N’ayez pas peur ce n’est qu’une ampoule électrique – Les risques de l’innovation

Mon ami François m’a fait parvenir la photo d’une plaque qu’il a retrouvée dans la cave de sa vieille maison. Cette plaque était apposée dans les bâtiments nouvellement équipés d’éclairage électrique à la fin du XIXème siècle (à l’époque, l’éclairage se faisait au gaz). Je la reproduis ci-dessous:

Attention innovation dangereuse
Attention innovation dangereuse

D’abord on prévient gentiment l’utilisateur de ne pas essayer d’allumer sa lumière électrique avec une allumette. Ensuite on le rassure sur le fait que l’électricité ne présente pas de danger pour la santé et ne perturbe pas le sommeil.

Cette plaque illustre bien deux caractéristiques de l’innovation. D’abord la difficulté pour les premiers utilisateurs d’adopter l’innovation. Même pour ce qui nous semble aujourd’hui tout à fait trivial, utiliser une ampoule électrique, il a fallu l’équivalent d’un manuel d’instruction. Avant qu’elles ne passent dans les mœurs et deviennent invisibles, les innovations nous bouleversent. Une innovation est une innovation jusqu’à ce qu’elle fonctionne et soit assimilée. Qui s’émerveille encore en appuyant sur un interrupteur électrique?

La seconde caractéristique est la peur engendrée par les innovations. Comme pour le train, dont les scientifiques avaient prédit qu’il tuerait au-delà de 50 kilomètres par heure, il a fallu rassurer les utilisateurs d’électricité en leur indiquant que celle-ci n’était pas dangereuse. Cela nous paraît ridicule et nos ancêtres nous semblent bien timorés, jusqu’au moment où on se rappelle que nous faisons pareil avec les antennes GSM ou les OGM. Adopter l’éclairage électrique était un risque, comme consommer des OGM aujourd’hui. Mais sans risque, pas de progrès. Implicitement, nos ancêtres ont toujours appliqué la règle suivante: tant qu’on ne m’a pas montré que c’est nocif, je l’utilise. Alors que la France, qui a tellement peur de l’avenir et de l’innovation, a désormais adopté la règle inverse en inscrivant le principe de précaution dans sa constitution, voilà un exemple à méditer sérieusement. Merci François.

11 réflexions au sujet de « N’ayez pas peur ce n’est qu’une ampoule électrique – Les risques de l’innovation »

  1. Pour aller dans le sens de ce que dit Xavier Chantepy, nous avons aujourd’hui la possibilité d’anticiper certaines risques liés à l’innovation ou d’avoir conscience de l’absence de connaissances sur la nocivité ou non.

    D’un autre côté, si l’on n’avait jamais étudié l’opium ou bien la cortisone, de grands progrès médicaux n’auraient pas vu le jour. Il faut parfois faire preuve d’audace. Mais la frontière est parfois mince entre l’audace et la témérité.

    En tout, il faut respecter les choix de chacun : les pros, les antis et les « on verra bien ». C’est surtout ce respect qui est important et la possibilité à chacun de pouvoir choisir sans se voir imposer.

  2. Bonjour, et rassurez-vous, je ne confonds rien, bien au contraire. Que disait-on des pesticides il y a 30 ans ? Sans doute que leur nocivité n’avait pas été démontrée, sauf par des clowns. Je ne préjuge rien de l’impact, ou de l’absence d’impact des OGM pour la santé. Et cela n’enlève rien à la qualité de cet article, cf mon 1er commentaire, et à votre vision sur l’innovation que je partage. Jusqu’à une certaine limite … ! Et cette limite s’exerce très précisément dans le domaine alimentaire et agricole. Je pense justement que dans ce domaine, la rigueur scientifique doit s’exercer jusqu’au bout. Tout comme le principe de précaution.

  3. Ahum, je suis à 200% d’accord avec les 80% de ce billet, mais conclure avec la comparaison sur les OGM est douteux, sur le fond et sur la forme.
    Pour illustrer mon propos, les pesticides sont une forme d’innovation dont nous payons les conséquences aujourd’hui. Toute innovation ne veut forcément pas dire progrès pour l’homme.

    1. Bonjour et merci de votre commentaire. Je comprends que l’évocation des OGM soit désagréable: nous sommes tous super rationnels jsuqu’au moment où nous décidons de ne plus l’être, il faut sans doute vivre avec cela et en payer le prix. Cela étant dit, il conviendrait de ne pas confondre la problématique des pesticides et celle des OGM. Tous les pesticides ne sont pas OGM. La nocivité des pesticides et leur utilisation excessive est évidente. La nocivité des OGM, elle et à ma connaissance, n’a jamais été démontrée, sauf par des clowns, et ce n’est pas faut d’avoir essayé.

  4. Cette réflexion particulièrement pertinente pourrait être étendue à d’autres domaines. Les progrès de la technologie améliorent de manière spectaculaire les conditions de vie de chacun, mais ne peuvent garantir le risque zéro. Les limites résident généralement dans la complexité même des processus et des équipements mis en oeuvre et dans les dépenses qu’il faudrait engager pour s’adapter à toutes les situations extrêmes imaginables sans d’ailleurs être assurés du résultat. On voit bien que la focalisation sur le risque zéro est de nature à décourager l’imagination créatrice et l’innovation pratique dès lors que ceux qui les portent seraient tenus par avance d’éliminer tout risque qui leur seraient associés. Avoir inscrit le principe de précaution dans notre Constitution restera l’une des pires absurdités juridiques de notre époque, pourtant féconde en la matière.

  5. Bonjour, effectivement c’est une question sur la quelle il est intéressant de réfléchir. Nous sommes davantage concernés aujourd’hui par les conséquences dramatiques de certaines inovations , ou du moins de l’usage de certains produits associés à des inovations ( amiante par exemple), Il y a tout de meme bcp d’exemples de ce genre qui ont été dévoilées dans des conditions catastrophiques . Aujourd’hui on s’inquiete davantage de ce que l’on peut nous cacher pour des motivations économiques de profit, Autrefois ce risque n’était pas clairement identifié, il y avait davantage de confiance dans l’innovation?
    Il a fallu longtemps pour que l’avion devienne un moyen de transport reconnu comme fiable , parce que la on ne pouvait rien caché tant que ce n’était pas le cas.

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