Faut-il encourager la création d’entreprises? La question paraît saugrenue, en particulier sur un blog dédié à l’innovation et à l’entrepreneuriat. Et pourtant la réponse n’est pas aussi simple qu’il y paraît et Scott Shane, un des chercheurs en entrepreneuriat les plus réputés, répond en fait par la négative dans son livre “The illusions of entrepreneurship“, que l’on pourrait traduire par “Les mythes de l’entrepreneuriat”. L’importance de la création d’entreprise est devenue un dogme tellement prévalent qu’il n’est plus du tout discuté. Il faut créer des entreprises, et le plus possible, et les programmes nationaux et régionaux se succèdent et s’accumulent à cette fin.
Or Shane indique qu’aucune étude n’a jamais montré que créer plus d’entreprises contribue à la croissance, développe l’innovation ou crée plus d’emplois. Ce n’est pas tout. Il indique également que généralement, les programmes publics incitent à la création d’entreprises dans des industries à faible barrière d’entrée et fort taux d’échec. Cela s’explique assez facilement: si vous créez votre entreprise en raison d’une incitation gouvernementale, c’est que la motivation n’était pas très forte, vous aurez donc tendance à aller au plus facile. En outre, les entreprises créées en réponse à une incitation gouvernementale ne créent pas plus d’emploi et n’améliorent pas la productivité par rapport à d’autres créations. En fait, l’imagerie populaire véhiculée par les succès tels que Microsoft, Google, Facebook – qui ont indubitablement créé richesse et emplois – est l’arbre qui cache la forêt.
Assez directement, Shane conclut qu’investir un dollar dans la création d’une entreprise est moins efficace qu’investir ce dollar dans le développement d’une entreprise existante. Il rejoint en cela un de mes profs d’entrepreneuriat qui inaugurait ainsi son cours: “Il vaut beaucoup mieux racheter une entreprise qu’en créer une, mais puisque tout le monde ne pense qu’à créer, voici donc un cours sur la création d’entreprise.”
Sur le sujet, on lira avec intérêt l’excellent ouvrage de David Audretsch qui tire les mêmes conclusions: David Audretsch, The Entrepreneurial Society.