Retour du 3GSM à Cannes

Me voici de retour après avoir assisté au salon 3GSM à Cannes. 3GSM est le rendez-vous du monde de la téléphonie mobile: 600 exposants, 30.000 visiteurs. Je ne rentre pas dans les détails des annonces et produits intéressants, si ce n’est pour noter que l’industrie semble de nouveau en pleine forme. Un grand changement pour ceux qui avaient eu l’occasion de voir les éditions 2002 et 2003 du salon, véritablement sinistrées. Il parait que les organisateurs ont du rajouter un hall entier (25 sociétés) en dernière minute devant l’afflux de demandes de stands. 3GSM est donc LE salon de référence de l’industrie, et c’est plutôt cool qu’il se tienne en France. Pour être exact, il faudrait dire "qu’il s’y soit tenu jusqu’à aujourd’hui". En effet, l’année prochaine, 3GSM se tiendra à… Barcelone. Pourquoi la France n’a-t-elle pas été capable de garder le salon, source de revenu et de prestige?

En fait, autant le salon lui-même est top professionnellement –
absolument tout le monde y est, du monde entier – et donc idéal pour y
rencontrer clients et prospects, il faut dire que Cannes n’est pas
adapté pour un tel salon. D’une part l’infrastructure hotelière est
très insuffisante. Résultat: on se retrouve logé dans des Kyriad à 45
minutes de bus du salon. Génial quand vous avez une soirée de négo avec
un client qui finit tard. Ensuite parce que la mafia hotelière est
passée par là: la-dite chambre au Kyriad est en effet tarifée… 150
Euros, car vous devez obligatoirement passer par un système de
réservation centrale. 150 Euros pour un Kyriad, il y a de quoi
suffoquer. Enfin parce que les commerçants canneois ont une conception
de l’accueil du client plutôt soviétique. Serveurs bougons, chauffeurs
de taxis désinvoltes, tarifs ridicules et petits détails qui pourissent
la vie. Exemple: pour prendre le bus de l’aéroport (ne songez même pas
à trouver un taxi: 600 personnes font la queue et on annonce le
prochain taxi libre dans 30 minutes), il faut acheter un ticket. Mais
le chauffeur refuse d’en vendre, il faut aller à la gare routière. Donc
on prend ses valises et on marche 100m, on arrive au guichet. Mais le
guichet ne prend pas la carte bancaise, seulement du liquide, ce qui
est proprement incroyable lorsqu’on sert un salon de 30.000 visiteurs,
dont 90% sont étrangers. Ensuite, sur la route, le chauffeur 1) Fume au
volant, tout en téléphonant, 2) Met "rire et chanson" à fond et 3)
envoie chier ceux qui ne sont pas contents. Dernier point,
l’inadaptation du palais des festivals, bien trop petit pour accueillir
un tel salon. Résultat, les halls 3, 4 et 5 ainsi que pleins de halls
accessoires (vestiaire, enregistrement, etc.) sont installés dans des
tentes. Hystérie sécuritaire oblige, il y a vérification du badge et
fouille des sacs chaque fois que vous rentrez dans un hall; or la
nature même de la disposition du site fait que vous passez sans arrêt
d’un hall à l’autre. Résultat, c’est fouille du sac toutes les 15
minutes.
Bien sûr, on peut mettre cela sur le compte d’une décontraction
méditerranéenne. Le problème est que ça ne fait pas rire du tout les
exposants et leurs visiteurs, qui se plaignent depuis des années du
décalage entre l’ambition du salon et le côté tiers monde de la ville
accueillante. Apparemment, Cannes ne s’en est pas inquiétée, et c’est
tant pis. La France avait la chance d’accueillir un salon mondial, les
commerçants semblent traumatisés par le déménagement, mais une certaine
désinvolture nous a fait perdre ce salon et il reste nos yeux pour
pleurer (et bien sûr la grande joie à l’idée d’aller à Barcelone
l’année prochaine).

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