Merci Tony!

On peut tout reprocher à Tony Blair, mais pas de ne pas poser les questions de fond. Et notamment lorsqu’il déclare à propos de l’Europe: "Nous ne voulons pas d’un budget qui continue à verser sept fois plus pour l’agriculture que pour la recherche-développement, la science, la technologie, la formation et l’innovation réunies." Qu’on ne l’accuse pas, comme le fait notre premier ministre, de vouloir comparer des choses non comparables: l’art du budget, c’est précisément cela, choisir des pommes ou des oranges, des vaches ou des centres de recherche. Décidément effronté, il déclare ensuite: "40% des dépenses vont dans la politique agricole,
un secteur où travaille moins de 5% de la population. Ce budget ne rend
justice ni aux besoins des citoyens ni aux défis de l’Europe"
. Eh oui…
Après des décennies, il faut remercier le premier ministre britannique – qui lui est à la tête d’un pays dont les finances sont en bonne santé, qui compte deux fois moins de chômeurs que nous, et qui n’a pas perdu les trois dernières élections auxquelles il s’est présenté, d’ouvrir le débat sur l’Europe que nous voulons. Qu’on la conçoive simplement comme une zone de libre échange, ou qu’on souhaite qu’elle soit plus que cela, c’est à chacun d’en décider. Mais que l’on continue à subventionner le passé au dépend de l’avenir, chacun devrait être contre. Il est gravissime que la France bloque l’Europe et menace littéralement de tout faire exploser simplement pour défendre un tabou absolu, son lobby agricole, qui engloutit milliards après milliards, crevant de subventions qui, au passage, maintiennent des prix élevés pour les consommateurs, premières victimes des lobbies agricoles si chers à notre président. Pendant ce temps-là, les université meurent de faim et l’Anvar n’a pas d’argent. Tels que nous sommes partis, la France défendra ses agriculteurs jusqu’au dernier industriel. Pourquoi pas, après tout? Il nous restera ensuite, lorsque nous n’aurons plus ni industrie ni recherche, à gérer des gîtes ruraux et des fabriques de fromage de chèvre.
Du haut de notre faillite absolue, quelle leçon pouvons-nous donner aux autres pays? Comment pouvons-nous expliquer sérieusement aux pays de l’Est, tout juste libérés du joug soviétique, que le marché, c’est le mal absolu, alors qu’ils connaissent depuis leur libération un enrichissement considérable? Bien sûr, on peut reprocher à la Grande Bretagne de toucher son chèque de ristourne, ce qui manque de solidarité. Mais quand on est en tel désaccord avec l’usage qui est fait de vos impôts, n’est-ce pas là légitime? Le problème est donc plus de mieux dépenser de l’argent que d’en obtenir plus. Carrément désagréable, Blair ajoute: "Il nous faut comprendre pourquoi certaines économies en Europe créent des emplois et d’autres non." Personne n’est visé, naturellement. Enfin, il conclut: "l’argent de l’UE pour des emplois, pas pour des vaches", voilà qui devrait intéresser notre premier ministre, non?
L’article de Libé sur les déclarations de Tony Blair: http://www.liberation.fr/page.php?Article=305893.

3 réflexions au sujet de « Merci Tony! »

  1. Enfin des propos courageux

    Jacques est un vrai démago, à l’instar de tous ceux qui ont poussé le NON, tiré dans le dos du OUI, … Il nous a sorti moultes inepties sur les intentions de Tony en égard au futur de l’Europe, suivi…

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