Pourquoi la batterie PowerWall de Tesla est vraiment disruptive

Nous vivons une époque formidable. je ne cesse de le dire à mes étudiants, eux qui me regardent d’un air goguenard en se prenant pour une génération sacrifiée et sans avenir. Bref, nous vivons une époque formidable et sommes à l’aube d’une nouvelle révolution scientifique et technologique. De nombreuses ruptures sont en marche. Le meilleur exemple est l’annonce de PowerWall, la batterie de Tesla. Cette annonce devrait terrifier EDF.

PowerWall (Tesla)
PowerWall (Tesla)

PowerWall est une batterie Li-On qui est reliée aux panneaux solaires. Elle accumule donc de l’énergie pendant la journée (faible utilisation d’énergie) et la dispense le soir et le matin (pic d’utilisation).

Une batterie… rien de bien neuf dira-t-on. Mais la batterie de Tesla, contrairement aux batteries actuelles, est simple à mettre en œuvre et à utiliser (aucune maintenance). Et, ce qui ne gâte rien, elle est belle. Au lieu de la mettre à la cave, on la mettra dans le vestibule. Comme Nespresso a permis à la machine à café de quitter la cuisine pour entrer dans le salon. Une fois de plus, la vraie rupture ne réside pas dans une performance technique pure, mais dans une combinaison de performance technique suffisante et de simplicité d’utilisation. La batterie de Tesla, comme la Ford T avant elle, c’est mettre une technologie existante, déjà utilisée par quelques experts, au service du plus grand nombre. La vraie rupture c’est la démocratisation.

Tesla n’est pas la première entreprise à faire des batteries. Elle n’est pas la première entreprise à tirer avantage des panneaux solaires. Il y a sûrement des solutions techniques supérieures. Mais elle est la première à rendre cela simple, évident. Notamment parce qu’elle est liée à la société SolarCity, qui installe des panneaux solaires chez les particuliers et qui connaît un succès croissant. Ainsi, elle combine les deux éléments cruciaux de la solution technique pour la rendre simple. C’est exactement la même force que l’iPhone: ce n’était pas le premier smartphone, ni même le plus sophistiqué (les smartphones Nokia étaient beaucoup plus avancés). Mais il avait ce côté évident, tout intégré, « cette fois c’est pour moi » qui faisait son caractère disruptif.

Avec la batterie de Tesla, EDF a enfin un véritable concurrent, qui menace son existence-même. Si chacun est capable de produire son électricité de manière simple, l’entreprise n’a plus aucune raison d’exister. C’était vrai en théorie depuis longtemps, cela devient vrai en pratique. Et ce ne sont pas les investissements d’EDF dans le solaire qui y changeront quoi que ce soit. N’oublions pas que Kodak a aussi beaucoup investi dans le numérique, c’en était même un des pionniers. Cela n’a pas empêché l’entreprise de péricliter au final. La raison? L’échec face à une rupture n’est pas une question d’investissement: les entreprises leader ignorent rarement les technologies de rupture, elles en sont même souvent à l’origine (c’est Kodak qui a inventé le premier appareil photo numérique et l’industrie horlogère suisse qui a mis au point la technologie quartz qui l’a quasi-détruite). L’échec face à une rupture est une question de conflit de modèle d’affaire. EDF ne lancera jamais une batterie comme celle de Tesla car celle-ci remet en question la nécessité de son réseau de centrales de production d’électricité, c’est à dire l’identité même d’EDF. Cela reviendrait à se suicider. De même que Kodak, malgré ses centaines de millions d’investissement dans le numérique, n’a jamais -vraiment- remis en cause son cœur de métier, la pellicule argentique. Elle a promu le numérique à moitié, sans y mettre vraiment tout son cœur et toute son énergie, en continuant de privilégier son cœur historique. Et quand elle a fini par se décider à abandonner ce cœur, vers 2005, il était trop tard.

Encore une fois, les leaders n’ignorent pas la rupture, ils l’acceptent, lancent des produits mais préservent toujours leur cœur historique et compromettent donc la réussite de leurs efforts dans la rupture. Les acteurs en place font ainsi face au fameux dilemme de l’innovateur mis en lumière par le chercheur Clayton Christensen: s’ils embrassent la rupture, ils tuent leur cœur historique. S’ils ne l’embrassent pas pour préserver ce cœur, ils ratent l’opportunité de rupture. Si le cœur historique est en bonne santé, c’est souvent la seconde option qui est choisie (par défaut, par manque d’investissement, jamais explicitement). En résumé, on investit dans la rupture (donc on pense qu’on mise sur l’avenir et qu’on est dans la course) mais en continuant de favoriser de facto le cœur historique.

La batterie de Tesla est donc une vraie rupture qui menace toutes les entreprises de production d’électricité parce qu’en pratique, ces dernières sont incapables d’y répondre. Il est piquant de voir que cette rupture provient d’un… fabricant de voiture, et que ce fabricant de voiture a à peine plus de dix ans. Quelle époque passionnante!

Pour en savoir plus sur l’innovation de rupture, lire ma série « La source du dilemme de l’innovateur« . Voir également mon ebook « La tragédie du modèle d’affaire. » Nb pour les puristes: j’emploie l’expression « disruptive », qui est un anglicisme, car je ne trouve pas d’équivalent en français. Le site de la PowerWall ici. Voir un article des Echos sur PowerWall ici. Lire l’excellent article de The Verge (en anglais) « Why the Tesla battery for your home should terrify utilities« .

25 réflexions au sujet de « Pourquoi la batterie PowerWall de Tesla est vraiment disruptive »

  1. La vraie bataille, dans tous les pays, va avoir lieu entre le stockage centralisé (dans un bâtiment entouré de barbelés, avec une enseigne lumineuse « EDF » sur le toit et des locaux syndicaux plus des salles de réunion à l’intérieur), et le stockage individuel, qui sera qualifié d’égoïste ou d’élitiste… Et on voudra imposer un compteur pour ajouter l’énergie autoproduite aux statistiques nationales (plus peut-être une petite taxe ?).
    Il n’empêche que c’est la seconde voie qui a un avenir, car elle seule permettra une concurrence planétaire sur le marché de l’électricité. Avec le camion qui viendra remplir les batteries de la maison, comme au temps du chauffage au mazout (voire au charbon), avec de l’électricité produite dans le gulf stream ou dans le désert australien. L’énergie ne manque pas, elle est juste mal répartie.

    Quant à la technologie Lithium, avec tous les problèmes qu’elle pose (pénurie, pollution…), elle ne servira qu’à l’amorçage et à la mise en place de filières industrielles. Les travaux de recherches sont intenses et progresse, notamment sur les filières K et Na.

  2. Mort d’EDF !!! mort de rire oui …
    Expliquez nous comment vous alimenterez l’industrie lourde avec vos gadgets: ce système est incapable de faire démarrer les moteurs électriques de grande puissance étant donné que la mise en forme sinusoïdale est effectuée par de l’électronique donc ne possede pas de moment d’inertie (comme les grands alternateurs) permettant de passer les pointes de surcharges aux démarrages, de plus ne possédant pas non plus de réserve primaire permettant de maintenir la fréquence, la moindre surcharge réseau et c’est le black out.
    Vous voyez votre truc en mode « individuel » isolé du réseau, mais en réseau ça ne fonctionne pas et puis comme cité plus haut quel sera le prix de revient du KWh fourni ??

  3. Je viens de découvrir votre article, avec un peu de retard, mais en partage l’analyse. Les perspectives évoquent des diminutions de prix qui seront comparables à ce que nous avons vécu et, ce sera cataclysmique. Je ne comprendrai vraiment pas les réticences (la taille n’explique pas tout) des producteurs historiques qui ont, en main, deux atouts majeurs qu’il tardent à jouer … Le stockage hydrogène est « évolutif « , il est évident que les pertes liées aux transferts sont encore pénalisant mais on parle ici de pouvoir potentialiser des énergies qui sont souvent « perdues ». Rentabiliser, même la moitié, des excédents liés au nucléaire (par exemple) ne serait donc pas vraiment pénalisé par les pertes liées à la chaîne hydrogène. Avec le programme GRHYD, EDF a toutes les informations en main pour pouvoir utiliser son énorme réseau gazier pour stocker, jusqu’à une dilution de 20%, un hydrogène issu de l’électrolyse. Cette méthode a l’avantage de ne pas exiger tout le versant « piles à combustibles » , coûteux et énergivore.Ces opérateurs ont la possibilité, dés aujourd’hui, d’impliquer leur client dans les processus d’investissement et donc, de les fidéliser au sein de coopératives citoyennes, mais ils courbent le dos et restent braqués sur la seule recherche du KwH le meilleur marché. Ils dépensent certainement un argent fou, en lobbying, pour maintenir leur ancien modèle plutôt que de l’utiliser pour mettre en avant un modèle de transition énergétique qui leur permettrait également de faire muer leur propre au modèle, sur base des acquis ….. C’est certainement une énorme erreur industrielle, la même que Kodak , si souvent cité ….

  4. Désolé de faire le rabat joie mais cette batterie fera un (demi) flop… sauf chez les bobos-écolos Californiens ou équivalent. Même si globalement vous avez bien identifié le positionnement TechnoMarketing du produit et le « pourquoi c’est un bon concept ».

    1: il y a plein d’activités industrielles ou même dans les activités de loisirs qui demandes des tensions électriques que le solaire individuel ne pourra pas atteindre.

    2: Ça fait des années que le marché des batteries pour habitations existe, et EDF a chercher en vain à le développer afin de lisser la production électrique. Mais plusieurs facteurs rendait cette techno peut intéressante hormis certains cas précis. Par contre les grande « centrale à batteries » éxistent déjà depuis des décennies.

    3: Les EVR reste une source d’énergie d’appoint dont la production est très variable. Musk, et surtout ses ingénieurs, connaissent le problème que rencontre ces installations (forcément puisque il est leader du solaire sur le marché US…) et le fait que leur efficacité énergétique est en fait très mauvaise, si on voulait forcer le trait on dirais que les panneaux solaire et éoliennes produisent le plus aux moments où on en a le moins besoin…

    Tesla veut contourner une partie du problème en vous faisant recharger vos batteries la nuit là où les tarifs sont plus faibles (donc via les distributeurs type EDF…) pour la consommation électrique du matin, alors que l’énergie générée durant le jours sera, elle, pour votre consommation électrique du soir. Ok le raisonnement est valable et ça permet un vrais lissage de la consommation.

    Maintenant voyons la réalité en face et ce que Musk ne dit pas.

    L’installation solaire + batteries/géstion-électrique coûté chère (3500$ les batteries mine de rien) et seulement des gens au pouvoir d’achat confortable pourront se les payés. C’est surtout le marché techno-bobo/techno-addict qui est visé et il est limité, il n’y a qu’à voir les ventes de voitures de Tesla… L’Allemagne ne sera pas l’éldorado qu’il annonce, comme ses voitures, ses batteries ne perceront pas plus.

    Le choix technologique est pour moi le gros point faible de cette offre, le Lithium est cher et polluant à extraire, à usiner et à recycler, intéressant pour faire des batteries légères et avec une bonne densité énergétique mais inutil dans le cadre d’un usage domestique ou le poids/volume n’est pas un vrais problème (même si le surplus de sécurité est un bon point pour le lithium)
    Il y a actuellement d’autres technologies de batteries bien plus adaptées à un usage domestique et bieeeeeeen moins coûteuses.
    Ici Musk cherche avant tout à rentabiliser sa chaîne de production de batteries Li-Ion en lui cherchant des débouchés, ce faisant il s’expose donc à un vrais risque de voir rapidement émerger une concurrence offrant une autre technologie a un bien meilleur rapport qualité/prix.
    Il y a aussi le problème de la durée de vie des batteries, à peut près 2000 cycles (charge/décharge) pour les batteries Li-Ion avant de passer sous la barre des 80% de rendement, après quoi elles se dégrades encore plus vite, soit à peut près 5/6 ans de fonctionnement optimal… loin des 10 ans avancés par Musk. Et vous ne pouvez pas régénérer vous même vos batteries Li-Ion, vous devez tout racheter, contrairement à des batteries classiques plomb/acide par exemple que vous pouvez régénérer vous même.

    Le vrais marcher de ce type d’installations c’est plutôt les pays peux développés, avec ça il sera possible d’électrifier de nombreux villages et petites villes isolées dont l’approvisionnement électrique et son maintien sont compliqués, mais sur ce créneau les français sont déjà bien présent notamment avec Saft leader mondial du secteur des batteries haute performances http://www.saftbatteries.com/fr (le Rafale et même le F-35 américain volent avec des batteries Saft…)

    De plus les batteries au Graphène pointent tout doucement le bout de leurs nez… Musk nous vend un WalkMan à cassettes alors que le IPod est en approche et il le sait. attendez encore quelques années avant d’acheter.

    Ps: désolé pour les fautes, je suis sur mobile et c’est pas très lisible.

  5. Votre article est très pertinent et je pense qu’on peut prendre du recul et voir que la réelle innovation de Tesla est avant tout dans le business model. La model S, la Powerwall, l’Hyperloop ne sont que des applications (géniales au demeurant)….qui ne pourraient pas sortir de nos grands industriels français car leurs méthodes d’ingénierie restent typique du XXeme. siècle. Seules les start-up innovent vraiment (par obligation!) et concernant EDF, il se prépare une petite révolution dans l’électro-mobilité qui risque de la secouer…et cette boite utilisera surement tous les moyens (juridiques, lobbying, ) pour tuer l’innovation des start-up. Si vous êtes curieux de la prochaine rupture du Net, regardez (et critiquez) mon papier sur arxiv.org sur « Merchant Sharing », qui définit une vraie économie numérique du XXIe siècle. Malheureusement, les premiers exploitants de cette rupture seront difficilement des français tant nos groupes industriels restent conservateurs.

  6. Bonjour,
    Ce message d’adresse à tous, mais avec une intention particulière à AlainCo et Lym.

    Quand je parle de technologies « sous omerta », c’est que je ne peux y faire référence que ce qu’il m’est loisible d’en dire. Les technologies supposées
    par AlainCo, sont certes intéressantes, mais reposent pour la plupart d’entre elles sur des ressources minérales. C’est ailleurs que se situent les avancées, en particulier avec divers techno-matériaux (composites, céramiques techniques…) capables de générer et accumuler des quantités d’énergie décuplées. Pour diverses raisons, dont des questions remise en questions des modèles économiques, cela reste dans des domaines de R&D « sous omerta » (pour le moment).

    En ce qui concerne l’éolien, on est arrivé à un point auquel la technologie ne peut guère évoluer. Et la rentabilité énergétique de l’éolien fait hausser les épaules des économistes de l’énergie. Le photovoltaïque, au contraire, présente une perspective de progression technologique beaucoup plus large, et en recourant à d’autres matériaux que le silicium. Les dernières avancées de la R&D se rapprochent des 50% de capacité à capter les rayonnement solaire. Mais là encore, il y a des questions de remise en cause des modèles économiques dominants.

    La solution économique résiderait, comme je l’indiquais, à une répartition des tâches entre auto-production électrique dans péri-urbain et campagnes et une production thermique de masse pour les villes et les industries.

    Pour en revenir à la batterie domestique de Tesla, elle me fait penser à ce qui s’est passé au XVIII° siècle pour la machine à vapeur. D’abord, Newcomen invente une machine à vapeur pour l’activité minière; succès mitigé à cause de ses limites techniques et d’utilisation. Puis Watt met au point une machine à vapeur performante, déclinable en de multiples applications: la machine à vapeur « universelle »; Il fait fortune en 15 ans.
    Tesla, avec son PowerWall en est à la phase à Newcomen; c’est une première tentative qui ouvre une brèche…On attend la suite, beaucoup plus impactante pour l’ensemble de l’économie.

    Bien cordialement.
    Hugues Chevalier.

    1. Merci pour votre analyse. J’aime beaucoup l’idée de répartition des tâches. Très souvent on n’est pas en tout ou rien. Dès qu’il y a densité, la présence d’une production de masse se justifie économiquement. C’est pour cela qu’il y a un jeu entre les possibilités techniques (en évolution) et les modèles économiques qui se construisent autour. C’est cela qui est à inventer.

  7. Monsieur Silberzahn,
    Merci pour votre message.
    Je fais l’analogie entre l’innovation de rupture et le changement de type 2 de Gregory Bateson,
    J’extrais de :
    http://penserlechangement.blogspot.fr/2009/12/les-deux-types-de-changement.html
    . Le changement de type 1 est celui qui permet au système de maintenir son homéostasie, son équilibre. C’est l’homéostasie.
    . Le changement de type 2 se caractérise par le fait que c’est le système lui-même qui se modifie ou qui est modifié. C’est l’évolution.

    Je retiens de votre message que le changement de type 2 ne peut pas réussir si on ne renonce pas au changement de type 1, c’est l’un sans l’autre. N’est-ce pas ?

    1. Bonjour
      Merci de cet apport très intéressant. Je connaissais Bateson pour l’absence de but, que je peux relier à l’effectuation, mais pas pour des deux types de changement. Effectivement on distingue l’innovation continue, qui se situe dans la continuité (d’où le nom) du modèle d’affaire actuel (et donc de l’identité du « système » ou de l’organisation), et l’innovation de rupture qui exige un modèle d’affaire différent et donc une nouvelle identité, un nouveau système. Le conflit vient de ce qu’on ne peut avoir les deux à la fois.

  8. L’automobile electrique était en avance il y a plus d’un siècle. Mais le problème du stockage de l’électricité se posait déjà et se pose encore avec les modèles actuels. Les pertes de conversion/stockage sont importantes. Le photovoltaïque ne donne pas son meilleur rendement (faible, même dans l’idéal) partout, des dizaines de m2 de produit de fonderie silicium coutent cher en énergie à produire (si cher que hors site isolé/non raccordable, il a toujours été peu recommandable car l’énergie qu’il va produire sur sa vie peine a compenser sa simple fabrication) et l’éolien à l’échelle individuelle est encore moins réaliste. Le cout de fabrication des batteries est aussi élevé et leur nombre de cycles limité (essayez une Prius de 50kkm à la partie électrique presque devenue inutile mais dont vous trainez le poids: Elle consomme presque 2 fois plus qu’un diesel moderne de même gabarit et le reservoir fait 35l, il fallait faire place aux batteries…).

    Tout ce foin s’explique de manière honnête ainsi: Acheter maintenant de la fine électronique/chimie produite aux couts actuels de l’énergie, voué à croitre, pour la restituer avec cette dette énergétique acquise maintenant sur les 2 décennies à venir (vous aurez néanmoins changé les batteries 2 ou 3 fois même avec des stratégies de recharge très conservatrices)… aggravant rapidement, si le succès devait suivre, le problème énergétique actuel avec la production, maintenant, massive de ce type de techno.

    La meilleure source d’économie serait plutôt l’énergie que l’on utilise pas, a travers une incitation à des bâtiments bien isolés et des véhicules plus légers/aérodynamiques que les tanks actuels surtout faits pour sauter les ralentisseurs (souvent hors normes et dont l’impact CO2 gagnerait d’ailleurs à être estimé par l’intégration des millions de différences de v² inutilement induites chaque jour) et stationner sur trottoir (3/4 du traffic moyen parisien = recherche de places sucrées au fil des années ; impact CO2/pollution là encore?).

    Bref, travailler les fondamentaux au delà de malus qui n’auront servi qu’a donner des véhicules dont les consos annoncées ne veulent plus rien dire et que l’état se les applique a lui même (en taxant l’infrastructure, ronds points, ralentisseurs et autres feux mal réglés qui sont la norme, cette dernière étant de « faire ralentir les gens » étant acquis que derrière, on ré-accelère), de manière facilement quantifiable cette fois (vitesse amont/aval).

  9. Cher Monsieur.

    Vous avez raison de signaler la rupture que marque le batterie domestique de Tesla et j’applaudis l’initiative de cette entreprise. Cependant je dois apporter des nuances et des réserves quant à vos conclusions. J’ai donné en 2013 une conférence pour le séminaire annuel des cadres dirigeants de la Direction de la Production et de l’Ingénierie d’EDF. J’ y soulignais avec force que le principal problème contemporain en matière énergétique était le stockage de l’électricité, les énergies nouvelles-renouvelables ne pouvant être pensées qu’une fois résolu ce problème de stockage. Et que d’autre part, la nouveauté-innovation dans ce domaine viendrait par surprise, de là où on ne l’attend pas. Et d’inciter mes auditeurs à se mettre sérieusement au travail sur le sujet car il en allait de leur modèle économique. Mais EDF est une lourde machine et sans doute faut-il enfoncer beaucoup de clous dans la tête des dirigeants pour aboutir à une prise de conscience.
    Pour autant, l’avancée de Tesla et ses conséquences pour les énergéticiens en place sont à objectiver au-delà du premier enthousiasme.
    La batterie domestique de Tesla avance sur un terrain technologique connu, celui du Lithium; elle est plus un phénomène marketing que technique. D’autre part, le Lithium est un minerai rare et cher, ce qui limite pour longtemps l’abaissement des coûts de ce type de batterie. D’autres technologies sont disponibles (singulièrement en France) avec des coûts moindres et une efficacité plus élevée, mais restant « sous omerta ». Mais il n’y a pas d’illusion à se faire, elle finiront par émerger et probablement par dépasser le modèle de Tesla.
    Il faut aussi considérer le véritable impact de ces batteries domestiques: bien adaptées aux zones rurales et péri-urbaines, les panneaux solaires d’où les batteries tirent leur énergie sont exclus dans les villes européennes pour cause de préservation du paysage urbain historique. Plus important, de telles installations sont dans l’incapacité de fournir l’énergie nécessaire aux grandes concentrations industrielles. En résultat, l’électricité d’origine thermique (nucléaire et autres) reste seule en mesure de fournir l’énergie aux concentrations urbaines et industrielles.
    Du point de vue des business models des grands énergéticiens (EDF, Engie, EON…) ce n’est pas la mort qu’il faut leur annoncer, mais des adaptations drastiques, en particulier se focaliser sur leur coeur de métier, à savoir la fourniture de grandes quantités d’énergies aux concentrations urbaines et industrielles…Et laisser campagne et péri-urbain aux batteries domestiques.
    Enfin, dans un autre domaine, celui de l’automobile, la stratégie de Tesla me parait très intéressante. S’adressant d’abord au marché de la berline haut de gamme, elle entre en concurrence frontale avec les berlines allemandes de prestige et avec un atout technique-économique-environnemental évident. On sait par ailleurs que Tesla a dans ses cartons des modèles plus grand public. Certes Tesla n’a pas encore l’image de marque de Mercedes et BMW, mais à la place de ces derniers, je me méfierais de la percée de Tesla.

    Bien cordialement.
    Hugues Chevalier.

    1. Je suis naivement le domaine et parmi ce que vous appelez « sous omerta » je vois diverses technologies.

      Une direction est la technologie des accumulateurs à flux, adapté aux installations terrestres.
      Je vois des remplacement du lithium par le Magnesium, d’autres par le sodium, d’autres par l’aluminium… est-ce bien ces technologies que vous anticipez ?

      En tout cas le renouvelable ne peut être envisagé sans stockage.
      L’idée de Tesla n’est pas forcément économiquemet fantastique, mais la liberté attire souvent le public au delà du financier.
      Il y a aussi un intérêt à se déconnecter du réseau, et d’ailleurs quand l’énergie pourra être produite localement, il est probable que le réseau s’effondrera sous la pression des utilisateurs qui se déconnectent, effrayé par la monté des prix de connexion, fruit des utilisateurs qui se déconnectent…

      Une autre idée, est de faire financer les infrastructure de stockage par les particulier, rémunérés en tarifs variables..le début des micro-business du futur :
      « vous faites quoi dans la vie : taxi Uber, agence de voyage AirBnb/BlaBlaCar, electricien Tesla, concepteur Vistaprint/3D, nounou pour mes voisins »

  10. C’est surtout le monopole d’EDF inique à TOUS (plusieurs) points de vue qui va sauter ainsi que le nid de frelons qui le phagocyte . . . et puis, à quoi servira Linky ?

  11. Je prend note de cette analyse, qui se révèlera vraie pour la révolution à venir.

    Je sais que ce ne sera pas Tesla, mais sans information qui ait réussi à l’atteindre il l’aura ignoré.
    C’est d’ailleurs la tragique preuve qu’il fat que les grands dirigeants s’informent eux-même, sans intermédiation, ou sinon se payent un « fou du roy ». en effet certaines informations, comme les particules par le boson de higgs, sont ralenties et bloquées dans le réseau de diffusion des faits.
    Certaines informations, que je sais très bien identifiées par de nombreux scientifiques, journalistes, cadres, ne sont jamais relayées ni au public, ni aux décideurs, et encore moins aux dirigeants.

    L’EDF est mort, et il sera tué par un objet similaire.
    Vous donnez bien ses caractéristiques :
    Il sera simple, beau, abordable, démocratique.

    pendant ce temps l’EDF, CEA, Shell, voir même Elforsk, ENEL, qui sont totalement au courant, comme Kodak l’était, vont tenter d’intégrer la révolution à leur modèle d’affaire: des grosses centrales qui ont besoin de leur réseau

    Au final il n’est pas étonnant que ce soit un consommateur comme Airbus qui soit le porte-drapeau Européen de la révolution…

    leur modèle d’affaire n’est pas impacté. ils ne sont pas branchés sur un réseau. Le kérozène n’est qu’une charge, pas un modèle d’affaire.

  12. A suivre, effectivement. Comment analysez-vous l’applicabilité de ce dilemme aux MOOCs? Peuvent-ils devenir à terme le PowerWall de l’Executive Education, voire du modèle élitiste des business schools prestigieuses? Comme Kodak, ces écoles embrassent le phénomène MOOC tout en s’accrochant à leur coeur historique. Et comme dans les cas du PowerWall, de l’iPhone, et de Ford que vous citez, ce n’est pas l’innovation en soi qui crée la menace, mais sa mise à disposition au plus grand nombre.

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