Site icon Philippe Silberzahn

Quo vadis Quaero? L’erreur de l’agence pour l’innovation industrielle

On lira avec intérêt l‘analyse faite par Loic Le Meur du projet Quaero qui vient de récolter rien moins que 90 patates de l’agence pour l’innovation industrielle pour développer, semble-t-il, un moteur de recherche. Ou 260 patates, personne ne sait vraiment. Loïc donne dix raisons, qui toutes me semblent justes, pour lesquels selon lui le projet va échouer. Nous avons dit sur ce blog tout le mal que nous pensons de l’Agence pour l’Innovation Industrielle, qui nous semble viciée tant sur le fond, par l’idéologie qui la sous-tend, que sur la forme, par la manière dont elle fonctionne, et l’analyse de Loïc ne nous fait guère changer d’avis. On lira également l‘analyse de Daniel Kaplan, de la FING, qui rejoint lui aussi Loïc, en soulignant surtout les véritables risques de l’approche fermée et secrète du projet.

On nous reprochera naturellement, comme on l’a reproché à Loïc, de faire du mauvais esprit, d’être négatif… voir jaloux. N’est-ce pas en effet satisfaisant qu’un effort industriel français soit encouragé par l’Etat? Et moi et moi et moi… Bien sûr il faut se réjouir quand un projet innovant est soutenu par l’Etat. Mais parce qu’il s’agit de fonds publics, on a le droit de se demander pour quoi, sur quels critères et dans quelles conditions ces fonds ont été attribués. On a aussi le droit de faire connaître ses doutes quand à la pertinence de tels investissements, a fortiori lorsque la démarche est entourée d’un tel secret. En outre, il ne faut jamais oublier que l’argent investi dans un endroit ne l’est nécessairement pas dans un autre (ou comme le disait Frédéric Bastiat, il y a ce qu’on voit mais il ne faut pas ignorer ce qu’on ne voit pas). La question devient alors “Quitte à dépenser 90 patates, n’aurait-il pas été plus souhaitable de les dépenser ailleurs?” Et là, bien sûr, la réponse est évidemment oui. A côté du grand théâtre de l’AII se débattent des dizaines d’entreprises qui ne parviennent pas à trouver des fonds pour démarrer ou se développer en raison de l’indigence du système financier français; les crédits des diverses agence de développement (aide au commerce extérieur par exemple) sont asséchés, comme me le confiait il y a quelques jours un responsable du ministère. Il n’y a plus d’argent, car l’argent est employé pour des projets médiatiques comme ceux de l’AII. On aurait aimé que le débat sur le problème de l’innovation française, au lieu de se conclure avant même d’avoir commencé par une solution colbertiste absurde, soit l’occasion de se poser les vraies questions, celle notamment de l’émergence d’un véritable écosystème de l’innovation et de l’entrepreneuriat. Mais ce sera visiblement pour une autre fois…

Voir mon billet sur la création de l’Agence pour l’Innovation industrielle.

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