Nous avons donc abordé dans cette seconde semaine du MOOC les principes de l’effectuation. Nous en avons vu quatre, le cinquième sera vu dans la dernière session. Ces quatre principes sont: un tiens vaut mieux que deux tu l’auras, perte acceptable, patchwork fou, et limonade. Revenons sur ces principes au nom parfois étrange…
Principe n°1: Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. Ce principe est également appelé « Démarrez avec ce que vous avez ». Les entrepreneurs démarrent avec les ressources dont ils ou elles disposent, et ces ressources déterminent les buts qu’ils ou elles peuvent se fixer. Cela constitue une inversion de l’approche stratégique classique consistant à fixer un but, puis à déterminer les ressources nécessaires pour l’atteindre. Quelles sont les ressources dont dispose tout individu souhaitant entreprendre? Sa personnalité (qui je suis), sa connaissance (ce que je sais) et son réseau (qui je connais). C’est avec ces ressources de base que sont acquises d’autres ressources plus tangibles comme de l’argent, de la compétence, de la force de travail, etc. Cette acquisition se fait avec le principe numéro 3, le patchwork fou. Les ressources nécessaires pour démarrer, « qui je suis », « ce que je connais » et « qui je connais » étant universelles et possédées par tout individu, cela signifie que tout le monde peut être entrepreneur, quel que soit l’âge, la race, le sexe, le profil psychologique, le niveau d’éducation, la richesse, etc. L’entrepreneuriat, c’est pour tous.
Principe n°2: Perte acceptable. Dans sa prise de décision, l’entrepreneur considère souvent ce qu’il est prêt à perdre plus que ce qu’il peut gagner. Cela s’explique aisément: l’entrepreneur dépense aujourd’hui pour gagner demain. La dépense est certaine et connue immédiatement. Le gain est lui hypothétique. Baser la décision sur la dépense est plus rationnel quand demain est si difficile à connaître. Au lieu de dire « Je prends cette décision parce qu’elle peut me rapporter X », l’entrepreneur dit « Je prends cette décision parce qu’au pire, je perds Y, et que cette perte est acceptable pour moi ».
Principe n°3: Patchwork fou. Ce principe tire son nom du patchwork, une activité consistant à coudre des morceaux de tissu de récupération. Lors d’une séance, on ne sait jamais à l’avance qui va venir et ce que chacun va apporter. On ignore donc la forme finale de ce qui est cousu. Il en va de même pour le projet entrepreneurial: L’entrepreneur progresse en obtenant l’engagement d’un nombre croissant de parties prenantes dans son projet. Ces parties prenantes lui apportent des ressources, impossibles à imaginer à l’avance, et le font avancer dans une direction elle aussi impossible à imaginer à l’avance, d’où le terme « fou ». Une partie prenante peut-être un ami qui prête un local, un premier client qui passe une commande, un distributeur qui accepte de mettre le produit en avant, etc. On le voit, dans la progression entrepreneuriale, la capacité à susciter l’engagement de parties prenantes est beaucoup plus importante qu’avoir une idée géniale au départ.
Principe n°4: Limonade. Ce principe tire son nom d’un dicton anglais selon lequel « Si la vie vous envoie des citrons, faites de la limonade ». Un projet entrepreneurial est plein de surprises. Au lieu de passer du temps à planifier pour éviter les surprises, ce qui de toute façons ne les évitera pas mais le rend fragile, l’entrepreneur fait tout pour en tirer parti. Beaucoup d’entrepreneurs ont dû leur succès à une ou plusieurs surprises, bonne ou mauvaise. Plus généralement, la surprise est une ressource entrepreneuriale comme une autre, car elle apporte de l’information. A l’entrepreneur d’en tirer parti.
Le principe n°5 (pilote dans l’avion) sera abordé dans la dernière session.
Pour revenir sur principes de l’effectuation, voir mon article ici.