amont, dés, la formation « création d’entreprise ». Les candidats à la création arrivent avec plusieurs idées, un projet « à valider »…souvent, ils ne repartent pas avec un projet A ou projet B, mais avec une nouvelle idée, aboutissant à un éventuel projet C. L’accompagnement sème de nouvelles graines, ouvrent de nouvelles portes…Voire, on ne se lance plus dans l’aventure de la création, on retarde, on se découvre : mieux se connaitre, c’est aussi, rechercher ou retrouver sa singularité pour mieux s’éloigner de la norme et ouvrir le chemin de la créativité !

  4. Bonjour,
    En tant que consultant, j’ai constaté à de multiples reprises, que ce soit dans le cas de sociétés de services ou même de sous-traitance industrielle, la pertinence des principes de l’effectuation.
    Aussi, je peux affirmer que cet article est une bouffée d’oxygène.
    Je le recommande à des jeunes, afin que qu’ils gardent leur dynamisme et leur confiance en eux.
    Dans l’entrepreneuriat comme dans d’autres domaines, on constate qu’il y a beaucoup de spectateurs qui commentent, édictent et diffusent des règles sur des sujets dont ils ignorent la réalité profonde.
    Maîtrisant la communication, ces « sachants » le font souvent dans le cadre d’une fonction officielle, voire d’un métier. Ils en vivent donc.
    Voilà pourquoi, je pense que « l’arrêt de cette folie » n’est pas pour tout de suite. Reste donc à tenir bon et à continuer.
    Rassurez-vous : vous ne prêchez pas dans le désert.

    Jean-Marc

  5. Bonjour,
    Voilà ce que j’appellerai une Sainte Colère !

    Mais pendant ce temps, sous l’appellation pompeuse de « science de l’ingénieur », on apprend à nos gosses à figer un cahier des charges, à en tirer une étude théorique, et à en appliquer servilement le résultat, sans jamais la moindre possibilité de retour en arrière, d’autant que l’application de la « méthode » compte davantage dans la note que le résultat pratique. Et tout cela enseigné par des gens souvent pleins de bonne volonté, parfois même sincères, mais qui n’ont jamais rien créé en ne créeront jamais rien !
    C’est Steve Jobs (ou Morris Chang) qu’on assassine !

  6. Un article qui fait plaisir et je rajouterais : enfin ! Un bon cuisinier fera t-il un bon repreneur de restaurant ? Bien sur que non ! Et cette façon de penser, qui met dans des cases et des étapes successives, on la retrouve dans bien des domaines. A commencer par le recrutement. Ou la gestion des ressources humaines. Ou la reprise d’entreprises. Ou la relation des chefs d’entreprise avec leurs banques..On enferme, on juge a priori, on catégorise..combien de talents cachés par ces idées simplistes, combien de projets brisés et in fine quelles pertes pour l’économie. Mais on retrouve là le corporatisme à la française : les inspecteurs des finances sont bien nombreux qui nous prouvent que les soit disant meilleures des sélections conduisent à des désastres ambulants.
    Bravo.

  7. Très sympa cette prise de parole 🙂
    Très rafraîchissant à lire !
    Ô Montaigne…
    Heureusement que je n’étais au courant du plan de BPI sinon je n’aurais certainement jamais créé mes 8 boites… et bientôt ma neuvième :))

    Ravi de prendre un café à l’occasion 😉

  8. Merci pour cet article qui fait du bien… à la fraiche entrepreneuse que je suis ! Petit bémol sur le Pitch vite enterré. Parler de ce que je sais faire dans un cadre bienveillant, ça m’aide aussi à avancer ici et maintenant 😉

  9. un discours qui se veut disruptif, mais qui enfonce des portes ouvertes. Le fait de mettre en avant quelques réussites notoires, pour appuyer son propos s’appelle le biais de confirmation. Vous montrez quelques réussites et passez sous silence la cohorte d’échecs.

    A qui s’adresse BPI France : à l’immense majorité des créateurs et repreneurs d’entreprise, qui vont monter une entreprise artisanale, reprendre un restaurant, créer une petite activité de service… Et qui ont besoin d’un minimum de cadre.

    Pour les créateurs « hors-norme » à la Bezos, ou Jobs, vous pensez vraiment qu’un article sur BPI France, ou un conseil de la CCI du coin aurait pu changer leur avenir, lourdement grévé par le « modèle institutionnel » ?

    Ceux là s’en sortent, ou s’ils ne s’en sortent pas, le problème ne vient certainement pas d’un supposé « modèle institutionnel »…

    1. L’approche effectuale, et donc en opposition avec celle que préconise BPIFrance, est documentée par des centaines de cas, dans toute les industries et avec tous les profils de fondateurs. Elle représente, précisément, « l’immense majorité des créateurs, repreneurs, etc. »
      La grande escroquerie intellectuelle consiste à faire passer l’approche planifiée pour plus « simple » que l’approche effectuale, alors que c’est le contraire.

      1. Bonjour, j’ai suivi le Mooc « effectuation » que j’ai beaucoup apprécié. Et justement à la fin de ce Mooc, vous nous apprenez que pour un projet entrepreneurial où le marché est déjà existant (par ex. un restaurant mexicain à Paris), l »approche « classique » est bien adaptée. Cela n’est-il pas en contradiction avec l’affirmation que l’approche effectuée représente l’immense majorité des créateurs?

      2. Bonjour: je crois que les deux approches sont possibles même si je pense que l’approche effectuale (ou émergente) est plutôt majoritaire. C’est une affaire de préférence, mais aussi de circonstances; sur un marché bien établi on peut avoir intérêt à avoir une approche causale, même si l’échec pourra faire basculer sur une approche effectuale…
        Merci

  10. Je retiens qu’il faut préparer nos enfants à cette plongée joyeuse dans le monde et ses incertitudes, complexités et richesses plutôt qu’à devenir les gestionnaires d’un projet linéaire séquencé dont ils sont eux-même l’objet. Y’a du boulot !
    Merci pour ce billet sur ce qui aurait pu s’appeler les « 6 étapes pour avoir son billet FrenchTech pour le CES 2021 » 😅

  11. Je suis absolument d’accord avec les propos développés par cet article pourrait avoir « planté » un dossier de création d’hôtel à force de vouloir répondre en tous points aux demandes des investisseurs. Aujoudhui et pour ma part je développe en mode « senior » un projet de logiciel Saas (je ne suis pas informaticien) créateur de valeur pour un public de masse et me trouve confronté à la réalité des diseurs bienveillants « y a qu’à … faut qu’on »
    Mon âge et mon expérience des affaires m’aident heureusement à dépasser ces conventions bien établies pour me concentrer sur mon objectif … réussir contre vents et marées comme dit la légende.
    Que ceux qui m’aiment me suivent …
    Philippe Coste

  12. Tellement vrai, merci !!
    Egalement vécu en recrutement; j’ai entendu tellement souvent « où vous voyez vous dans 5 ans , dans 10 ans ».. et je répondais « écoutez, je ne sais déjà pas ce que sera ma vie dans 1 an..! »
    Fondatrice de start-up, j ai fait tous les plans à 5 ans qu’on m a demandés.. en remplissant soigneusement les cases comme attendu, dans l’hypocrisie la plus totale, où mon rôle de DAF consistait uniquement à comprendre le panorama (ultra complexe!) des aides, et les bons mots pour les décrocher (700k€ de subvention au total, je suis passée maître dans l’art.. ) mais quelle bêtise, quel mesemploi de l argent public.. affligeant. On nous encourage à privilégier un discours marketing mensonger à la recherche de clients. Même bêtise côté banques & fonds.. En effet, la France gagnerait beaucoup à libérer les entrepreneurs de toutes ces contraintes improductives (voire contre productives) et leur laisser faire leur job de création, 1 jour à la fois !

  13. Je me rappelle ce que disait l’un des cadres de MICROSOFT chargé des investissements dans les start-up: « nous regardons trois choses: poeple, poeple and poeple ». Autrement dit, lorsque l’on a pas rencontré les gens, les porteurs de projet, juger sur dossier, c’est aller à l’aveuglette.
    Une idée cela vaut 0,
    Une étude de marché pour un produit qui n’existe pas, cela vaut 0.
    Un business plan, cela vaut 0 (vous connaissez un business plan à trois ans effectivement réalisé?).
    Je suis d’accord avec Julien G, ceux qui enseignent ce que rapporte Philippe Silberzahn dénonce n’ont jamais créé d’entreprise. Il y en a qui font des cours d »entrepreneuriat sans avoir jamais risqué un seul de leurs euros dans une entreprise. Une façon de parler de ce que l’on ne sait pas.

    Hugues Chevalier.

  14. Génial. En même temps ceux qui vous expliquent comment créer une entreprise sont des profs… Qui n’ont pas d’entreprise.

    J’imagine que vous apprécierez Nassim Nicholas Taleb 🙂

  15. Article très intéressant. Le contenu très tranché conduit au débat.
    Vous vous dresser en opposition par rapport au formalisme de la création, cependant vous commettez (à mon sens) la même erreur : trop tranché, pas assez nuancé = éloigné de la réalité.
    La première partie empreinte de pragmatisme se heurte à la seconde qui reprend les fantaisies que vous critiquez : « le projet est l’émanation d’un individu et qu’au moment où celui-ci agit, nul ne peut savoir ce qui émergera de l’action » Un cuisinier, 20 ans d’expériences, sera beaucoup plus crédible dans la reprise d’un restaurant qu’un ingénieur ayant une lubie d’ouvrir une chambre d’hôte, c’est ce que l’on appel l’adéquation homme-projet.
    A mon sens encore un fois, vous faites rêver vos lecteurs en cassant les barrières des attentes du monde réel de la création : adéquation homme- projet, structuration du capital et capacité à générer du CA.
    Le risque est cela d’une manière plus générale est de faire croire à tout le monde qu’il est en capacité d’être entrepreneur, ce qui n’est absolument pas du tout la réalité (à mon sens).

      1. Bezos est un meilleur exemple que Jobs à mon sens même si les deux ont louvoyé pour trouver leur voie: Parti d’une librairie en ligne il a vite débordé au e-commerce en général puis à la place de marché, afin de rentabiliser une logistique bien huilée qui le sert autant que ses vendeurs tiers avec également un outil informatique qui a aussi été monnayé avec… AWS.
        Bref, tout lui a fait ventre et sa formation de base a été bien utilisée. Pourtant, c’était pas gagné car le conseil en librairie a longtemps été vu comme incontournable.

        Jobs a certes su sentir les tendances (et tipiaker Xerox), utiliser son compère sans qui le garage n’aurait accouché de rien… pour finir dans un écosystème fermé à l’opposé de l’ouverture des machines qui ont permis à Apple et son mythe fondateur d’exister: En bref, il est passé de l’informatique qui se mérite à celle faite pour les gens qu’il aurait alors jugé… trop cons pour espérer un jour l’utiliser. Plus que glandeur, j’utiliserais le mot de catalyseur. Et comme souvent en chimie, avec lui, un nez fin vous expose.

        Jack Ma n’a pour sa part pas de problème de retraite.

        Maintenant, pour ces exemples ayant réussi, combien de millions ont foiré avec des idées pas si éloignées, voir à priori plus porteuses? Le e-commerce est plein d’exemples, l’informatique personnelle foisonnante des années 80 aussi.

        Il y a quand même au final bien plus de monde qui se ramasse que ne réussit et il vaut en effet mieux ne pas avoir dû vivre à crédit pour démarrer.

    1. Combien il est difficile à certains d’adhérer à l’idée que les buts puissent émerger de l’action et de la pensée comme une conséquence et non pas son contraire, c’est à dire la pensée et l’action à partir d’un but préétabli. Sinon, qu’est ce qu’il y aurait avant le but ? Bravo Philippe !

  16. Cela fait du bien de lire votre article de bon matin.
    On se sent libre, sans contrainte, prêt à se lancer dans de nouveaux projets, loin des carcans de la pensée normalisée…comme un Anglais fêtant le brexit.
    Les vrais entrepreneurs sont ceux que vous définissez, qu’ils soient créateurs, en entreprise, en association…Ils sont la vie.
    Merci
    Gérard DESMAISON
    Observatoire du Rebond

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