Dans la ferme des animaux, l’ouvrage inoubliable de George Orwell qu’on devrait s’imposer de relire tous les ans, les animaux prennent le contrôle de la ferme. Chaque fois que les choses empirent, les chevaux concluent qu’il faut travailler plus dur. Mais surtout ne pas changer de méthode. Avant même que l’AII ait montré son inanité, le nouveau premier ministre vient de doubler son budget, qui passe de 500 millions à 1 milliard d’Euros. Ca fera donc 500 millions d’Euros de gaspillés en plus. 500 millions pour des « grands » projets comme on les aime en France. Tous ceux qui ont monté de tels projets, ou participé au montage de tels projets, savent le gaspillage qu’ils entraînent. Bien sûr, notre premier ministre a pris soin de souligner qu’il fallait « s’assurer que les PME puissent bénéficier au côté des grands groupes de la part qui leur revient. » Voilà, vu de Matignon, l’économie vue comme une grande distribution de sucreries avec chacun la « part qui lui revient » de subsides. Les grandes entreprises française se lanceront à l’assaut du gâteau comme elles savent si bien le faire – plutôt qu’aller en Chine chercher de nouveaux clients – et laisseront quelques miettes à des PME qui perdront elles aussi leur temps à courir la subvention et cirer les pompes au lieu de trouver des clients.
Feu d’artifice final, le premier ministre, qui a probablement découvert l’économie il y a quelques semaines, a déclaré: « Nous devons être en mesure de financer facilement et dans des délais rapides de grands projets technologiques. Ce sont eux qui porteront le dynamisme de l’industrie française de demain. Ce sont eux qui attireront dans notre pays les meilleurs chercheurs et les ouvriers les plus qualifiés. » Miracle, il suffisait de le vouloir et d’appuyer sur le bon bouton pour que le dynamisme de l’industrie française soit assuré. Quand on pense que Raffarin n’a pas trouvé le-dit bouton. Non monsieur Villepin, personne ne pense plus que ce sont les grands projets qui assureront le dynamisme industriel de la France. Au contraire, ils l’étouffent. Ce dynamisme sera assuré par un tissu industriel vivant et diversifié, composé d’entreprises performantes de toutes tailles. Chacun sait en effet que le dynamisme français est aujourd’hui pénalisé par la faiblesse des PME. L’action de l’Etat doit donc consister à aider à faire emerger cet écosystème, pas à subventionner les mastodontes. Avec 500 millions, l’AII se trompait d’époque. Avec 1 milliard, elle se trompe doublement d’époque.
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