Voilà c’est fait: la marque de chocolat Milka, appartenant au géant agroalimentaire Kraft, vient de récupérer le nom de domaine milka.fr. Il avait été déposé, non par un hacker pirate, mais par une dénommée Milka Budimir, couturière de son état. C’est intéressant à plusieurs titres, parce qu’en ces temps de "piratage", on finit par se demander qui sont les pirates. Mme Budimi exploite plusieurs boutiques et crée, le plus légalement du monde, un nom de domaine à son nom, pour exploiter le nom qu’elle se fait dans la mode. Ce-faisant, elle respecte les règles du monde Internet: premier arrivé, premier servi. Ces règles ont toujours été respectées. Mais voilà, quand on est grand et gros, les règles on peut s’asseoir dessus. Voici donc que le droit commercial – l’ancien monde – vient filer une taloche au droit Internet, qui repose sur la convention – en lui disant: "c’est pas toi qui commande". Ce droit-là prime donc sur l’univers Internet. Si ça ce n’est pas du piratage, alors qu’est-ce que c’est? Au nom de quoi le chocolat prime sur le nom de famille? Au nom de quoi la marque commerciale prime sur le nom de domaine parfaitement déclaré? Au nom de quoi le droit commercial prévaut il sur le droit de la famille? Qu’un fabricant de chocolat oubie de réserver un nom de domaine à son nom, il perd dans l’univers Internet. D’autres ont eu la décence de respecter les règles et d’allonger un petit chèque pour se faire pardonner. Pas Kraft, qui fort de ses millions, va pleurer et s’attaquer à une petite couturière. Cette affaire, parfaitement immorale, illustre bien la capacité de l’ancien monde à polluer le nouveau monde, et c’est un message que les innovateurs ne devraient jamais oublier: l’ancien monde meurt peut-être, mais jamais sans se battre jusqu’à la dernière goutte de sang…