Hegel: inspirateur de Marx, apologiste de l’Etat… et défenseur du marché

L’émergence de la société marchande à la fin du XVIIe siècle et les conséquences multiples de son plein développement dans le siècle suivant n’ont pas laissé les philosophes indifférents. Si nombre d’entre eux l’ont durement critiquée, d’autres en ont au contraire loué les vertus. C’est notamment le cas de Voltaire et, sans doute de façon surprenante, de Georg Wilhelm Friedrich Hegel, un philosophe majeur, pourtant apologiste de l’Etat. Peut-on défendre à la fois l’Etat et le marché? C’est ce qu’il fait.

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Voltaire, défenseur de l’intérêt individuel au service d’un ordre social juste

Une des croyances les plus répandues en économie est que le capitalisme est un produit spécifiquement anglo-saxon qui correspond mal à notre culture. Rien n’est plus faux. Dès 1734, Voltaire, père fondateur de la figure de l’intellectuel français engagé, se réfugie en Angleterre à la suite d’une mésaventure. Il y observe la naissance du capitalisme. Si les « lettres » qu’il publie à cette occasion couvrent nombre de sujets, l’un en particulier a trait à sa prise de conscience de la très grande importance du marché, très au-delà de sa seule dimension économique.

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Le marché comme une institution vivante: Pourquoi il faut réhabiliter Adam Smith

[Version en Anglais ici]

Interrogez n’importe qui ayant quelques connaissances en économie sur Adam Smith, et on vous dira probablement que le grand économiste est le symbole du capitalisme débridé et déshumanisé, avec sa fameuse « main invisible », qui semble nous transformer en machines à la merci d’un mécanisme qui nous échappe, et sa promotion de l’égoïsme. C’est l’idée que j’en ai moi-même eu pendant longtemps. Et pourtant, cette vision ne reflète pas ses écrits qui ont au contraire promu le marché comme une institution vivante gouvernée par une éthique. Compte tenu de son importance dans la pensée économique, et à l’heure où le rôle sociétal de l’entreprise et du marché est en question, il est important que le débat ne soit pas basé sur une caricature de sa pensée.

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Innovation: Le « capitalisme responsable », faux problème et vraie diversion

Le président Emmanuel Macron a récemment appelé de ses vœux le développement d’un capitalisme « responsable ». La critique du capitalisme est une sorte de passage obligé pour un homme politique en difficulté en France; elle est pratique parce qu’elle séduit sur un assez large spectre, de gauche à droite; on pourrait donc considérer cette déclaration comme un simple exercice de rhétorique sans grande importance, mais ce faisant on commettrait une erreur, car cette expression révèle beaucoup sur la grande difficulté de l’Europe, et surtout de la France, à établir un diagnostic pertinent sur leur déclin accéléré. En se trompant de diagnostic, on s’interdit de résoudre le problème; l’exercice s’avère donc dangereux.

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Entreprise à mission et profit: le « en même temps » est-il possible?

La question de la mission de l’entreprise semble être sur toutes les lèvres. Elle a surgi avec éclat au premier plan de l’actualité lorsque Danone, la première entreprise du CAC40 à avoir adopté le statut d’entreprise à mission, en juin 2020, a annoncé quelques mois plus tard un plan social pour améliorer sa compétitivité, suscitant ainsi les critiques de tous bords. Gagner de l’argent ou changer le monde, il semble plus que jamais qu’on ne puisse faire les deux et qu’il faille choisir. Et pourtant ce n’est pas nécessairement vrai. Le modèle mental qui oppose les deux nous enferme dans des controverses stériles et nous empêche de moderniser à la fois notre économie et notre système social.

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Caramba, encore raté: pourquoi le gratuit ne signe pas la fin du capitalisme

Il faut reconnaître une chose aux marxistes: ils ne lâchent pas facilement. Et surtout ils sont optimistes. Chaque développement du système capitaliste est pour eux la marque évidente de sa fin. Ils se trompent à chaque fois, mais ils ne perdent jamais espoir. Et en effet, l’espoir renaît depuis 2008 et surtout depuis le développement du tout gratuit et de l’économie du partage qui, devinez quoi… et oui, marquent la fin du système capitaliste.

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Bienvenue au capitalisme français des copains de promo, Monsieur Hollande!

Ainsi donc s’il est élu, François Hollande veut rapidement réunir les patrons des entreprises du CAC 40 – les plus grosses entreprises françaises, en bref – et leur dire  “Vous êtes les fers de lance de l’économie française. Nous avons besoin de vous et vous avez besoin de l’État. Nous devons relever ensemble le défi du redressement de la France”. (source) Pour reprendre l’expression de l’économiste Frédéric Bastiat, ce qu’on voit derrière cette annonce martiale, c’est le volontarisme (« Retroussons nos manches ») et l’ouverture (« Vous voyez, je n’ai finalement rien contre les grands patrons »). Mais il faut aussi regarder ce qu’on ne voit pas…

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Capitalisme de copinage contre capitalisme entrepreneurial: le message de Ayn Rand et de Frédéric Bastiat

Un entretien filmé très intéressant avec Jennifer Burns, Professeur à l’Université de Virginie, évoque un aspect particulier du roman de Ayn Rand, « Atlas Shrugged » (paru récemment en français sous le titre « La grève »). La grève est souvent présentée comme une hymne au capitalisme, et ce n’est pas faux, mais ce n’est pas une hymne à n’importe quel capitalisme.

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