Musique en ligne: les dinosaures contre France Télécom et… Madonna

Les dinosaures ne sont pas contents et le font savoir. Madonna a en effet décidé d’accorder à… France Télécom l’exclusivité de son nouvel album. Les abonnés FT, Orange et Wanadoo pourront en effet télécharger le single de l’album jusqu’au 14 novembre, date de sortie de l’album, et écouter d’autres chansons en streaming.

Le Syndicat des détaillants spécialisés du disque (SDSD) n’a pas apprécié et dénonce vigoureusement l’attitude des éditeurs de musique qui, selon-lui, "favorisent les sociétés de
télécommunications, au détriment de leurs partenaires habituels, qui,
quelles que soient les difficultés du marché, ont poursuivi, en
magasins physiques ou sur leurs plates-formes légales de
téléchargement, leur engagement pour la musique."

Au-delà de l’habile coup marketing de Madonna et de France Télécom, un tel incident montre une nouvelle fois à quel point le monde de la musique est en bouleversement. Il montre aussi que tout le monde n’en a pas pris la mesure. Il nous est arrivé de critiquer les éditeurs de musique sur ce blog pour les inciter à réagir face à la rupture de la musique numérique; on peut donc saluer cette opération comme le signe que, peut-être, cette réaction plus positive que des procès est en marche. En revanche, les vendeurs de disques, eux, n’ont probablement pas pris la mesure de la rupture en cours. Aidons-les un peu: Messieurs, bientôt, plus personne n’achétera de disque en plastique, et il ne sert à rien de blâmer les maisons de disque si elles cherchent d’autres modes de distribution. La fonction de vendeur de disque ne sera bientôt plus nécessaire, autant l’admettre tout de suite et regarder la réalité en face.

Comme nous l’écrivons dans notre livre: "Regarder la dure réalité en face, c’est admettre que votre univers a brutalement changé, que votre entreprise est en danger de mort parce qu’une rupture est en marche qui va remettre en cause les fondements mêmes de votre réussite, aussi brillante soit-elle. Cette admission est la première étape d’une réponse adéquate à la rupture."

Alors oui, le SDSD a raison de constater que les opérateurs télécoms utilisent la musique pour vendre
de la minute de télécommunications, y compris via le peer-to-peer, que
les maisons de disques pourtant condamnent. L’univers de la musique a changé, et les vendeurs de disque sont en danger de mort. A eux de réagir et de s’inventer une nouvelle raison d’exister, car dans l’état actuel des choses, les éditeurs de musique n’auront bientôt plus besoin d’eux, ni personne d’autre d’ailleurs.

2 réflexions au sujet de « Musique en ligne: les dinosaures contre France Télécom et… Madonna »

  1. Ils ont sérieusement réagit et ils s’inventent une nouvelle raison d’exister puisque Virgin Mega se lance dans le piratage!
    Plus sérieusement il y a toujours un besoin de magasins physiques specialisés dans les produits et évenements culturels. Le format n’est plus le même bien sûr et la génération du chiffre d’affaire différente mais les telephones mobiles et le haut débit ne sonnent pas la fin des « lieux physiques ». Puisque la transaction peut se faire n’importe où ce n’est plus pour acheter un titre ou un album que l’on ira au Virgin ou à la Fnac mais pour des services associés. Il y aura toujours des lieux qui proposeront des services que l’on ne pourra pas trouver sur son terminal personnel.
    En attendant, c’est plutôt une mauvaise nouvelle pour les petites librairies, mais c’est sur le livre que les efforts vont se porter. Parce que le livre est plus difficilement dématérialisable que les CD (pour un temps encore, le temps que les technologies de type e-ink murissent http://www.eink.com/company/index.html ) .

  2. Je suis en train de lire votre livre et c’est fascinant de voir que les news journalières livrent des cas tels que celui-ci, qui exemplifient les phénoménes liées aux différentes dimensions de l’innovation que vous décrivez.

Laisser un commentaire